2019 en dix moments marquants pour les Franco-Ontariens
Des hauts et des bas, des succès et des échecs, des espoirs et des doutes, 2019 qui s’achève n’a pas échappé à la dramaturgie de l’actualité. Retour sur cette année en dix moments marquants pour l’Ontario français.
13 janvier. Minuit moins une pour l’Université de l’Ontario français
Le dossier a tenu en haleine les militants franco-ontariens tout au long de l’année 2019. Le 13 janvier, le gouvernement fédéral injecte une somme de 1,9 million de dollars pour le maintien du projet d’Université de l’Ontario français (UOF), le tout à deux jours de la date fatidique du 15 janvier où le financement provincial de l’université arrivait à son terme.
Un geste de l’équipe Trudeau deux mois après les compressions aux services en français de la part du gouvernement provincial de Doug Ford. Des coupures qui avaient marqué l’annulation provisoire du projet de l’UOF.
S’ensuit un match de ping-pong pendant neuf mois entre la ministre fédérale du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, et son homologue provinciale, Caroline Mulroney.
Le 7 septembre, les deux partis parviennent finalement à un protocole d’entente. Ottawa payera les quatre premières années de démarrage du projet, avant que la province ne prenne le relais, pour la même somme, soit 63 millions de dollars, les quatre années suivantes. Le coût total est estimé à 126 millions de dollars.
17 février. Mélissa Ouimet à La Voix
Les quatre juges de La Voix se retournent sur Mélissa Ouimet. Grâce à sa prestation de la chanson Like The Way I Do de Melissa Etheridge, la chanteuse originaire de St-Albert obtient donc sa participation à l’émission québécoise.
Même si deux mois plus tard, Mélissa Ouimet échoue à se rendre en demi-finale, son parcours suscite l’admiration dans l’Ontario français.
Dans le même temps, elle remporte quatre nominations pour le Gala Trille Or à Orléans, en mai, et finalement le prix de la « chanson primée » pour Amours jetables lors de ce même événement.
1er avril. Léonie Tchatat et la Passerelle-I.D.E éclaboussées
La Passerelle-I.D.E, un organisme franco-torontois, est éclaboussé par des révélations explosives à la suite d’une enquête parue dans le quotidien The Star.
Selon le journal, des billets de spectacles offerts par un organisme de charité à l’intention de jeunes dans le besoin auraient plutôt été utilisés par les dirigeants de l’organisme et leurs proches.
L’organisme est ensuite éclaboussé concernant sa gestion d’une somme d’un million de dollars pour la prévention en matière de VIH en Ontario. Le comportement à risque dans un outil de prévention et l’absence de La Passerelle-I.D.É à des rencontres du Groupe de travail francophone sur le VIH font réagir plusieurs intervenants.
Pendant ces mois, la présidente de l’organisme, Léonie Tchatat, dénonce une cabale médiatique à son encontre, mais le verdict tombe en fin d’année : Ottawa décide de geler les fonds de l’organisme dépensés pour le VIH.
Fin avril. Les inondations dans l’Est ontarien et à Mattawa
La fonte des neiges provoque ce printemps une crue importante de la Rivière des Outaouais. La Ville d’Ottawa déclare l’état d’urgence le 25 avril, suivie le lendemain par Clarence-Rockland, puis le 27 avril par la municipalité d’Alfred-Plantagenet.
Utilisations de sac de sables, fermeture de certaines rues, évacuation, les conséquences de cette crue sont parfois dévastatrices pour les résidents.
Au total, plus d’une dizaine de municipalités en Ontario connaîtront un état d’urgence, avant que la situation ne revienne à la normale un peu partout à la mi-mai.
24 juin. Un défilé prometteur…
Invitée par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, une délégation de plus de 150 Franco-Ontariens ouvre le défilé de la Fête nationale du Québec à Montréal, ce 24 juin.
Il s’agit de la première fois qu’une délégation de l’Ontario français est invitée à cet événement.
