La police d’Ottawa réclame 1 800 agents de plus pour reprendre le contrôle de la ville
OTTAWA – Au onzième jour de manifestation des camionneurs, le Service de police d’Ottawa demande le renfort de 1 800 nouveaux policiers et ressources civiles, et ce « immédiatement », selon son chef Peter Sloly, lundi. Le maire Jim Watson a écrit aux deux paliers de gouvernement afin de recevoir cette aide, jugeant la situation extrême et inédite.
Présentement, l’entièreté du corps de police locale travaille, « personne n’est en congé », ce qui n’est pas une solution « durable », clame M. Sloly. « On fait tout ce qu’on peut pour en finir de manière pacifique avec cette manifestation illégale. » Dans une lettre envoyée à ses contreparties au niveau fédéral et provincial, le maire d’Ottawa Jim Watson décrit un cocktail explosif : une occupation agressive, des résidents terrifiés, des drapeaux haineux. Il appuie sans réserve son chef de la police et presse les gouvernements à agir.
« On demande 100 policiers réguliers, 600 agents du maintien de l’ordre, 100 enquêteurs, 100 personnels civils et d’autres ressources, incluant des cyber-unités », précise la maire. « On a besoin de cette aide pour mettre fin au siège et reprendre le contrôle de notre ville. »
En réponse, la solliciteure générale de l’Ontario, Sylvia Jones, a indiqué avoir fait sa part. « D’importantes ressources opérationnelles avaient déjà mises à disposition de la capitale », a-t-elle rétorqué. « Les services de police, y compris le Service de police d’Ottawa, ont toute discrétion et un vaste pouvoir législatif en vertu du Code criminel pour répondre et gérer les manifestations et prendre des mesures d’exécution contre toute personne commettant des crimes sur leur territoire. »
1 500 agents de la Police provinciale, des agents municipaux extérieurs et de la Gendarmerie royale du Canada ont été déployés sur le terrain, selon la ministre. Près de 275 agents de la GRC viennent en aide à la police, mais ils sont en majorité affectés à la protection du parlement et la protection du premier ministre.
Près de 400 à 500 camions sont toujours présents au centre-ville. Depuis hier, toute personne tentant d’aider les manifestants en apportant des ressources telles du gaz ou des matériaux comme du bois est susceptible à une arrestation.
Réactions politiques à Ottawa et Toronto
Pour surmonter la crise, le chef libéral de l’Ontario, Steven Del Duca, demande la confiscation des camions pour acte criminel ou hybride. « Les résidents d’Ottawa sont victimes d’une dangereuse foule antivax qui tient leur ville en otage », a-t-il réagi. « Cela va bien au-delà de ce qui peut être considéré comme une protestation et l’occupation doit être combattue par des actions fortes. »
Mike Schreiner, le chef du Parti vert de l’Ontario, croit que la situation impose un retour en chambre immédiat à Queen’s Park. « Les Ottaviens et les Ontariens en ont assez du jeu de blâme des convois qui se déroule à tous les niveaux de gouvernement », a-t-il déclaré par voie de communiqué. « J’appelle à un retour d’urgence à Queen’s Park afin que nous puissions travailler ensemble sur une solution. Assez, c’est assez. »
Au Parlement, le ministre de la Protection civile, Bill Blair, a de son côté annoncé la mise en place d’une table ronde trilatérale avec la province et la ville d’Ottawa dans le but d’assurer de meilleures communications. Il évoque toutefois que ce n’est pas le rôle du gouvernement de dicter le rôle de la police.
« Nous avons un rôle d’appui », a soutenu le ministre des Affaires intergouvernementales Dominic Leblanc. « Toutes les demandes d’aides de la part des gouvernements municipaux et provinciaux acheminés par le fédéral ont été acceptées. Nous serons toujours prêts à répondre aux besoins des autorités municipales, qui ont la responsabilité législative de ramener l’ordre public dans la ville d’Ottawa. »
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a demandé un débat d’urgence à la Chambre des communes sur la situation dans la capitale nationale. « Ce qui se passe à Ottawa, ce n’est pas une manifestation, ce sont clairement des actes haineux », a-t-il indiqué, ajoutant que la situation a atteint un niveau de crise.
Injonction accordée
Lundi, la Cour supérieure de justice de l’Ontario a aussi ordonné la cessation des klaxons pour une période de dix jours dans une décision rendue par le juge Hugh McLean. Ce dernier a notamment évoqué les torts irréparables créés par les klaxons pour la santé des résidents pour expliquer sa décision.
Article écrit avec la collaboration de Rudy Chabannes.
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