L’AEFO, l’ACÉPO et l’AFOCSC lancent ce projet pilote financé par le gouvernement fédéral. Crédit image : Canva

TORONTO – Trois associations d’enseignants franco-ontariennes lancent un projet pilote inédit : le Programme de bourses en enseignement. Un total de 40 bourses d’une valeur de 30 000 $ chacune est disponible pour couvrir les frais de scolarité, un incitatif dans un contexte de pénurie francophone criante. Les candidats ont jusqu’au 29 février, soit six semaines, pour s’inscrire en ligne.

L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) et l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) ont officiellement lancé ce lundi cette nouvelle bourse en enseignement, une initiative financée par Patrimoine canadien, ministère fédéral.

Le programme, qui s’adresse à deux types de profil, vise à la fois à : inciter les francophones intéressés par l’enseignement à se former, et également encourager les personnes qui enseignent, ou qui ont enseigné de façon intérimaire, à pouvoir accéder à un poste permanent titularisé, en poursuivant ou à complétant leurs études en enseignement en français dans la province.

La somme de 30 000 $ permettra ainsi de couvrir les deux années de formation requises ainsi que d’autres dépenses liées à la formation à l’enseignement. Les universités partenaires sont l’Université d’Ottawa, l’Université laurentienne et l’Université de l’Ontario français.

En contrepartie, les nouveaux diplômés ont alors l’obligation, post graduation, de s’acquitter d’un minimum de deux ans d’enseignement dans un conseil scolaire francophone de l’Ontario.

Selon Yves Lévesque, le directeur général de l’AFOCSC, il est nécessaire de trouver des alternatives innovantes pour pallier la pénurie d’enseignants francophones : « Les enseignants actuels non diplômés sont dans une situation précaire et, d’une année à l’autre, ne sont jamais assurés d’être renouvelés pour le même poste. »

« Pour ceux qui travaillent déjà, plusieurs options sont offertes par les trois universités, dont celle de suivre le curriculum à distance, ce qui permet de rester en poste dans le même temps. Les nouvelles « recrues » qui ne sont pas déjà à l’emploi d’un conseil scolaire ont accès au programme à temps plein avec leur éducation subventionnée », développe-t-il.

Vers un enseignement francophone plus qualifié

Selon la directrice générale de l’ACEPO Isabelle Girard, une main-d’œuvre qualifiée assurera la relève d’une éducation de qualité : « Malgré des résultats scolaires standardisés francophones supérieurs aux anglophones, il est important qu’on ait des enseignants formés dans les classes. Ce niveau doit se maintenir voire s’améliorer d’une année à l’autre. »

Elle explique que ce programme viendra également en aide à des enseignants, ou enseignants en devenir, qui n’ont pas les moyens financiers de se lancer dans le cursus universitaire : « Le bassin francophone qui s’oriente dans les cursus d’enseignement est très différent du bassin anglophone constitué, la plupart du temps, de jeunes étudiants à la charge de leurs parents. Dans le premier cas, il peut souvent s’agir d’adultes plus mûrs qui ont des responsabilités financières et se réoriente en seconde carrière professionnelle. »

« L’initiative que nous lançons représente une action concrète pour agir sur la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans nos écoles de langue française en province. Elle offre une opportunité unique aux personnes éligibles de développer leurs compétences pédagogiques et de progresser dans leur carrière en enseignement en devenant un enseignant qualifié au sein des écoles de langue française de l’Ontario », ont conjointement déclaré Anne Vinet-Roy, présidente de l’AEFO, Anne Marie Gélineault, présidente de l’ACÉPO, Johanne Lacombe, présidente de l’AFOCSC.

M. Lévesque rappelle que le gouvernement ontarien avait lancé une subvention similaire à plus grande échelle en mars 2022 à l’intention des étudiants qui s’engagent dans des programmes de soins infirmiers et d’ambulanciers paramédicaux.

« On espère que cette nouvelle dotation de bourses sera reconduite l’année suivante et qu’elle prendra encore davantage d’ampleur par la suite, voire même, une participation du gouvernement provincial », conclut-il.