Des habitations préfabriquées conçues pour des autochtones et le Nord de l’Ontario
STURGEON FALLS – Au milieu de la crise du logement, une entreprise québécoise ouvrira une usine permettant de fabriquer des bâtiments en kit, facilement assemblables par les communautés éloignées.
La compagnie, basée à Alma, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, souhaite se lancer sur le marché ontarien après avoir connu un certain succès au Québec. C’est dans un parc industriel de Sturgeon Falls, dans le nord de l’Ontario, que la compagnie Boréal bâtira d’ici le mois de septembre l’usine qui devrait commencer ses opérations en 2025.
Ce choix d’emplacement est stratégique puisque des usines de scierie de bois sont situées aux alentours, dont Sturgeon Falls Brush and Contracting, qui vient de recevoir un investissement fédéral de 500 000$ pour étendre ses activités.
« C’est très bien positionné, c’est facile de s’y rendre depuis Toronto et Ottawa, mais aussi pour rejoindre les routes plus difficiles du Grand Nord », fait savoir Pascal Tremblay, vice-président développement des affaires pour Boréal.
Employés et service en français
L’entreprise prévoit l’embauche de 7 à 10 employés en usine pour la première année et près de 80 à terme. Non seulement les clients pourront être servis dans les deux langues, mais le recrutement de main-d’œuvre francophone sera une priorité.
« On a très peu de personnes anglophones dans l’organisation. D’avoir justement une ville comme Sturgeon Falls, qui a une bonne partie francophone, c’était un facteur décisionnel », renchérit M. Tremblay.
Établie en 2012, Boréal a produit 219 bâtiments préfabriqués au Québec pour l’année 2022 et a pour objectif d’en vendre autant en Ontario d’ici trois à cinq ans.
Réduire la pénurie de logements
Qu’est-ce qu’une maison préfabriquée? « C’est une maison en blocs Lego, comme Ikea, assemblée avec un manuel d’assemblage. C’est de l’autoconstruction et on fait de la plus petite maison à la plus grosse maison », explique Patrick Girard, président de Boréal.
Selon le Québécois, dans un contexte de pénurie de logements et avec la hausse des coûts de matériaux dans le Nord depuis la pandémie, il est essentiel de changer les méthodes de construction.
Avec cette méthode, les clients peuvent espérer faire des économies de 30 à 40%, comparativement aux coûts de construction d’une maison traditionnelle.
La compagnie dit « faire le plus possible en usine, le moins possible en chantier », puisque l’assemblage d’une maison préfabriquée est rendu très simple et ne nécessite que de trois à quatre personnes.
Une technologie adaptée au Nord
Le recourt à la technologie ThermologMD est ce qui différencie Boréal des autres options de maisons préfabriquées sur le marché.
Le Thermolog est fabriqué à partir de quatre planches de pin blanc séchées, qui sont utilisées comme revêtement intérieur et extérieur, avec du polystyrène expansé haute densité au centre pour fournir l’isolation nécessaire.
Une isolation parfaitement adaptée au Nord ontarien, selon l’entreprise qui exporte ses maisons au Yukon, dans le nord de l’Alberta et dans les Territoires du Nord-Ouest, en plus de vendre principalement localement, dans le nord du Québec.
« Le marché du nord de l’Ontario est très semblable à celui du Québec au niveau des habitations secondaires, surtout au niveau du secteur villégiature », rappelle M. Tremblay. « C’est idéal pour tous les gens qui apprécient le côté nordique et ce genre de bâtiments très chaleureux. »
Collaboration avec des membres des Premières Nations
Ces maisons préfabriquées ont aussi la particularité d’être facilement entreposables et transportables sur des routes de glace en conditions hivernales, ce qui s’est avéré très utile cet hiver lorsque l’entreprise a reçu une commande spéciale.
One Bowl, un organisme entièrement opéré par des membres des Premières nations, basé à Chapleau, a demandé à Boréal de faire acheminer cinq duplex capables de résister aux conditions météorologiques extrêmes du Grand Nord.
« On a tout chargé dans des contenants 53 pieds fermés, que nous avons livrés à Cochrane. Ils sont ensuite partis en train vers Matheson pour continuer sur des routes de glace, avance M. Girard. Il ne restait plus que 72 h avant que la route de glace ne ferme. »
Fabriquées en un temps record, en moins de 5 semaines, ces habitations de 30 pieds sur 80 pieds seront capables d’accueillir 10 familles. L’assemblage a lieu en ce moment même dans les réserves de Fort Albany, Kashechewan, and Attawapiskat.
Alors que la pénurie de logements touche plus sévèrement les communautés autochtones, cette initiative pourrait être une solution permanente dans le Grand Nord de l’Ontario. « Certaines communautés ont déjà exprimé le besoin de plus de 50 bâtiments dans les trois à cinq prochaines années, et nous sommes impatients de réaliser ces projets avec eux », conclut M. Girard.