Le ton se durcit entre Wynne et les enseignants

 

OTTAWA – La première ministre Kathleen Wynne reste toujours inflexible aux revendications des enseignants au moment où le bras de fer s’intensifie entre le gouvernement de l’Ontario et les syndicats.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« J’espère que les élèves seront bientôt de retour en classe. Nous sommes dans un processus de négociations juste », a fait valoir la chef du Parti libéral en visite à Ottawa, vendredi 8 mai. « Il faut comprendre qu’il y a une responsabilité fiscale d’équilibrer le budget pour 2018. Chaque augmentation de salaire peut affecter l’enveloppe allouée à l’éducation et rendre la situation plus compliquée. »

Le syndicat des enseignants des écoles élémentaires publiques anglophones de l’Ontario a fait savoir que ses quelque 73 000 membres entameraient une grève du zèle, à compter du lundi 11 mai. Les éducateurs ont choisi de rester dans leurs salles de classe, mais de ne plus s’adonner à des activités parascolaires, administrer des tests de l’OQRE ou encore remplir des bulletins de notes jusqu’à nouvel ordre.

« Nos enseignants ne sont pas prêts à accepter des hausses du nombre d’élèves dans les salles de classe, de voir leur temps de préparation dirigé par (l’employeur), faire l’objet de microgestion ou voir leur capacité à soutenir l’apprentissage des élèves compromis », a fait valoir Sam Hammond, président de la Fédération des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO), le vendredi 8 mai.

M Hammond a présenté cette grève du zèle comme « une première phase » de moyens de pression, laissant entrevoir des mesures plus musclées au cas où l’impasse se prolongerait.

Les enseignants des écoles secondaires publiques anglophones de l’Ontario dans trois régions de la province ont déjà rejoint les lignes de piquetage, certains depuis plus de trois semaines. Il s’agit, dans ces cas-là, de grèves locales.

S’avouant « déçue » par la décision de la FEÉO de faire la grève du zèle, la ministre de l’Éducation, Liz Sandals, a invité le syndicat à « revenir à la table des négociations centrales parce que c’est là que doivent avoir lieu les discussions difficiles ».

 

Défense des « enfants »

« Je ne veux pas que les enfants souffrent par la faute des adultes », a insisté pour sa part Mme Wynne lors du même point de presse à Ottawa. « Je sais que, de toute manière, les conseils travailleront avec les familles. »

L’opposition à Queen’s Park a rejeté, à son tour, le blâme sur le gouvernement.

« Les enfants ne devraient pas se retrouver au cœur des disputes entre leurs enseignants et le gouvernement. Toutes les parties devraient s’assurer que le reste de l’année scolaire ne soit pas défavorablement affectée », a exhorté Garfield Dunlop, critique du Parti progressiste-conservateur en matière d’Éducation, le 8 mai.

L’élu de la région de Simcoe a montré du doigt la nouvelle formule de négociations à deux niveaux qu’ont mis en place les libéraux après les âpres pourparlers de 2012. Une formule qui oblige, selon lui, les employeurs et les syndicats à se battre sur deux fronts : localement pour les conditions de travail, et centralement pour les grandes questions d’argent.