Randy Boissonnault le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles. Crédit image: Stéphane Bédard.

OTTAWA — Le ministre des Langues officielles et de l’Emploi, Randy Boissonnault, se retire du Conseil des ministres alors que Ginette Petitpas Taylor fait son retour comme ministre des Langues officielles, a annoncé le bureau de Justin Trudeau mercredi après-midi.

« Le premier ministre et le député Randy Boissonnault ont convenu que M. Boissonnault se retirerait du Conseil des ministres à compter de maintenant. M. Boissonnault se concentrera à faire la lumière sur les allégations à son encontre », peut-on lire dans un communiqué envoyé par le bureau du premier ministre.

C’est Ginette Petitpas Taylor qui prendra la relève de manière temporaire aux Langues officielles ainsi qu’au ministère de l’Emploi et du Développement de la main-d’œuvre, ajoute le bureau du premier ministre. Cette dernière a occupé le portfolio des Langues officielles de 2021 à 2023, en pilotant la modernisation de la Loi sur les langues officielles.

En plus de ses nouvelles responsabilités, la ministre acadienne conserve aussi le ministère des Anciens combattants et son rôle de ministre associée de la Défense nationale.

Ginette Petitpas Taylor, ministre des Langues officielles. Maison de la francophonie Toronto
Ginette Petitpas Taylor, sera de retour comme ministre des Langues officielles. Archives ONFR+

Randy Boissonnault a été nommé ministre des Langues officielles et de l’Emploi en 2023, lui qui était membre du cabinet de Justin Trudeau depuis 2021.

La nouvelle ministre des Langues officielles a réagi à ses nouvelles fonctions en déclarant qu’elle « remercie le premier ministre pour sa confiance continue ».

Controverse autour de l’identité autochtone

Cela fait suite à des propos contradictoires de Randy Boissonnault sur son identité autochtone révélés par le National Post. Il avait indiqué à plusieurs reprises dans le passé que son arrière-grand-mère était une « femme crie pur sang ». Il s’était aussi identifié comme un Blanc ou encore un « Cri adopté et sans statut », mais il s’est révélé que son arrière-grand-mère n’était pas Crie. L’ex-ministre avait finalement admis que ce n’était pas vrai, mais que son frère et sa mère adoptive étaient des Métis inscrits.

L’élu franco-albertain a toujours plaidé qu’il n’avait jamais prétendu avoir des origines autochtones et a indiqué récemment toujours en être « en plein apprentissage de mon propre patrimoine ».

De plus, une de ses entreprises, Global Health Imports, a appliqué à deux reprises des contrats fédéraux en s’identifiant comme une compagnie « entièrement LGBT+ et Autochtone ».

Comme la compagnie comporte deux propriétaires, le ministre et son partenaire d’affaires Stephen Anderson, il faudrait qu’au moins un des deux ait des origines autochtones. Le député libéral a plutôt accusé M. Anderson d’avoir agi en son nom en plus d’indiquer qu’il n’avait plus de parts dans cette compagnie. Le fait d’être une entreprise autochtone peut signifier d’être favorisé lors de l’obtention de contrats fédéraux.

« Ce qui s’est produit devait se produire »

Les appels à la démission du désormais ex-ministre des Langues officielles s’étaient multipliés dans les derniers jours.

À la période des questions mercredi, Pierre Poilievre a accusé Justin Trudeau d’avoir gardé en place Randy Boissonnault alors qu’il « était au courant que le ministre en question avait dirigé son entreprise lorsqu’il était au Cabinet et qu’il avait dit qu’il avait une fausse identité autochtone ».

« Le député d’Edmonton-Centre a quitté le Cabinet et va se concentrer sur sa défense contre ces allégations », a rétorqué le premier ministre.

Le député de l’Est ontarien Francis Drouin « a tenu à remercier tout ce qu’il a fait pour les langues officielles » tandis que Marc Serré a qualifié la situation de « triste » clamant que l’ex-ministre a toujours été « un champion » pour les enjeux autochtones. L’élu de Nickel-Belt n’a toutefois pas caché que la controverse a permis aux conservateurs de jouer « le jeu politique », ce qui « nuisait à certains travaux des comités et des Communes », a-t-il indiqué à sa sortie de la période des questions aux Communes.

Malgré sa démission, le NPD réclame toujours que la lumière soit faite sur cette situation en comité parlementaire autant au niveau de l’entreprise de M. Boissonnault que sur son identité autochtone.

« J’ai besoin que cette affaire fasse l’objet d’une enquête approfondie. Nous devons faire preuve de transparence pour les Canadiens », revendique le député albertain et néo-démocrate, Blake Desjarlais.

Pour le chef du Bloc Québécois,« ce qui s’est produit devait se produire » et le maintien de Randy Boissonnault ne se pouvait pas se faire, « avec autant de possibles épouvantables erreurs », a partagé Yves-François Blanchet.