Un nouveau chef de police unilingue pour la Ville d’Ottawa
OTTAWA – Le successeur de Charles Bordeleau à la tête du Service de police d’Ottawa (SPO) n’est pas bilingue. Premier Noir à détenir le poste, Peter Sloly, nommé ce lundi, n’est en revanche pas en mesure de comprendre le français.
Pendant la conférence de presse, cet ex-membre de l’état-major du corps policier de Toronto a déclaré vouloir apprendre le français.
« On applaudit qu’il dise dans son discours vouloir apprendre le français. On va suivre que cet engagement se réalise », indique la directrice générale de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO), Ajà Besler.
« On comprend qu’il veut améliorer le lien avec la communauté racialisée, et il y a beaucoup de francophones racialisés. C’est donc important que notre chef de police travaille ce lien. »
Et d’ajouter du même souffle : « Dans un monde idéal, le candidat aurait été bilingue dès son entrée en poste. Mais certains élus ont réussi à apprendre le français et à devenir bilingue, comme Kathleen Wynne, au temps où elle était ministre de l’Éducation de l’Ontario. On espère que la Ville d’Ottawa s’assure qu’il apprenne la langue. »
Pas d’obligation du bilinguisme dans ce poste
Après vérification, il apparaît que cette nomination n’entre pas dans la politique de bilinguisme de la Ville d’Ottawa. Celle-ci stipule que tous les candidats externes considérés pour des postes de gestion de niveau 1 à 3 doivent être bilingues.
La Commission de services policiers de la Ville d’Ottawa a fourni une réponse élaborée à ONFR+ : « La politique de bilinguisme de la Ville d’Ottawa ne s’applique pas à la Commission de services policiers. En effet, en tant que conseil local, la Commission est indépendante du Conseil municipal. Elle est assujettie à la Loi sur les services policiers de l’Ontario, qui lui donne confère, à l’alinéa 31(1)d), la responsabilité exclusive de recruter et nommer le chef de police. La Commission a rempli son mandat en choisissant pour le Service de police d’Ottawa un nouveau chef. »
« Un inconfort », pour Mathieu Fleury
Rappelant que le conseil municipal n’a pas de droit de regard quant à cette nomination qui dépend de la Commission de services policiers, le conseiller municipal de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, reconnaît un certain malaise quant au choix d’un unilingue anglophone.
« Il y a un inconfort, on ne se le cachera pas. Même si beaucoup de policiers de première ligne sont bilingues, le Service de police d’Ottawa doit continuer à faire des efforts. »
Mais M. Fleury se montre réservé quant à la nécessité de rendre le poste obligatoirement bilingue.
« Si on exige le bilinguisme, on aura un très petit bassin de personnes ayant les habiletés nécessaires. J’ai d’ailleurs posé la question : sur l’ensemble des candidats qui se sont présentés [au poste de chef de police], un seul était bilingue », explique-t-il.
Et même s’il est très dubitatif quant à la capacité de M. Sloly d’apprendre le français compte tenu de la nature très prenante de son poste, M. Fleury estime qu’il sera important que ses adjoints soient bilingues.
« Même si je ne l’ai pas encore rencontré, M. Sloly semble comprendre cet enjeu-là. Ce sera à la communauté, aux élus et aux médias de continuer à mettre la pression », dit-il.
Peu après son élection à la tête d’Ottawa en 2010, le maire Jim Watson avait beaucoup vanté les nominations des francophones Robert Marleau comme commissaire à l’intégrité, et donc Charles Bordeleau à titre de chef du SPO, pour mettre en avant son attachement à la francophonie.
Membre du Service de police de Toronto pendant 27 ans, Peter Sloly a aussi occupé le poste de chef adjoint dans la Ville Reine.
Article écrit avec la collaboration de Benjamin Vachet.