Climat : les États fédérés à l’avant-scène

La première ministre Kathleen Wynne a reçu son homologue Philippe Couillard du Québec et le gouverneur Jerry Brown de la Californie lors du Sommet des Amériques sur le climat à Toronto, le 8 juillet.

TORONTO – Les États fédérés doivent prendre les devants dans la lutte au changement climatique si leurs gouvernements nationaux ne sont pas prêts à le faire, ont exhorté les dirigeants de la Californie, de l’Ontario et du Québec à l’ouverture d’un premier Sommet des Amériques sur le climat à Toronto, le mercredi 8 juillet.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« Nous voulons allumer un feu sous nos leaders nationaux pour faire bouger les choses », a scandé Jerry Brown, gouverneur démocrate de l’État américain de la Californie, lors d’un point de presse. « Les enjeux ne pourraient pas être plus grands et il se fait tard », a-t-il ajouté.

Invitant d’une part le gouvernement canadien à « revoir sa position » par rapport au changement climatique, M. Brown a aussi vilipendé ses rivaux du Parti républicain aux États-Unis qui contrôlent le Congrès législatif et qui « nient presque le changement climatique » ou qui « ne veulent rien faire », selon lui.

La Californie et le Québec participent à un programme de plafonnement et d’échange pour les émissions de gaz à effet de serre (GES) depuis l’an dernier. Une première bourse nord-américaine du carbone que lorgne ouvertement l’Ontario.

« Ce sommet crée un élan (…) dont nous avons besoin pour la prise d’engagements nationaux valables en matière de lutte contre le changement climatique », a déclaré d’entrée de jeu la première ministre ontarienne Kathleen Wynne. « C’est notre responsabilité morale, politique et économique. »

 

« Quitter l’âge du pétrole »

L’Ontario et le Québec ont ratifié, par ailleurs, sous l’impulsion de la Californie, un protocole visant une « presque neutralité des émissions dans la deuxième moitié du XXIe siècle ». La province hôtesse du Sommet des Amériques sur le climat s’était déjà donnée comme objectif de réduire la pollution par les GES de 15% par rapport à ce qu’elle était en 1990 d’ici 2020, et de 80% d’ici 2050.

« On ne quittera pas l’âge du pétrole – ce qui va arriver au cours de ce siècle – parce qu’on aura manqué de pétrole, mais parce qu’on aura inventé de nouvelles technologies et de nouvelles sources d’énergie », a insisté Philippe Couillard, premier ministre du Québec. « C’est une obligation (par les gouvernements) qui va accélérer le changement technologique », a-t-il précisé.

Le rassemblement d’une vingtaine de pays et d’États fédérés des Amériques à Toronto se veut un prélude à la Conférence des parties des Nations Unies qui aura lieu à Paris, plus tard cette année. Y sont conviées plusieurs figures de proue de la lutte au changement climatique, comme l’ancien vice-président américain Al Gore et l’ancien président mexicain Felipe Calderón.

 

« Combler un vide »

L’action des États fédérés « comble un vide » laissé par certains gouvernements nationaux, dont celui du Canada, selon le premier ministre du Québec.

« Parce que le Canada est un pays producteur de pétrole, il devrait être à l’avant-scène de la lutte au changement climatique », a fait valoir M. Couillard. « Je cite toujours l’exemple de la Norvège. La Norvège est aussi un important producteur de pétrole. Pourtant, personne ne le lui reproche parce qu’elle a une politique très proactive en matière de lutte au changement climatique. »

Le ministre ontarien de l’Environnement, Glen Murray, a lui aussi dénoncé un manque d’engagement d’Ottawa par rapport à la lutte au changement climatique.

« Ça en dit long que (le gouvernement fédéral) ait refusé d’envoyer qui que ce soit à ce sommet historique », a pesté M. Murray par le biais d’un communiqué, le 7 juillet. « À ce jour, tout le progrès qu’a fait le Canada par rapport au changement climatique est le résultat de l’action des provinces », a ajouté l’élu qui a un mandat spécial de lutter contre le changement climatique.

Le ministère fédéral de l’Environnement a relancé à La Presse Canadienne que le gouvernement conservateur de Stephen Harper était a contrario le premier au pays à avoir obtenu une réduction nette des émissions de GES « sans implanter des taxes sur le carbone ou des plans de coût du carbone ».