Hausse du financement du CAO : les francophones satisfaits mais prudents

Le président de l'AFO, Carol Jolin. Archives ONFR+

TORONTO – Un signal positif, deux mois après la publication du Livre blanc sur les arts et la culture francophones. Le gouvernement allouera 50 millions de dollars en financement additionnel au Conseil des arts de l’Ontario (CAO) pour les quatre prochaines années.

SÉBASTIEN PIERROZ
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Lors de l’annonce mardi 29 août, la première ministre Kathleen Wynne et la ministre du Tourisme, de la Culture et du Sport, Eleanor McMahon, ont précisé que l’augmentation serait de 80 millions de dollars en 2020-2021.

« Le financement public en appui à ce secteur stagnait depuis des années, comme le démontrait le Livre blanc. Disons que les 50 millions de dollars agiront comme un rattrapage la première année, et comme une nouvelle vitesse la seconde année. Ça ne règle pas tous les problèmes mais c’est un pas dans la bonne direction », a souligné le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin.

Et de poursuivre : « En Ontario 40 % des artistes gagnent moins de 10 000 $ par an. On espère maintenant qu’il y aura des octrois du gouvernement fédéral. »

« Avec ce financement, l’Ontario aidera à augmenter le soutien aux programmes artistiques à l’échelle de la province et dans toute une gamme de disciplines et d’activités, dont l’éducation sur les arts, les arts communautaires, la danse, la littérature, les arts médiatiques, la musique, le théâtre, les arts visuels de même que les arts autochtones et francophones », annonce même le communiqué du gouvernement.

Des mesures concrètes attendues

Petit bémol : on ne sait toujours pas la part réservée aux francophones dans cette enveloppe annuelle de 50 millions de dollars. « On sait très peu de choses », reconnait Catherine Voyer-Léger de l’Alliance culturelle de l’Ontario. « Pour l’instant ce n’est qu’un communiqué de presse. »

Pour le groupe chargé de représenter les intérêts du secteur des Arts, de la culture et du patrimoine auprès de différentes instances, il y a quand même différents motifs d’espoir. « Il semble que les groupes prioritaires soient privilégiés. C’est peut-être un bon signe pour les francophones », croit Mme Voyer-Léger. « Nous aurions besoin d’un appui pour le fonctionnement des organismes, plus que pour des projets et des thématiques. »

Les recommandations du Livre blanc encore sur la table

Les centres culturels francophones sont particulièrement surveillés, tant leur survie est parfois menacée en Ontario, faute de subventions. Une situation « critique » avait avoué l’artiste et rédacteur du Livre blanc, Éric Dubeau, au moment de la présentation du document, le 15 juin.

Parmi les autres grandes solutions proposées dans le Livre blanc : le soutien des artistes, l’élargissement du réseau, le « rayonnement » des produits culturels francophones, faire du milieu de l’éducation un partenaire de premier plan de la vitalité culturelle ou encore, pallier l’insuffisance de données sur le milieu.

« L’augmentation du budget du CAO est un pas en avant, mais ne répond pas encore à toutes les recommandations du Livre blanc », précise Mme Voyer-Léger.