Cette invitation s’inscrit dans la foulée des compressions aux services en français de la part du gouvernement de Doug Ford en novembre 2018, dont l’impact a dépassé les frontières de l’Ontario.
2 juillet. …puis une alliance contestée avec les anglophones du Québec
« Historique ». Le président de l’Assemblée de la francophonie (AFO), Carol Jolin, ne mâche pas ses mots en marge de la conférence réunissant la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) et l’organisme porte-parole des Anglo-Québécois, le Quebec Community Groups Network (QCGN).
L’objectif : « l’avancement et la protection des droits linguistiques » en vue des élections fédérales au mois d’octobre.
Sauf que cette annonce divise les francophones. Certains y voient un message d’unité entre les peuples minoritaires envoyé avant les élections fédérales, d’autres une alliance déloyale avec les anglophones du Québec.
Du côté des organismes, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) reste neutre, tandis que l’Association canadienne française de l’Alberta (ACFA) condamne la démarche de l’AFO.
19 août. Le début des remous au quotidien Le Droit
Coup de tonnerre en plein milieu du mois d’août. La faillite de Groupe Capitales Médias (GCM) conjuguée au plan de sauvetage de cinq millions de dollars in-extremis du gouvernement québécois fragilise tout à coup Le Droit.
Le seul quotidien franco-ontarien, et de surcroît fondé en 1913 pour contester le Règlement XVII, tente depuis de se relancer financièrement et sortir de l’ornière.
Aux dernières nouvelles, tout indique que Le Droit s’oriente vers un modèle coopératif pour assurer sa survie. Un déménagement vers Gatineau avec un bureau satellite à Ottawa semble par ailleurs se préciser.
13 octobre. La réplique contre Denise Bombardier à Tout le monde en parle
Une des images fortes de l’année 2019 pour les francophones : la politologue Stéphanie Chouinard, et les militantes Caroline Gélineault et Chloé Freynet-Gagné côte-à-côte à Tout le monde en parle (TLMEP).
Une semaine auparavant sur le plateau de la même émission, la romancière et journaliste Denise Bombardier avait de nouveau créé la polémique en remettant en cause la qualité du français parlé par les jeunes francophones en contexte minoritaire.
Au cours des 17 minutes de la séquence d’entrevue sur le plateau de TLMEP, les trois femmes insistent sur un rapprochement avec le Québec.
21 octobre. Trudeau passe la seconde
Malgré une campagne en demi-teinte marquée par l’affaire de la Blackface, Justin Trudeau voit son parti conserver le pouvoir. Comme son père en 1972, l’actuel premier ministre doit se contenter d’un gouvernement minoritaire pour son second mandat.
Côté francophone, la campagne électorale est marquée par la renaissance du Bloc québécois. Sous l’impulsion d’Yves-François Blanchet, la formation souverainiste récolte 32 députés. À noter que sept Franco-Ontariens remportent un siège à la Chambre des communes.
Lors de l’assermentation, le 20 novembre, l’une d’elles, l’élue d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, obtient le poste de ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances.
12 décembre. Mishka Lavigne reçoit le Prix du gouverneur général
C’est la bonne surprise de la fin d’année pour la littérature franco-ontarienne. Le 12 décembre, Mishka Lavigne reçoit le Prix du gouverneur général en théâtre français pour sa pièce Havre publié aux Éditions L’Interligne.
L’auteure originaire de Gatineau, mais diplômée de l’Université d’Ottawa, entre ainsi dans le cercle très fermé des auteurs franco-ontariens récompensés par les plus hautes distinctions littéraires au Canada.
Outre Misha Lavigne, de nombreux auteurs franco-ontariens se sont illustrés tout le long de l’année 2019. À commencer par Lisa L’Heureux gagnante du Prix littéraire Trillium pour sa pièce Et un soir (Prise de parole), tandis que Diya Lim, l’emporte dans la catégorie « prix pour enfants » pour son roman La marchande, la sorcière, la lune et moi (Éditions L’Interligne).