Jacqueline Madogo sera la seule Franco-Ontarienne au sein de l’équipe nationale canadienne des Jeux olympiques. Photo : Instagram de Jacqueline Madogo / David Rutledge

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI  :

Jacqueline Madogo est une sprinteuse de 100 m et 200 m originaire d’Ottawa. Parmi les athlètes les plus rapides du pays sur ces deux distances, elle a déjà représenté le Canada sur la scène internationale en 2022 en participant au relais lors des Championnats du monde à Eugene aux États-Unis.

LE CONTEXTE :

Au terme d’une belle saison en extérieur, la Franco-Ontarienne a obtenu sa qualification pour les Jeux olympiques de Paris lors des essais olympiques canadiens d’athlétisme à Montréal le 30 juin dernier. Lors de cet événement, elle a battu son record individuel sur 200 m avec un temps de 22,97 s . Deux semaines plus tôt à Edmonton, c’est sur 100 m qu’elle avait signé un record personnel en 11,14 s. 

L’ENJEU :

Après un retour sur sa saison, Jacqueline Madogo revient sur le moment où elle a officiellement appris sa sélection olympique pour les épreuves individuelles sur 100 m et 200 m, ainsi que sur le relais 4 x 100 m. Elle se projette ensuite sur ce qu’elle attend de son expérience à Paris, sur et en dehors de la piste. 

« Comment s’est passée votre saison jusqu’à la qualification olympique, quel était votre état d’esprit par rapport à cette possibilité d’aller à Paris?

La qualification olympique était un objectif, mais c’est vrai que je pensais surtout au relais, je ne pensais pas pouvoir me qualifier pour un événement individuel, encore moins pour deux. Ce n’était pas quelque chose que j’envisageais, mais au fur et à mesure que la saison progressait, je me suis rendu compte que c’était atteignable. Je me sentais capable d’y aller en individuel et mon ambition a grandi.

J’ai réussi à atteindre un niveau qui m’a permis de rivaliser avec les filles les plus rapides du monde. Il fallait que je rêve plus grand, même si c’est vrai qu’au final c’est une belle surprise d’avoir obtenu ces deux qualifications individuelles. 

Il y a-t-il eu un moment où vous avez eu ce déclic de vous dire que vous pouviez rivaliser avec les meilleures? 

Je pense que c’était dès le début, à ma première compétition à Florida State. J’ai réalisé mes meilleurs chronos pour une ouverture de la saison (11,46 s sur 100 m et 23,20 s sur 200). Là, ça a marqué le début de saison, ça a vraiment mis l’emphase sur le fait que j’étais en forme, que je me sentais bien et que je pouvais le faire. 

Comment avez-vous abordez les essais olympiques, point d’orgue de votre saison? 

Deux mois avant, j’ai eu un petit problème au pied. Je n’ai pas eu la chance de courir aux Championnats du monde de relais à cause de cela, je ne voulais pas prendre de risque, mais dès le retour de cette compétition, on s’est concentré sur ma réhabilitation. Cela m’a permis de me sentir mieux et de faire un record personnel sur 100 m à Edmonton, ce qui m’a vraiment mis en confiance.

Aux essais je me sentais bien. J’étais en forme. Tout ce que je devais faire, c’était me placer sur le podium. On savait avec mon entraîneur que si je me plaçais sur le podium, j’avais une chance de me qualifier pour les deux épreuves individuelles. C’était définitivement mes objectifs. J’ai finalement réussi à obtenir ces deux podiums.

Malgré ces objectifs atteints, vous n’étiez pas encore certaine, à ce moment-là, d’aller aux Jeux…

N’ayant pas atteint les minimas, je devais me qualifier par l’intermédiaire du système de points, en faisant partie des 48 meilleures sur chacune des épreuves. J’ai finalement réussi à récolter assez de points pour en faire partie en allant toute la saison dans des compétitions qui sont à haut niveau. Je n’ai pas su directement le jour des essais que j’étais qualifiée. J’ai reçu le courriel, trois jours après. Le jour même, mon entraîneur me disait que c’était bon, que j’allais y aller. Mais comme je suis quelqu’un qui a besoin de la confirmation que c’est réel, avant de ressentir toutes les émotions, j’ai donc attendu de recevoir le courriel officiel.

Jacqueline Madogo arborant fièrement les couleurs de la sélection nationale canadienne. Photo : capture d’écran de l’entretien.

Quelle a été votre réaction? 

Quand je l’ai reçu, j’étais en route pour ma pratique. J’ai ouvert le courriel, mais j’ai éteint mon téléphone pour m’entraîner. Je ne voulais pas déranger la pratique et éclater de joie. J’ai vraiment attendu de pouvoir partager cela avec mes parents. J’étais vraiment contente, c’était un beau moment. Je voulais partager ça avec eux. Ils ont été là avec moi depuis le début de mon cheminement. Ce sont eux qui m’ont poussée à me mettre à 100 % sur l’athlétisme en mettant de côté le soccer.

Je ne pensais pas, lorsque j’ai commencé l’athlétisme, que je pouvais imaginer que je serais en route vers les Olympiques en 2024. C’est une belle surprise et le résultat d’une belle progression.

Quel est votre programme jusqu’aux Jeux? 

Avec l’équipe canadienne d’athlétisme, on va partir en camp d’entraînement en Espagne à Sant Cugat du 23 au 31 juillet. Ça va être vraiment le gros de la préparation. On va partir ensuite pour Paris par vagues. Je suis chanceuse, je suis dans la première vague. On va manquer la cérémonie d’ouverture, mais ce n’est pas grave, car on sera là pour la clôture. 

Qu’est-ce que cela représente pour vous de participer à ces Jeux olympiques en France? 

Participer à mes premiers Jeux olympiques, ce sera un moment inoubliable. J’ai la chance de faire partie de cette équipe et je pense vraiment que cette année on a beaucoup de talent. Il y a une bonne dynamique entre des athlètes jeunes et d’autres, plus expérimentés. On a fait beaucoup de bons chronos cette année, le relais féminin 4 x 100 m est remonté dans les classements. J’ai vraiment hâte de voir comment les Jeux vont se dérouler.

J’ai aussi hâte d’aller voir les autres disciplines, je suis une vraie fanatique de sport. Je suis aussi et surtout très heureuse de pouvoir vivre cette expérience avec ma famille, qu’ils puissent me voir dans ce grand championnat. Ils étaient là aux Championnats du monde en 2022, mais j’étais juste dans le relais, cette fois-ci, j’ai la chance d’être dans deux événements individuels, c’est différent. Je suis également impatiente d’aller à Paris, la dernière fois que j’y ai été, j’avais 11 ans. »