Immigration francophone : la cible de 5% relancée

Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones. Crédit image: #ONfr

OTTAWA – Les immigrants francophones en Ontario pourraient être ciblés de manière quantitative. Les députés débattront prochainement pour donner notamment un objectif de 5% de nouveaux arrivants francophones dans la province.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Présenté le 26 novembre dernier, le projet de loi 49 vise avant tout à dessiner une  « nouvelle orientation sur la manière de sélectionner, d’accueillir et d’aider les immigrants et immigrantes dans la province ».

Dans le rapport annexe sur le projet de loi, on retrouve effectivement une mention pour une « immigration francophone de 5% ».

Une première mouture semblable sur l’immigration avait été présentée à Queen’s Park en février 2014, avant que celle-ci ne meure au feuilleton du fait du déclenchement des élections provinciales quelques mois après.

« Cette loi devrait renforcer le rôle francophone de la province », confie la ministre déléguée aux Affaires francophones Madeleine Meilleur, en entrevue pour #ONfr.

Vitesse supérieure

Au-delà de la cible de 5%, la province aurait déjà passé la vitesse supérieure, selon la responsable. Notamment par une plus grande facilité d’accès aux formations à l’anglais pour mieux intégrer les immigrants sur le marché de l’emploi, ou encore un portail Internet détaillant les emplois qualifiés présents dans la province.

« Le projet de loi nous réjouit », laisse entendre le président de l’Assemblée de la francophonie (AFO) Denis Vaillancourt. « Mais il faudra être très vigilant sur l’insertion de ces immigrants et les aiguiller correctement vers les organismes francophones. »

« Les mesures pour les immigrants sont partagées avec le gouvernement fédéral », rappelle Mme Meilleur. « Nous sommes certes indépendants, mais ils ont les outils. Ça ne peut être que bénéfique pour eux (le gouvernement fédéral) du fait que nous avons le plus grand bassin de francophones en milieu minoritaire. Bien plus que le Nouveau-Brunswick ou le Manitoba. »

La référence de la ministre déléguée n’est pas anodine puis que le Nouveau-Brunswick et le Manitoba possèdent des cibles chiffrées, mais non enchâssées dans la loi, concernant l’immigration francophone respectivement à 33% et 7%.

Urgence

Malgré le projet de loi, les sonnettes d’alarme sont plus que jamais tirées pour l’immigration francophone en Ontario, si l’on en croît M. Vaillancourt. À tel point que l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens lancera prochainement un « Livre blanc » sur l’immigration, sur le modèle de celui déjà entrepris récemment concernant la santé. L’équivalent en gros d’une vaste consultation.

« Il y a urgence », fait savoir M. Vaillancourt. « L’échec de la loi 161, l’an passé, conjugué au manque de ‘réflexe franco’ de certains organismes nous ont poussés dans ce sens. »

Selon les derniers chiffres, seuls 2% des immigrants en dehors du Québec sont francophones. Un chiffre éloigné des objectifs dévoilés en 2006 par le Comité directeur Citoyenneté et Immigration Canada – Communautés francophones en situation minoritaire et visant alors 4,4% d’immigration.

Fait rare, les trois ombudsmans linguistiques du Canada, incluant le commissaire aux services en français de l’Ontario François Boileau, avaient effectué une sortie commune en novembre pour présenter une série de recommandations visant à dynamiser l’immigration hors Québec.