350 millions de dollars pour mettre fin au sans-abrisme d’ici 2030 à Sudbury
SUDBURY – Un rapport présenté au conseil municipal de Sudbury, mardi soir, estime qu’il faudra investir 350 millions de dollars pour mettre fin au sans-abrisme d’ici 2030. Une résolution visant à adopter les recommandations issues de ce rapport a été adoptée à l’unanimité.
Intitulé « Feuille de route vers la fin du sans-abrisme », le document fait suite à une résolution présentée en septembre par le conseiller du quartier 5, Michel Parent, qui souhaitait voir une stratégie pour tenter d’éradiquer le sans-abrisme dans la municipalité.
Celui-ci a pris la parole après la présentation et s’est exprimé avec émotion sur l’urgence de la situation à Sudbury, avouant avoir lui-même vécu une période difficile par le passé qui l’a plongé dans une situation d’itinérance.
Il a affirmé qu’une personne qu’une personne qui devient sans-abri est à risque de développer des problèmes de dépendances : « Cela souligne l’importance d’intervenir avant que la profondeur des questions qui en découlent ne soit exacerbée ».
La solution présentée dans le document consiste en une combinaison de fonds fédéraux, provinciaux et municipaux comprenant 322 millions de dollars en coûts d’immobilisation et de démarrage, 13,6 millions de dollars par année en coûts d’exploitation et 11 millions de dollars supplémentaires par année en termes de loyers supplémentaires. La municipalité pourrait fournir jusqu’à 30 % du capital des coûts.
« On ne peut pas y arriver seuls. Il est certain que le gouvernement fédéral et la province doivent jouer un rôle clé, comme cela a été le cas dans le passé pour le logement », a lancé de son côté le maire Paul Lefebvre.
Un sans-abrisme rare, bref et non récurrent
Le plan d’une cinquantaine de pages a pour objectif d’atteindre le « zéro fonctionnel », afin de mettre fin au sans-abrisme d’ici 2030.
« Alors que le but ultime est le zéro absolu en termes de sans-abri, le zéro fonctionnel prend en considération le fait que l’afflux de sans-abri peut être imprévisible malgré tous les meilleurs efforts de la communauté », peut-on lire dans le rapport.
En termes quantitatifs, ce zéro signifierait que le nombre de personnes sans-abri est de trois ou moins, et que la collectivité peut soutenir ce nombre pour trois ou plus par mois.
Ce système de zéro fonctionnel garantit que le sans-abrisme sera rare, bref et non récurrent.
La feuille de route contient, ainsi, plusieurs recommandations visant à accroître l’accès au logement pour les itinérants, mettant l’accent sur la transition des services passifs, comme les centres de réchauffement et les services de sensibilisation, vers des services actifs comme les services de prévention et la mise à disposition de logements communautaires.
Pour le premier pan, la rareté, des recommandations comprennent l’élaboration de logements de base et abordables avec des stratégies supplémentaires pour accroître l’abordabilité du logement.
Pour le second, la brièveté, il s’agira de mettre plus d’efforts vers la transition, soit un refuge d’urgence, soit un logement de transition ouvert 24 heures sur 24.
En ce qui concerne troisième pilier, la non-récurrence, des investissements dans d’autres programmes de logement avec services de soutien, comme une conversion des programmes de refuges d’urgence en logements de transition sont envisagés.
Des données inquiétantes
Des projections incluses dans le rapport prévoient une tendance à la hausse pour le nombre de personnes en situation d’itinérance dans le Grand Sudbury qui est actuellement de 237, pour ceux qui ont étés enregistrés par les services d’urgence. 75 % d’entre eux sont à Sudbury depuis au moins cinq années.
La conseillère Nathalie Labbée, du quartier 7 en a profité pour demander de confirmer une rumeur qui circule actuellement dans le ville du nickel et selon laquelle des personnes sans-abri seraient envoyés vers le Nord.
« Nous ne voyons pas des autobus remplis de gens qui sont déposés ici dans nos refuges. Les gens que nous voyons qui sont nouveaux dans notre communauté arrivent par eux-mêmes », a répondu Gail Spencer, gestionnaire de la stabilité du logement et des sans-abri pour la Ville. « Ils sont en transition et migrent par le nord de l’Ontario, c’est très courant chez les sans-abri », finit-elle.
« La population de sans-abri atteindra 741 personnes d’ici 2030, soit une augmentation de 205 % par rapport à décembre 2023 », peut-on lire dans le rapport.
Un graphique présenté montre l’évolution des niveaux d’acuité, c’est-à-dire, le niveau de soutien dont la personne aurait besoin pour obtenir et maintenir un logement permanent et qui donnent la priorité à la personne pour les services de soutien les plus appropriés.
« L’augmentation la plus significative est attendue dans le niveau d’acuité élevé, avec un nombre total de sans-abri dans cette catégorie estimé à 611 personnes d’ici 2030 », poursuit-on dans le rapport.
On apprend aussi qu’en 2023, les principaux facteurs contribuant à une personne itinérante : rupture de la famille ou de la relation, santé mentale, crise financière, expulsion du logement et la toxicomanie. En outre, le taux d’inoccupation est proche du 0% à Sudbury.
Un travail commun
« Le secteur des services communautaires ne peut pas résoudre le problème seul, le sans-abrisme est ce qui arrive lorsque d’autres systèmes de service tombent en panne », affirme le rapport en guise de conclusion.
Le maire Lefebvre a indiqué que les villes de North Bay et Sault Ste. Marie comptent s’inspirer du modèle adopté par Sudbury,
Des approches similaires ont été adoptées par d’autres municipalités, notamment la région de Waterloo, qui a engagé environ 245 millions de dollars pour mettre fin au sans-abrisme chronique d’ici 2030.
Le personnel municipal va préparer un plan financier et élaborer des analyses de rentabilisation pertinentes, y compris des stratégies complètes de financement et de promotion, et les présentera au Conseil dans le cadre du processus budgétaire de 2025.