Sommet sur le logement : les maires francophones restent sur leur faim
Regroupant les 29 plus grandes municipalités de la province, le sommet provincial-municipal sur le logement visait, mercredi, à trouver des solutions pour régler la crise du logement qui sévit en Ontario. En dehors de Sudbury, aucune municipalité francophone n’était représentée. Plusieurs maires espèrent donc faire entendre leur voix et leurs préoccupations lors d’un autre sommet, prévu dimanche, avec les localités rurales et du Nord.
Au fil des dernières années, les prix du logement ont augmenté à une vitesse exponentielle au sein de la province. À Toronto par exemple, le prix moyen d’une propriété a dépassé la barre des 1 million et à Sudbury, le marché immobilier avait vu une augmentation de 37,8 % entre 2020 et 2021.
« Les jeunes familles, les personnes âgées et les travailleurs ontariens sont en quête de logements qui correspondent à leurs besoins et à leur budget », a déclaré le premier ministre Doug Ford. « Notre province est actuellement en pleine croissance, et notre gouvernement continue d’utiliser tous les moyens à sa portée pour aider les municipalités à bâtir rapidement des logements et permettre aux familles de réaliser leur rêve de devenir propriétaires. »
Pour faire face à cette problématique grandissante, le gouvernement provincial a tenu son tout premier sommet sur le logement abordable dans la province, un rendez-vous qui, en dehors de Sudbury, a tenu à l’écart les villes franco-ontariennes.
Cette situation a fortement exaspéré le maire de la ville de Hearst, pour qui la voix des communautés francophones est encore mise de côté. « On est jamais assez entendu contrairement aux grosses municipalités. Nous devons tout le temps nous battre pour nous faire entendre. Encore une fois, ça démontre [l’absence des municipalités francophones au sommet] que nous ne sommes pas tout le temps écoutés par le gouvernement », déplore Roger Sigouin.
De son côté, Mario Zanth, maire de Clarence-Rockaland, estime que l’absence des villes francophones au sommet n’est pas liée à la langue, mais plutôt à l’accessibilité aux ressources.
« Il faut créer des programmes pour donner accès à des logements abordables pour tous les citoyens. Ce n’est pas un problème [la crise du logement] de grosse ville, mais un enjeu national. Il est temps que les autres paliers de gouvernement travaillent avec nous pour bâtir quelque chose », indique-t-il.
45 millions de dollars pour l’aménagement et la création de logements
Au terme de ce sommet, le premier ministre a annoncé, mercredi, un investissement de plus de 45 millions de dollars pour la création du nouveau Fonds pour la simplification du processus d’approbation des demandes d’aménagement.
Ce fonds serait destiné aux 39 municipalités les plus importantes de la province, en vue de « moderniser, de rationaliser et d’accélérer leurs processus de gestion et d’approbation des demandes d’aménagement ».
« Pendant que la discussion se poursuit, notre gouvernement veillera à ce que les municipalités disposent des outils et des ressources dont elles ont besoin pour bâtir des logements dans l’ensemble des collectivités de la province », a indiqué Steve Clark, ministre des Affaires municipales et du Logement.
À ce montant s’ajoute un versement de 8,4 millions de dollars destinés au fond pour la vérification et la responsabilisation et la formation d’un groupe de travail qui devra fournir des recommandations supplémentaires au gouvernement.
« Le sommet est une première étape pour entamer un dialogue sur les besoins criants de logement abordable dans les municipalités à travers l’Ontario », a déclaré Jim Watson, maire d’Ottawa. « J’ai eu la chance de soulever quelques points d’intérêts personnels à ce sujet : le surplus de terrains provinciaux et fédéraux, le besoin d’appliquer un zonage inclusif et les bienfaits d’une taxe sur les logements vacants pour financer la construction de nouvelles unités de logement abordable. »
De nombreuses attentes de la part des localités rurales francophones
Du 23 au 25 janvier, Doug Ford et Steve Clark participeront à une conférence virtuelle avec la Rural Ontario Municipal Association (ROMA). La conférence devrait porter sur les priorités des régions rurales et les occasions de bâtir l’Ontario, notamment le logement, la croissance économique, la santé publique et le développement des ressources.
Pour bon nombre de petites municipalités francophones, cette table ronde sera le moyen de présenter les besoins en termes d’habitation et d’obtenir du financement pour plusieurs projets d’aménagement.
« On a un besoin urgent de maisons pour nos personnes âgées et les personnes à faibles revenus. J’espère que le gouvernement compte ouvrir des fonds et des programmes d’aides pour les moyennes et plus petites communautés », a indiqué Roger Sigouin.
Selon lui, la hausse exponentielle des prix dans la ville rend le logement quasi impossible pour les personnes à revenus faibles ou vivant sous des allocations.
« Pour l’instant, nous avons un projet qui est en cours d’étude pour la construction de logement abordable. On espère que le gouvernement va nous donner des fonds, non seulement pour nous aider à construire, mais aussi pour offrir des loyers abordables pour des personnes qui n’ont pas des plans de pension », ajoute-t-il.
Cette opinion est partagée par le maire de Clarence-Rockland, dont les listes d’attente pour les logements abordables ont atteint des chiffres records. Selon lui, 205 familles et 153 personnes âgées sont sur des listes pour obtenir un logis.
« Il faudrait mettre en place des programmes gouvernementaux qui encouragent les développeurs à bâtir des résidences abordables. Pour l’instant, ces derniers construisent ce qu’ils veulent compte tenu des tendances du marché. Cependant, il faudrait trouver des moyens pour les inciter à produire des immeubles locatifs et des maisons pour répondre aux besoins de la population », conclut-il.