Les appels à la démission de Randy Boissonnault se multiplient
OTTAWA – Après le Parti conservateur hier, c’est maintenant au tour du NPD et de l’ancienne procureure générale du Canada, Jody Wilson-Raybould de demander la démission du ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault. Ce dernier est impliqué dans une controverse en lien avec des affirmations sur ses origines autochtones et de l’une de ses entreprises.
Le ministre se retrouve aussi sous les feux de la rampe depuis plusieurs mois en raison de ses liens d’affaires avec une de ses entreprises Global Health Imports (GHI) qui a connu des démêlés judiciaires.
Lundi lors de la période des questions aux Communes, le leader conservateur Pierre Poilievre a appelé le représentant libéral à quitter ses fonctions, soutenant qu’une seule de ces allégations serait « un prétexte pour démissionner ».
Le NPD a aussi demandé à ce que Justin Trudeau expulse Randy Boissonnault de son cabinet si ce dernier ne veut pas partir.
« Nous devons comprendre que les gens abusent du système pour obtenir des avantages limités. Nous devons rendre justice aux autochtones et aux électeurs d’Edmonton-Centre et pour ça, Randy Boissonnault doit démissionner », a réclamé l’élu néo-démocrate Blake Desjarlais en conférence de presse au Parlement.
Plus récemment, le National Post a révélé que des affirmations du ministre franco-albertain au sujet de ses origines autochtones étaient contradictoires. Dans une déclaration sur X, vendredi dernier, le ministre a indiqué qu’il n’avait pas lui-même le statut de Métis, mais que sa mère adoptive et son frère étaient tous deux des Métis inscrits. Ce dernier avait pourtant affirmé par le passé dans des discours au Parlement que son arrière-grand-mère était une femme d’origine crie (a full-blooded Cree woman).
Il a finalement reconnu s’être trompé, indiquant en être « en plein apprentissage de mon propre patrimoine », plaidant toutefois n’avoir jamais prétendu avoir lui-même des origines autochtones.
Le National Post a aussi révélé que GHI s’était identifiée comme une entreprise entièrement autochtone à plus d’une reprise dans des soumissions pour des contrats fédéraux dans le cadre de la Stratégie d’approvisionnement auprès des entreprises autochtones qui vise à favoriser la réconciliation économique. Ce programme permet aux entreprises autochtones de postuler pour des contrats fédéraux à condition qu’au moins 51 % de l’entreprise aient des propriétaires d’origine autochtone.
Le ministre Boissonnault a accusé son partenaire d’affaires dans Global Health Imports, Stephen Anderson « d’avoir utilisé mon nom sans mon autorisation pour promouvoir ses intérêts personnels à plusieurs reprises ».
« Je n’ai pas consenti non plus à ce que M. Anderson présente Global Health Imports comme une entreprise autochtone, et je ne le ferai jamais », a-t-il déclaré.
Le comité d’éthique avait déjà enquêté sur le rôle de Randy Boissonnault dans GHI. Cela a été motivé par des textes divulgués à un journaliste de Global News qui montraient que Stephen Anderson faisant référence à des communications commerciales avec quelqu’un de GHI nommé « Randy » après que l’élu libéral ait été nommé au cabinet. Les ministres sont tenus par la loi de ne plus être impliqués dans leur entreprise une fois en poste.
Le partenaire d’affaires du député d’Edmonton-Centre a également admis avoir menti à un journaliste sur l’identité du deuxième « Randy », bien qu’il ait toujours refusé d’identifier publiquement qui est l’autre « Randy ».
L’ancienne ministre libérale Jody Wilson-Raybould a écrit sur X (en anglais) que si Justin Trudeau était « engagé en faveur d’une véritable réconciliation, aurait destitué Randy du Cabinet depuis longtemps ».
« Au lieu de cela, nous pouvons regarder les Blancs jouer à la roue de la Fortune de leur ascendance. Tellement honteux et extrêmement destructeur! », a dénoncé l’ancienne ministre de la Justice, expulsée du caucus libéral dans l’affaire de SNC-Lavalin.
En direct du G20 à Rio de Janeiro au Brésil, Justin Trudeau a dit que son ministre « allait continuer à répondre » aux accusations qui lui sont adressées.