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OTTAWA — On revient sur l’année 2024 au Parlement avec une personnalité, une citation, une date, un chiffre et un lieu qui ont marqué l’actualité à Ottawa et l’actualité des langues officielles au niveau fédéral.

Une citation : « Excusez-moi, mais vous êtes plein de marde »

Jamais une simple séance du Comité des langues officielles n’aura autant retenu l’attention que lorsque le député franco-ontarien, Francis Drouin, a traité un témoin de « plein de marde » et aussi « d’extrémiste ». Ces propos, qu’il a retirés quelques instants après, et dont il s’est excusé quelques jours plus tard, lui auront valu une condamnation des partis de l’opposition à Ottawa, mais aussi de l’Assemblée nationale du Québec et de François Legault.

Francis Drouin convenait qu’il aurait dû « mieux poser mes mots » et admettait s’être « laissé emporter par la passion », quand deux chercheurs ont expliqué que fréquenter une université ou un cégep anglophone au Québec augmente grandement la probabilité de mener sa vie en anglais.

Pas en reste, les partis de l’opposition auront passé près d’un mois à tenter de faire démissionner le représentant de l’Est ontarien du Comité des langues officielles, ce qu’il a fait à la rentrée parlementaire suivante. Entre-temps, son poste de président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie aura été sauvé après que le Bloc québécois ait appelé à le destituer.

Une personnalité : Marc Miller

Le ministre de l’Immigration en aura eu plein les bras cette année avec la réduction de l’immigration autant temporaire que permanente, mais ça ne l’aura pas empêché d’être actif pour l’immigration francophone. 

Tout d’abord, il a débuté 2024 en annonçant une nouvelle politique en immigration francophone pour terminer en augmentant la cible pour les prochaines années.

Entre-temps, l’imposition d’un plafond sur les étudiants étrangers lui a valu une plainte au Commissariat aux langues officielles, ce qui a entrainé, quelques mois plus tard, une exemption pour quelque 2 000 étudiants étrangers dans les établissements francophones. Marc Miller n’aura pas non plus hésité à critiquer le gouvernement Ford sur sa manière de gérer les universités et collèges et l’accueil des immigrants. 

Un lieu : Cour suprême du Canada

C’est moins les décisions rendues par les juges, mais plutôt celles prises par l’appareil administratif de la Cour suprême qui ont retenu l’attention cette année. 

Poursuivie en Cour fédérale par l’organisme Droits collectifs Québec (DCQ), qui lui reproche de ne pas vouloir traduire ses décisions unilingues antérieures à 1970, la Cour suprême a décidé de retirer de son site web toutes ses anciennes décisions qui ne sont pas en anglais et en français. 

La plus haute cour au pays a promis de traduire certains de ces jugements, principalement en français, dès 2025 dans le cadre de son 150e anniversaire, mais une telle manœuvre n’aura pas calmé l’organisme DCQ qui compte continuer sa démarche juridique.

Il faut toutefois souligner que juridiquement la Cour suprême a ordonné au printemps un nouveau procès pour un homme accusé d’agression sexuelle, dont les droits linguistiques n’avaient pas été respectés, une décision saluée comme une avancée pour l’accès à la justice en français au pays

Un chiffre : 3

C’est le nombre de ministres qui auront occupé le portfolio des Langues officielles seulement en 2024, soit un de plus que durant les neuf dernières années du gouvernement Trudeau.

Impliqué dans de multiples scandales cette année, c’est finalement un concernant son héritage autochtone qui aura eu raison de Randy Boissonnault, qui a quitté le cabinet en novembre dernier. Sa prédécesseure, la ministre acadienne Ginette Petitpas Taylor, a repris le mandat des langues officielles pour quelques semaines jusqu’au remaniement ministériel, il y a quelques jours. 

Rebrassant les cartes de son cabinet suite au départ anticipé de plusieurs ministres, Justin Trudeau a confié le rôle des langues officielles à une élue québécoise, Rachel Bendayan, qui mérite ainsi une promotion au Conseil des ministres. Sa tergiversation sur le déclin du français dans sa première prise de parole comme ministre dans ce rôle lui aura toutefois valu ses premières critiques.

Une date : 16 décembre

Ce qui devait être simplement la date de l’énoncé économique d’automne s’est vite transformé en la journée de la démission de Chrystia Freeland, jour qui pourrait peut-être marquer le début de la fin de Justin Trudeau à la tête du pays.

Car depuis cette démission, une vingtaine de députés libéraux comme le Franco-Ontarien Francis Drouin et le caucus libéral ontarien demandent à Justin Trudeau de quitter son poste. Ce dernier qui réfléchira à son avenir comme premier ministre durant le temps des fêtes, selon le Globe and Mail, a près de 20 points de retard sur Pierre Poilievre, au sommet dans les sondages. 

Les libéraux sont menacés d’être relégués au 3e ou 4e rang lors des prochaines élections avec le Parti conservateur et le Bloc Québécois qui réclament des élections au plus vite, alors que Jagmeet Singh a signalé qu’il ferait tomber le gouvernement dès que possible au retour prévu de la Chambre des communes le 27 janvier.