Brian Mulroney : un grand défenseur de la cause Montfort
OTTAWA – En 1997, à l’apogée du mouvement S.O.S Montfort, qui suscitait l’attention des élites politiques à travers le pays, l’ancien premier ministre progressiste-conservateur Brian Mulroney avait pris position en faveur des manifestants. En s’opposant à l’un des leaders politiques de son camp à l’époque, Mike Harris, Brian Mulroney a démontré un engagement fort envers l’Hôpital Montfort et la communauté franco-ontarienne. Son soutien reste particulièrement marquant pour les acteurs de S.O.S Montfort.
D’après Ronald Caza, l’avocat qui a piloté le dossier juridique pour la sauvegarde de l’Hôpital Montfort : « Le soutien de l’ancien premier ministre, M. Mulroney, était crucial, surtout venant d’une figure respectée et ayant grandement contribué au Canada. »
« Sans équivoque, il appuyait l’Hôpital Montfort. Il a joué un rôle très important pour s’assurer que nous avions la crédibilité pour l’hôpital et auprès du public afin de mener ce combat. »
Brian Mulroney était très impliqué dans ce dossier, se souvient également Gérald Savoie, chef de la direction de l’Hôpital Montfort durant les évènements.
« Je sais de source sûre que M. Mulroney est intervenu auprès de Mike Harris pour lui expliquer combien Montfort était important. »
À l’époque, l’ancien politicien se serait entretenu avec plusieurs premiers ministres au pays, dont Ralph Klein en Alberta, « il était allé chercher des contacts pour que d’autres aillent dissuader M. Harris ».
Dans un article du Droit, datant de la période Montfort, il était possible de lire que « l’ancien premier ministre conservateur a indiqué qu’il fera tout en son pouvoir pour empêcher la fermeture du seul centre hospitalier de langue française en Ontario ».
Gérald Savoie sait que l’ancien premier ministre agissait dans les coulisses pour changer le cours de l’histoire. « Il a eu une influence majeure sur la décision du gouvernement », estime-t-il. Et ajoute : « Ceux qui voulaient que Montfort cède, disaient que notre dossier était simplement régional. Finalement, les interventions ont montré que l’appui était non seulement régional, provincial, national et même international. M. Mulroney faisait partie de ces grands chefs d’État qui avaient des connexions à travers le monde et qui, de ce fait, ont certainement appuyé la Francophonie. »
L’Hôpital Montfort : une cause de principe pour Brian Mulroney
À plusieurs reprises, l’ancien premier ministre s’est présenté publiquement pour expliquer l’importance du rôle de l’Hôpital Montfort et l’importance des minorités linguistiques au Canada, se souvient M. Caza.
Il y a quelque temps, l’avocat de renom s’était entretenu avec M. Mulroney à propos de Montfort.
« On discutait du Carrefour santé Aline-Chrétien à Orléans. Lors du décès de Mme Chrétien, nous avions fait une campagne de fonds et contacté M. Mulroney, qui entretenait une grande estime pour Aline Chrétien. Dans ce contexte, il m’a aussi dit à quel point Montfort était toujours important pour la communauté, alors sans aucune hésitation, il a contribué. Son nom figure d’ailleurs sur les plaques dédiées aux donateurs. »
Ronald Caza se souvient d’un homme de causes. « C’était dans ses principes, c’était plus important pour lui que la partisanerie. »
La relation forte entre Brian Mulroney et Michel Gratton
« M. Mulroney était effectivement très présent dans les coulisses et il faut se rappeler que l’ancien premier ministre avait des liens forts avec Michel Gratton, qui était directeur des communications de l’hôpital à cette époque-là », indique M. Savoie.
Michel Gratton était un proche de l’ancien premier ministre pour lequel il a été son secrétaire de presse durant son mandat.
D’après le directeur général de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO), Diego Elizondo, Brian Mulroney était quelqu’un qui savait bien s’entourer et c’était le cas avec Michel Gratton.
« Il était fidèle à ses principes. Il a critiqué publiquement la décision de ses propres homologues ontariens conservateurs. »
D’après M. Elizondo, le politicien était le seul ancien premier ministre du Canada à se prononcer en faveur de la cause. « En temps de crise, les Franco-Ontariens avaient besoin de tous les alliers possibles et avoir quelqu’un comme M. Mulroney, c’était quelque chose. »
La communauté francophone en Ontario se souviendra certainement de l’impact qu’a eu Brian Mulroney sur l’Hôpital Montfort. Ils se souviendront peut-être aussi de son soutien à la création du premier collège francophone, La Cité.
« À l’époque, en 1989, c’était une première que le gouvernement fédéral de Mulroney finance une institution postsecondaire dans la francophonie », conclut-il.