Danny Demyanenko joue au poste de central pour la sélection Canadienne depuis 2019. Photo : Volleyball World

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI : 

Natif de Toronto d’un père dominicain et d’une mère ukrainienne, Danny Demyanenko Jimenez, communément appelé Danny Demyanenko, est un joueur de volleyball international canadien. Il a évolué pendant sept ans en tant que joueur professionnel en France, où il a perfectionné à la fois son jeu sur le terrain et sa maîtrise de la langue française. Il a d’abord appris le français à l’école, dans le programme d’immersion qu’il a suivi de la première à la cinquième année, puis à travers les cours de français suivis dans le système scolaire canadien jusqu’à l’université. 

LE CONTEXTE : 

L’équipe nationale canadienne a obtenu sa qualification pour les Jeux olympiques de Paris 2024 en octobre dernier, en terminant deuxième du Tournoi de qualification olympique masculin à Xi’an, en Chine. Cette semaine (du 4 au 9 juin), Danny Demyanenko et ses coéquipiers sont en action à la Place TD d’Ottawa, où ils disputent la deuxième phase de la Ligue des Nations. Il occupent actuellement la septième place de leur groupe dans cette compétition internationale.

L’ENJEU : 

Après une victoire contre Cuba (3-1) mardi, en ouverture de la deuxième phase, et une défaite jeudi contre l’Argentine (1-3), les Canadiens ont porté leur bilan à trois victoires et trois défaites en six matchs. Ils affronteront les États-Unis samedi, puis la Serbie dimanche, pour boucler cette semaine de compétition à domicile. Les Canadiens tenteront de se maintenir dans le top 8 de leur groupe pour atteindre la phase finale à la fin juin. Au-delà de l’enjeu sportif de la compétition, la Ligue des Nations, qui arrive directement avant les Jeux olympiques, représente une occasion de se préparer pour Paris. Pour les joueurs, c’est aussi le moment de faire leurs preuves dans l’optique d’être sélectionnés pour l’équipe olympique, qui sera dévoilée début juillet par le sélectionneur Tuomas Sammelvuo. 

« Vous avez débuté la deuxième phase de la Ligue des nations à Ottawa. Quel est votre ressenti sur le fait de jouer à la maison? 

Jouer devant le public canadien, c’est le top. Ce n’est pas souvent qu’on a la chance de jouer à domicile comme ça, avec des gradins bien remplis et pleins d’énergie. On l’a senti dès le premier match contre Cuba, une équipe bien classée. Cela nous a donné beaucoup de confiance. On sentait que ça vibrait bien et, dans les moments difficiles, le public nous a redonné vie. Ils nous ont permis de revenir dans le quatrième set quand on était menés. On a réussi à retourner l’histoire et à gagner en quatre sets. C’était vraiment très cool. 

Après le match, il y avait une « zone public », c’était vraiment intéressant de pouvoir avoir des interactions avec eux. On peut voir que le volley est en train de gagner en popularité au Canada. Il y a des gens qui le suivent vraiment bien. Cela nous montre qu’on a réussi à populariser le volley auprès du public canadien. 

Quels sont vos objectifs sur cette ligue des Nations? Sert-elle de préparation aux Jeux olympiques? 

C’est sûr qu’il y a deux côtés cette année. La Ligue des nations est une phase de préparation, mais la meilleure façon de se préparer, c’est d’aller jusqu’au bout, trouver notre niveau, nos repères et tout le reste. Si l’on parvient à cela en atteignant d’abord le top 8, qui qualifie pour la phase finale, on se prouvera qu’on peut rivaliser avec les meilleures équipes. C’est ce qu’on a fait jusqu’à présent. L’objectif est de continuer notre parcours et de gagner, bien sûr. C’est notre but. Après, on se prépare pour les JO en espérant maintenir notre niveau et être « au taquet » pour cette compétition qui arrive dans pas très longtemps. 

Vous avez enchaîné la saison en club, puis la Ligue des Nations, puis les Jeux olympiques qui vont arriver. Y a t-il une gestion particulière des joueurs au niveau de la condition physique? 

Ça dépend vraiment des joueurs, il y a des cas différents. Il y a ceux qui ont fini plus tôt leur saison et d’autres qui sont allés loin dans les phases finales de leurs championnats. On s’appuie sur ce qu’on a construit l’été dernier au niveau des structures et de l’état d’esprit qui avait déjà été mis en place. Niveau physique, on gère pour faire en sorte que ceux qui doivent revenir travaillent pour le faire et ceux qui sont bien physiquement jouent. C’est une vraie gestion, le staff médical et les entraîneurs gèrent ça vraiment bien et nous mettent en confiance pour qu’on enchaîne, qu’on retrouve notre niveau et notre confiance et qu’on ait un impact. 

À titre individuel, comment vous sentez-vous? 

J’ai eu quelques problèmes de dos, il y a quelques mois de cela, mais aujourd’hui ça va mieux, je me sens à 100 %. J’ai juste besoin de retrouver du temps de jeu pour me réintégrer dans l’équipe. Ça va arriver bientôt. J’attends juste ma chance pour vraiment être à fond. Pour l’instant, l’équipe a fait de belles performances et le plus important, ça reste l’équipe. On doit toujours penser collectif. C’est une mentalité qu’on a créée l’année dernière. 

En l’absence d’une ligue de volley professionnelle au Canada, les meilleurs joueurs du pays évoluent en majorité en Europe. C’est donc un moment spécial pour Demyanenko et ses coéquipiers de jouer à Ottawa cette semaine. Photo : Volleyball World

L’annonce de la sélection pour les Jeux olympiques devrait arriver début juillet dans le prolongement de la Ligue des Nations. Qu’est-ce qu’une sélection pour Paris représenterait pour vous, qui êtes en plus un peu français après sept années passées là-bas? 

Un peu Français mais, surtout, Canadien! (Rires) C’est sûr, le fait que ce soit à Paris, c’est quelque chose de très intéressant pour moi. J’ai vécu sept ans en France et c’est comme si l’histoire se déroulait dans ce sens-là. J’espère finir l’histoire en France avec ce grand palmarès et cette grande chance de jouer dans ce grand théâtre sportif. 

Restons en France pour finir. Vous avez annoncé avoir joué votre dernière saison à Montpellier. Qu’est-ce que vous retenez de cette saison et de ce passage de quatre ans dans ce club? 

Montpellier est vraiment une très belle ville. L’organisation montpelliéraine est toujours top classe, top niveau. J’ai passé quatre années là-bas qui m’ont bien plu. Cette saison, on a eu quelques difficultés en raison de problèmes de santé, quelques joueurs un peu blessés, mais on a fait un beau petit parcours. On s’est qualifiés pour les séries. C’est dommage qu’on n’ait pas réussi à aller jusqu’au bout mais, en même temps, on a aussi terminé finalistes de la Coupe de France. On voulait, bien sûr, remporter ce titre-là. 

On n’a pas réussi, mais on est très fiers d’avoir permis au club d’atteindre la finale de ce tournoi pour la première fois de son histoire. Malgré pas mal de petites blessures pendant la saison, je suis vraiment satisfait de mes performances individuelles. Je peux dire que c’était la meilleure saison de ma carrière en France. C’est sûr que j’aurais bien voulu finir avec un titre, mais c’est comme ça, c’est le sport. 

Avez-vous déjà une idée de votre prochaine destination? 

Je vais rester en Europe. Ce n’est pas encore public. Je le garde pour moi pour l’instant, mais ce sera bientôt annoncé. »