« Convoi de la liberté » : le mouvement s’essouffle-t-il en Ontario?

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Contestataires délogés à Windsor, faible mobilisation à Toronto, accord de retrait partiel et contre-manifestations à Ottawa… Le mouvement des camionneurs opposés à la vaccination obligatoire a reculé sur tous les fronts en Ontario au cours du week-end, excepté dans le Niagara où un nouveau blocage a vu le jour. Au même moment, la France imitait la province : après plusieurs manifestations à Paris, des milliers d’automobilistes font route en direction vers Bruxelles, en Belgique, ce lundi. Retour sur un week-end agité.

Windsor : arrestations et réouverture du pont Ambassador

Le retour de la circulation sur le pont Ambassador, qui relie Windsor à Détroit, marque un tournant dans la crise anti-vaccin en Ontario. À la suite d’une double poussée, samedi puis dimanche matin, la police de Windsor, lourdement équipée, a mis un terme au blocage de la circulation transfrontalière.

Près d’une trentaine d’individus ont été arrêtés, dont une douzaine fait face à une accusation de méfait, a précisé en conférence de presse la cheffe de la police, Pamela Mizuno. Une dizaine de véhicules ont également été saisis. La Cour supérieure de l’Ontario ordonnait, dans une injonction, de libérer la route dès vendredi.

« Les actes illégaux, les blocages et les discours de haine ne doivent pas être tolérés et doivent être dénoncés », a déclaré dimanche par voie de communiqué le maire de Windsor, Drew Dilkens, mettant en garde contre toute récupération politique. « J’exhorte les dirigeants provinciaux et fédéraux à s’abstenir de toute rhétorique politique qui divise et à redoubler d’efforts pour aider tous les Canadiens à guérir, alors que nous sortons de près de deux ans de confinement et de restrictions sanitaires. »

Ottawa : contre-manifestations et compromis avec la ville

Près de 4 000 manifestants ont protesté samedi à Ottawa, au 17e jour d’occupation de la ville. La police a procédé à une trentaine d’arrestations et émis près de 2 600 contraventions. Plusieurs convois en provenance du Québec ont été empêchés de rejoindre la capitale. Près de 140 enquêtes criminelles sont en cours pour des infractions en lien avec la manifestation.

Si des centaines de camions continuent d’entraver la circulation dans la capitale, le maire de Jim Watson a arraché un compromis, dimanche, avec une des porte-parole des camionneurs. Tamara Lich a accepté de retirer les poids lourds situés dans les quartiers résidentiels, afin de répondre aux préoccupations des citoyens et des commerçants. La manœuvre qui doit débuter ce lundi pourrait s’étaler sur plusieurs jours et densifier le cortège aux alentours de la Colline parlementaire.

Deux contre-manifestations ont eu lieu samedi et dimanche en réaction aux nuisances provoquées par la présence des camions et à ce que plusieurs qualifient d’inaction de la police afin de les expulser. « Nous avons un plan pour mettre fin à cette occupation illégale », assure par voie de communiqué la police d’Ottawa, « et nous attendons les renforts nécessaires pour y arriver ». Pour contrer l’afflux de manifestants dans la région d’Ottawa, un Centre de commandement intégré a été mis en place, en collaboration avec le Police provinciale de l’Ontario et la Gendarmerie royale du Canada.

Toronto : mobilisation clairsemée au deuxième week-end

De retour pour un deuxième samedi de contestation à Toronto, la foule était moins nombreuse que le week-end précédent. Massés derrière l’Assemblée législative de l’Ontario, les contestataires se sont ensuite dirigés vers le centre-ville, brandissant pancartes et drapeaux canadiens.

En plus de sécuriser le périmètre de Queen’s Park et des hôpitaux, la police avait cette fois fermé les autoroutes Gardiner et Don Valley pour éviter que des camions ne convergent vers le centre-ville. Le maire John Tory a salué une manifestation « de toute évidence pacifique et respectueuse ».

AiIleurs : frontière entravée dans le Niagara et écho en France

Dans la journée d’hier, dimanche, un nouveau blocage s’est formé à la frontière canado-américaine, cette fois dans la région de Niagara, sur l’autoroute Queen Elizabeth, à Fort Érié, autre point d’accès vital pour le transport de marchandises en provenance des États-Unis.

Le mouvement anti-vaccin a par ailleurs traversé l’Atlantique. Des milliers d’automobilistes français ont rallié Paris au cours du week-end pour participer à une plusieurs manifestations contre le passeport vaccinal, avant d’être dispersés par les forces de l’ordre. Près 1300 voitures ont ensuite rejoint la ville de Lille, dans le Nord, une première étape sur la route de Bruxelles.

Les opposants au passeport vaccinal ont été arrêtés au moment d’entrer sur le territoire belge. La grogne en France va toutefois au-delà du rejet de la vaccination obligatoire, puisqu’elle amalgame des revendications sociales similaires à celles du mouvement de contestation des Gilets jaunes, né en 2018.