Rentrée : « libération », « peur » et « un grand test », disent parents et jeunes

Myriam, mère franco-torontoise et sa petite famille. Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

TORONTO – La majorité des deux millions d’élèves ontariens reprennent la direction des classes, cette semaine, à l’occasion d’une rentrée historique. Si des dizaines de milliers de petits Ontariens feront l’école à la maison, la majorité des élèves retrouveront bel et bien leur pupitre respectif.

Les signes ne trompent pas : sur les trottoirs de Toronto et des autres villes ontariennes, des groupuscules de parents et d’enfants marchant vers l’école. Pandémie ou pas, la traditionnelle procession scolaire a repris un peu partout dans la province.

Devant l’École Gabrielle-Roy de Toronto, les parents remettaient leurs enfants entre les mains du personnel scolaire avec un mélange d’émotions, mardi matin.

« On espère que nos enfants seront protégés. Revenir à l’école, c’est important. Étudier à la maison, ce n’était pas bien, c’était très difficile. Surveiller l’enfant, ouvrir l’ordinateur, expliquer les matières, ouf! J’ai beaucoup de joie qu’ils retrouvent l’école », affirme Myriam, mère de famille franco-torontoise.

Ses enfants, Rufus, Belief et Blessing, portaient tous la visière et s’étaient fait enseigner le b.a.-ba des mesures de protection face au virus.

Si certains parents testent l’école à la maison avant de possiblement renvoyer leurs enfants à l’école dans quelques semaines, le contraire existe aussi.

Mahad Adel et ses deux fils. Crédit image : Étienne Fortin-Gauthier

« Moi, je teste l’école deux semaines et si ça ne marche pas, je les ramène à la maison! », affirme Mahad Adel. « Ça fait plusieurs mois qu’on pratique l’école à la maison, moi je me suis habitué, ce ne serait pas dramatique s’ils revenaient avec moi », dit-il.

La peur habitait, en fait, plusieurs parents rencontrés. « Je suis très inquiet. On a encore le virus autour. Moi, j’ai peur. J’ai l’impression qu’on mise sur la chance pour les élèves de pas l’avoir. Mais on a pas le choix, nous travaillons, il faut que notre fils retourne à l’école et à la garderie », affirme Hamza, tenant la main de son fils Souleymane.

Certains parents saluaient la stratégie de communication de cette école franco-torontoise.

« On est très satisfait de la communication de l’école. On a reçu des messages tout le week-end des enseignants. On sait comment ça se passe ailleurs et ce n’est pas le cas », affirme Stéphanie, mère de deux enfants qui fréquentent l’établissement. « Ça fait du bien d’avoir un peu de relâche et de silence à la maison, mais ça fait un petit pincement au cœur aussi. On a été ensemble pendant tous ces mois. C’est la première fois qu’on est séparé en six mois », ajoute-t-elle.

L’idée d’une rentrée progressive est aussi saluée par plusieurs parents. Cela impose le retour de la moitié des élèves mardi et mercredi, puis l’autre moitié jeudi et vendredi.

Les autobus qui s’arrêtaient devant l’École Gabrielle-Roy étaient d’ailleurs majoritairement vides. Mais il y a peut-être aussi quelques erreurs de parcours.

« L’autobus ne s’est pas présenté! », a lancé, essoufflé, Lloyd Majola qui courrait pour amener à temps son enfant à l’école. « Première journée et le bus n’était pas là. Déjà, on était stressé, là, on a dû courir à l’école pour venir l’amener à l’école », a-t-il ajouté, le souffle court.