Le journal fête ses 40 ans, le 30 novembre à Plantagenet. Crédit image : Agricom

PLANTAGENET – En 1983, le monde de l’agriculture et de l’agroalimentaire en Ontario français se dotait de ce qui est, aujourd’hui, le seul média agricole francophone de la province : Agricom. Répondant à un besoin de la communauté, le journal est devenu un outil de combat pour les agriculteurs franco-ontariens. Sa création visait à leur offrir une voix et un rayonnement pour partager avec le reste des francophones, les rouages d’un secteur en contante mutation. 

«  Le mandat est toujours là  », affirme Pascale de Montigny, la rédactrice en chef du média, arrivée en avril 2023. 

La voix des agriculteurs et des agricultrices est toujours au centre de cette mission, explique Mme de Montigny, même si les défis avec le récent blocage des nouvelles au Canada par META a apporté une nouvelle façon d’opérer. 

Et même si le passage au numérique à 100%, en février 2022, est venu changer la manière de joindre les agriculteurs, Agricom est maintenant une référence en «  alimentation, au champ, de l’étable jusqu’à la table ». 

L’actualité agricole est au cœur de nos sociétés 

«  On dit toujours que le journal existe pour les agriculteurs franco-ontariens, mais c’est aussi pour monsieur et madame Tout-le-monde  », affirme Pascale de Montigny. 

«  Si on parle du soya, par exemple, et si la culture n’a pas été bonne, les lecteurs pourront savoir que les prix à l’épicerie vont augmenter.  »

Pascale de Montigny est la rédactrice en chef du journal Agricom. Gracieuseté

Agricom, ce sont des sujets sur l’agroalimentaire, mais aussi l’agrotourisme «  pour développer, conscientiser et sensibiliser la population  ».

Avec ses 40 ans d’histoire, le média milite également pour la place des femmes en agriculture. 

«  Elles sont plus visibles, on essaie de les mettre de l’avant  », explique la rédactrice en chef, fière de pouvoir notamment compter sur la chroniqueuse hebdomadaire Sandra Clément, mère de famille, blogueuse et agricultrice. 

D’ailleurs, il suffit de voir les initiatives comme celles de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), qui offre un programme de mentorat gratuit pour les femmes en agriculture. 

Chez Agricom, il est aussi question de sujets liés au climat et à l’environnement. En somme, tout ce qui touche les agriculteurs au quotidien. Leurs réalités personnelles et familiales sont au cœur de ces enjeux et c’est une des missions du journal. 

La pérennité d’Agricom, la communauté qui l’entoure 

Travailler avec la communauté franco-ontarienne est au coeur de la réussite du journal.

Au début, deux étudiantes d’Alexandria, Suzanne Massie et Chantal Périard, fondaient Agricom. Très vite, et pour en assurer la pérennité, l’UCFO deviendra propriétaire du journal, dont les locaux étaient situés dans une maison de ferme désaffectée à Clarence Creek.

En 1993, lors des dix ans d’Agricom : Chantal Périard, à gauche de l’ancien président de l’UCFO André Chabot. À droite, Suzanne Massie. Crédit image : Agricom

En entrevue avec ONFR, Chantal Périard, l’une des fondatrices, se souvient que lorsqu’elle avait 20 ans et vivait sur une ferme laitière, elle voyait bien qu’il n’y avait pas de «  voix pour les agriculteurs  ». 

«  J’ai juste le mérite d’y avoir pensé, mais je ne l’ai pas fait vivre pendant 40 ans  », explique-t-elle, insistant sur le travail de l’UCFO. «  Nous livrons dans les régions de Prescott, Russell, Stormont et Glengarry, mais c’est l’UCFO qui l’a fait grandir dans la province.  »

Pour Pascale de Montigny, ce sont aussi les bénévoles qui – en tout temps et dans les heures sombres du journal – l’ont maintenu à flot. Mais la présence de l’UCFO et du Collège d’Alfred est un autre exemple du soutien dont le journal a pu jouir. 

«  Il y a une liste de bénévoles et une dizaine de pionniers sans qui nous n’existerions pas.  »

Le journal est en continuelle réflexion et «  c’est sûr que comme tous les domaines, il faut se réinventer  », estime Mme de Montigny. «  Une de nos options, ça serait d’avoir un magazine imprimé deux fois par année, pour essayer de rejoindre toute la communauté francophone du Canada.  »

La première édition d’Agricom était distribuée dans les régions de Stormont, Glengarry, Prescott et Russell. Crédit image : Agricom
En 1993, le journal était livré dans toute la province. Crédit image : Agricom

Au fil des années, Agricom a évolué pour devenir un pilier médiatique, reflétant les préoccupations et les réussites de la communauté franco-ontarienne et agricole.

Ce 30 novembre, Agricom fête son anniversaire au centre communautaire de Plantagenet, dans l’Est ontarien. La cérémonie sera animée par Sandra Clément, avec une prestation du chanteur et conteur de Casselman, Louis Racine. 

Dates clés du journal Agricom

  • 1983 : Création du journal par Suzanne Massie et Chantal Périard
  • 1984 : L’UCFO devient propriétaire du journal
  • 1985 : Le journal frôle la fermeture avec seulement 700 abonnements
  • 1998 : Prix d’excellence journalistique de la Fédération des gens de la presse de l’Ontario
  • 1999 : Prix d’excellence de l’Association de la presse francophone pour l’article « L’agriculture est en crise », rédigé par Emmanuel Chabot.
  • 2012 : Journal de l’année par l’Association de la presse francophone (en plus des prix « meilleure qualité du français », « meilleur cahier spécial » et « meilleure couverture d’un événement ».)
  • 2022 : Agricom passe au numérique à 100%.