La tempête des livres en français s’invite au comité francophone de Toronto
TORONTO – Les bibliothèques publiques de Toronto ont annoncé lors du comité francophone de la Ville qu’une série de nouvelles décisions visant à promouvoir les livres en français avaient été prises, après le recul de l’organisation sur le retrait de 26 000 ouvrages en français.
Pendant près d’une heure, le livre en français a été le sujet de discussions animées au comité francophone de la Ville reine, présidé par la conseillère municipale Jennifer McKelvie. Jamais la question du livre en français n’a eu une telle résonance dans la maison du peuple torontoise.
Éclaboussées par la controverse du mois de janvier, les bibliothèques publiques de Toronto ont utilisé cette tribune pour annoncer une série de mesures supplémentaires pour les francophones.
Ainsi, un responsable des collections francophones sera recruté prochainement, a annoncé Susan Caron, directrice des collections des bibliothèques publiques torontoises. De nouvelles plateformes en français verront aussi le jour, notamment sur les réseaux sociaux et en matière d’apprentissages numériques.
Les bibliothèques publiques de Toronto veulent aussi se procurer davantage de livres dans les librairies francophones locales, plutôt qu’au Québec, chez Archambault. La librairie Mosaique de Toronto, dont la survie est fragile, et la librairie de Oakville pourraient profiter prochainement de cette décision, a soutenu Mme Caron.
Quatre consultations seront aussi menées au cours des prochains mois pour mieux connaître les besoins de la communauté francophone et déterminer quels contenus les intéresse.
Discussions animées
Les membres du comité francophone issus de la communauté franco-torontoise ont bombardé de questions Susan Kocaron.
« La décision de les enlever s’est fait rapidement. La décision de les remettre aussi », a noté Serge Paul, représentant de l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO-Toronto).
« Il y a un effort à faire pour rejoindre mieux la communauté. Demandez notre aide pour mieux rejoindre les gens. Malheureusement, la librairie Mosaïque est au bord de la fermeture », a ajouté M. Paul.
« Vous avez parlé d’une baisse d’utilisation des collections, avez-vous une stratégie de promotion? », a demandé Lise Béland, du Collège Boréal.
Susan Caron a admis que les livres en anglais connaissaient aussi une diminution du nombre d’emprunts, au profit des livres virtuels. Elle a soutenu qu’elle souhaitait identifier des plateformes distribuant des contenus numériques en français, sans répondre directement à la question.
« Comment faites-vous vos choix pour que la diversité francophone de Toronto soit respectée? », a demandé Carlo Handy Charles.
« Nous avons beaucoup d’expérience. Nous avons une quarantaine de langues, donc nous avons de l’expertise pour trouver des livres à travers le monde. Un de nos défis est que l’industrie du livre, par exemple en Syrie, ne va pas très bien. Nous avons des bons contacts en Afrique, dans les Caraïbes… », a répondu la responsable des bibliothèques de Toronto.
Certains ont noté qu’ils voulaient voir davantage des livres en anglais traduits en français sur les tablettes.
« Les livres traduits ne sont pas empruntés. Ce sont les livres originaux en français qui sont dans le top100 des livres les plus empruntés. On doit se concentrer sur des livres écrits en français », a répliqué Mme Caron.
Les francophones invités « à rester sur leurs gardes »
L’ancienne grande manitou des services en français aux bibliothèques de Toronto, Céline Marcoux-Hamade, a aussi effectué une présentation devant le comité francophone. Elle est revenue sur cette controverse, puis a formulé plusieurs recommandations.
Si elle salue la décision d’embaucher un nouveau responsable des collections francophones, elle exige qu’un francophone obtienne le poste. « Il faut que ce responsable des collections en français soit francophone et qu’il aille dans la communauté faire la promotion des livres en français », dit-elle, sans détour.
Les bibliothèques publiques ont aussi fait une erreur en n’achetant aucune bandes dessinées en français depuis deux ans, à son avis. Avant d’aller plus loin, les bibliothèques publiques doivent aussi attendre le résultat des consultations avec la communauté, dit-elle.
Les bibliothèques publiques de Toronto n’ont pas dit quand elles mèneront les quatre consultations avec les francophones, ce printemps.