Village de Noël de Temiskaming : « Il n’y a pas de grand marché de Noël comme le nôtre en Ontario »
[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Réjeanne Bélisle-Massie est la présidente du Centre culturel ARTEM qui produit le Village de Noël Temiskaming.
CONTEXTE :
Le Village, célébrant l’époque de la Nouvelle-France, réunit en moyenne plus de 10 000 personnes et 200 bénévoles du jeudi au samedi.
ENJEU :
Réjeanne Bélisle-Massie revient sur l’histoire de la création et les défis contemporains du Village qui fête cette année sa 10e édition avec plusieurs nouveautés.
« Vous avez été impliquée dans la création du Village de Noël, qu’est-ce qui avait mené à sa création?
En 2012, on savait qu’en 2015 on fêterait le 400e anniversaire des francophones en Ontario et on savait qu’il y aurait des possibilités de financement. On est allés vers la ville de Temiskaming Shores qui travaillait à ce moment-là sur une initiative pour revitaliser le centre-ville. On a souhaitait offrir une expérience unique, axée sur la famille à peu de frais comme il n’y a pas de prix d’entrée pour le Village.
Qu’est-ce qui distingue, selon vous, votre Village des autres ailleurs en province?
Quand on a conçu le Village, on avait en tête que les gens préfèrent visiter des endroits où il y a quelque chose de spécial alors si on fait juste un marché de Noël régulier, on ne se démarquerait pas des autres. C’est pour ça qu’on a exploré le thème de la Nouvelle-France. On a des personnages incarnés par des acteurs en costume, des scènes d’époques interactives avec le public, des prestations de danse folklorique etc. On a même des participants issus des premiers peuples qui présentent aussi leur histoire de l’époque de la Nouvelle-France, en anglais.
Vous êtes proche de la frontière avec le Québec, comment cela influence-t-il le Village?
Une chose est certaine, les marchés de Noël sont plus connus des Québécois que des gens de l’Ontario. Au Québec, il y a des marchés de Noël partout, il y en a un à Baie-Saint-Paul, Sherbrooke, Québec, Montréal. Ici, en Ontario, on n’a pas de marché de Noël d’envergure, le seul que l’on cite tout le temps c’est celui de la Distillery à Toronto. À part celui-là, il n’y a pas de grand marché de Noël comme le nôtre en Ontario. Beaucoup de nos exposants viennent du Québec, et les visiteurs aussi.
Quels ont été les moments forts du Village sur ses dix premières années?
La première année on a eu toutes sortes de contraintes, comme la météo avec de la neige, du vent, du froid extrême et un incendie. On avait dû fermer toute une rue sur laquelle on avait plusieurs petites maisons pour le Village. Un vrai baptême de feu! Il y a eu toutes sortes d’ajustements depuis les débuts. Quand on avait fait construire les maisonnettes, on n’avait jamais pensé à isoler les maisonnettes, les exposants étaient complètement gelés, on s’est rattrapés par la suite. À la base, le Village avait lieu du jeudi au dimanche, mais les participants nous ont dit que c’était trop, alors on a réduit ça au samedi.
Vous avez aussi relocalisé le Village récemment, pourquoi?
C’était devenu très difficile à gérer pour nos bénévoles d’un point de vue logistique, avec l’installation et le démontage. Il y avait aussi la pandémie et la flambée des cas de COVID-19 dans la région qui a fait qu’il fallait une plus grande marge de manœuvre pour le nettoyage. C’est pour ces raisons que nous avons décidé de relocaliser le Village du centre-ville de New Liskaerd vers les terrains de la Foire d’automne pour notre édition de retour en 2022.
Il faut dire aussi, que ça donne un aspect beaucoup plus ‘’village’’ parce que quand on était au centre-ville, il fallait tellement espacer les maisonnettes que ça ne donnait plus cette ambiance-là. On est beaucoup mieux sur notre site actuel aujourd’hui.
Qu’avez-vous préparé pour cette 10e édition?
Chaque année, on rajoute un petit quelque chose. Cette année, on a plus d’exposants que jamais avec 33 maisonnettes. On essaie toujours d’avoir des artisans de partout qui proposent des produits nouveaux chaque année, mais on a aussi nos habitués pour lesquels des gens se déplacent spécialement. C’est aussi la première fois qu’on aura un chapiteau pour que les gens puissent se réchauffer, boire une boisson chaude et se reposer.
Cette année, on a aussi un gros bateau en paille de bois qui est là pour rappeler que le Chevalier de Troyes est passé par chez nous. Des feux d’artifice en soirée également et une carriole de Saint-Nicolas sur laquelle les gens pourront s’assoir et prendre des photos. Sans compter de nouveaux jeux pour les enfants parce qu’on a près de 1500 élèves qui viennent et on veut qu’ils puissent être toujours occupés sur le site.
Êtes-vous confiante concernant le futur de votre Village?
La communauté est attachée au Village et souhaite qu’il soit pérenne, mais ce qui m’inquiète c’est que plusieurs personnes du comité m’ont dit que cette année serait leur dernière édition. On a des défis non seulement au niveau du recrutement de bénévoles, mais aussi pour trouver une relève parce que je dois vous dire que mon comité et moi-même, on est presque tous des têtes blanches! Ce que les gens doivent savoir c’est que nous sommes tous des bénévoles de 68 à 84 ans qui travaillons toute l’année sur ce gros projet.
Malgré tout, il y a de quoi être fier du fait que le Village soit arrivé à son dixième anniversaire. Je ne pensais pas qu’il durerait aussi longtemps et je dois dire que je n’abandonnerai pas ce projet pour tout l’or du monde. »