L’idée de privatiser Hydro One refait surface

TORONTO – La première ministre de l’Ontario n’écarte pas la possibilité de privatiser une partie l’agence de transmission et de distribution d’électricité Hydro One pour financer les projets d’infrastructure de son gouvernement.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Kathleen Wynne est demeurée vague quant aux privatisations dans la mire des libéraux au pouvoir à Queen’s Park, le mardi 10 mars. Elle s’en est remise aux travaux d’un panel d’experts sur l’avenir de certains biens publics de la province, avec à sa tête l’économiste de renom Ed Clark.

« Le comité consultatif n’a pas terminé son travail », a ralenti Mme Wynne lors d’un point de presse à Toronto. « Nous n’avons pas encore reçu les recommandations finales. Mais nous avons dit clairement (…) que nous allions construire des routes et des ponts. Cette infrastructure est nécessaire pour que les gens aient la qualité de vie qu’ils peuvent avoir dans notre province. C’est nécessaire pour la croissance économique. »

La première ministre a seulement dit qu’elle n’avait pas l’intention de procéder à des privatisations de l’ampleur de la vente à des intérêts privés de l’autoroute 407, à la fin des années 1990. « C’est exactement ce que nous ne ferons pas », a-t-elle précisé.

« Consolidation »

M. Clark s’est déjà prononcé en faveur du maintien d’Hydro One dans le domaine public, en y apportant toutefois quelques changements. L’ex-banquier torontois a aussi prêché une « consolidation » des distributeurs d’électricité à travers la province.

Le gouvernement Wynne a promis d’investir 130 milliards $ sur dix ans dans l’infrastructure et les transports de l’Ontario. Une partie de cette somme doit provenir de l’optimisation ou la vente de biens publics. Or, la vente partielle d’Hydro One à des intérêts privés pourrait rapporter jusqu’à 1 milliard $ à la province, selon certaines sources.

« Brûler le mobilier… »

De l’avis du progressiste-conservateur Victor Fedeli, toutefois, la vente même partielle d’une société d’État de la taille d’Hydro One ne ferait « que donner la fausse impression » aux libéraux qu’ils progressent sur le chemin du retour à l’équilibre budgétaire.

« C’est une chose de vouloir maximiser la valeur des biens publics », a fait savoir M. Fedeli par le biais d’un communiqué, le 10 mars. « Mais les libéraux sont seulement en train de brûler le mobilier pour chauffer la maison. Cet argent n’irait pas dans des projets de transport et d’infrastructure. Il se retrouverait dans les revenus généraux pour adoucir la perception du public par rapport au déficit. »

L’Ontario tente d’abattre un déficit de plus de 10 milliards $, le plus élevé de toutes les provinces canadiennes.

Le panel d’Ed Clark doit déposer un rapport final sur l’avenir d’Hydro One – de même que la Régie des alcools de l’Ontario, la LCBO, et l’Ontario Power Generation – dans les semaines qui précéderont le dépôt du prochain budget de la province, ce printemps.