Montage ONFR+. Crédit photo de gauche: Bibliothèque et Archives Canada

KAPUSKASING – La ville de Kapuskasing fête son centième anniversaire de naissance. Cette ville du Nord de l’Ontario compte près de 70 % de Franco-Ontariens, mais ce n’est qu’au courant des années 1960 qu’elle devient un endroit de prédilection pour les francophones. Un retour dans le temps sur ce dernier siècle d’histoire.

Le tout commence au courant des années 1910 quand le gouvernement fédéral fait construire le National Transcontinental Railway (NTR), un train traversant d’est en ouest le Canada. L’ouverture du territoire le long de ce qui est aujourd’hui appelé le Canadien National explique l’arrivée de Québécois et d’habitants dans le Nord de l’Ontario. Ce train crée alors plusieurs villages alentour de la région comme à Hearst et Kapuskasing.

« Le territoire devient accessible par train et à ce moment-là, le gouvernement de l’Ontario fait la grosse promotion partout dans le monde pour attirer des gens dans le Nord de l’Ontario. On fait la promotion à la fois de l’agriculture et de l’industrie forestière, car on est convaincu que ça va devenir le prochain grenier de l’Ontario avec sa grande zone argileuse », avance l’historienne de l’Université de Hearst, Danielle Coulombe. 

Kapuskasing s’est surtout développé avec l’arrivée de la compagnie de pâtes et papiers Spruces Falls Power and Paper Company Ltd en 1920.

« Elle va dominer toute la région et ça va faire en sorte que Kapuskasing va devenir rapidement la ville d’une compagnie complètement contrôlée par la Spruces Falls qui détient d’énormes concessions forestières dans la région de Kapuskasing. La compagnie construit aussi les maisons pour les employés, le médecin vient de la compagnie. Le nouvel aréna, le centre de curling, l’hôpital et le parc de Kapuskasing seront aussi ceux de la compagnie », précise l’historienne de l’Université de Hearst.

Ces 100 ans d’histoire sont surtout marqués par la présence du moulin à papier tout au long de ces années 

« Sans le moulin, on ne serait pas là aujourd’hui, et c’est encore un des plus grands employeurs de la ville. Ça l’a eu un impact notamment sur la façon dont les gens ont entrevu le travail. On a eu un employeur principal et ç’a été presque comme ça tout au long de l’histoire de Kapuskasing. Les gens entrevoient depuis longtemps le moulin comme seul pourvoyeur de travail », affirme le conseiller municipal Julien Boucher, qui est à la tête du comité sur les célébrations du centenaire.

Le moulin à papier. Crédit image : Étienne Fortin-Gauthier

Une francophonie à partir des années 60

Selon Danielle Coulombe, à l’époque, les francophones avaient l’espoir d’étendre la population francophone à travers tout le Canada. L’idée était d’avoir une plus forte concentration de francophones dans tout le pays comparativement à aujourd’hui.

« Vous avez l’Église catholique canadienne-française, qui faisait la promotion de la colonisation dans le Nord de l’Ontario. On espère à cette époque qu’il y aura des francophones partout, c’est la suite du Québec francophone. Il y en a au Manitoba et dans les provinces de l’Ouest même s’ils sont beaucoup plus minoritaires. L’Église catholique encourage ces fidèles à venir en faveur de l’agriculture… pour l’Église catholique, la plus belle vocation qui existe est celle d’agriculteur », explique l’historienne.

L’arrivée de francophones dans la ville concorde avec le déclin de l’agriculture et l’ascension de l’industrialisation de l’époque.

« Il y a des francophones, mais on ne peut pas parler d’une ville francophone, loin de là. C’est à partir de là (les années 1960) que les francophones vont commencer à prendre beaucoup plus d’espace. On sait que depuis les années 60, petit à petit, les gens ont quitté les villages et les gens se sont dirigés vers la cité et c’est comme ça que de plus en plus de francophones de Moonbeam, Val Rita se sont installés. »

Certaines célébrations encore incertaines

La ville de Kapuskasing, qui a déjà organisé certaines activités depuis le début d’année, veut mettre l’emphase sur la célébration de choses ayant marqué la région.

« On célèbre tous les accomplissements qu’il y a eu au cours de l’histoire… Il y a le chemin de fer qui est aussi la base de l’arrivée de la ville, le moulin qui s’est installé, le fait qu’on a fait du papier du New York Times, c’est fou qu’ils soient venus aussi loin pour du papier journal », lance Julien Boucher.

Pour l’instant, la Ville a effectué son lancement virtuel jeudi en diffusant un documentaire sur l’histoire de la ville, mais le conseiller Boucher ne sait pas comment se dérouleront les prochains mois avec la pandémie.

« Il y a beaucoup de choses qui sont encore incertaines. On a des options A et B, mais on ne sait pas encore lesquelles on va devoir prendre. La COVID-19 amène beaucoup d’incertitudes. Notre grosse chose de notre centenaire est qu’on met en vedette un produit local de Kapuskasing chaque mois. Ce mois-ci, c’est la Fromagerie Kapuskoise qui fait un fromage de Kapuskasing au lait de chèvre. »

La date du 8 avril 2021 a été choisie, car elle marque la date d’incorporation de la municipalité.