Immigration francophone : l’Ontario n’a pas atteint ses cibles en 2023 et a baissé ses quotas à 3 % pour 2024
TORONTO – Non seulement les cibles en immigration francophone déterminées par la province n’ont pas été atteintes en 2023, mais les quotas sont vus à la baisse pour 2024, passant de 7 à 3 %. À ce constat du rapport annuel de la vérificatrice générale de l’Ontario, s’ajoutent des recommandations au ministère de l’Immigration de mieux surveiller le rendement du Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI) par rapport aux cibles.
Publié aujourd’hui, « l’audit réalisé visait à déterminer si le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences avait mis en place des processus et des systèmes efficaces pour que le POCI » corresponde aux besoins du marché du travail en Ontario pour l’obtention du statut de résident permanent et produise le résultat attendu.
Le gouvernement fédéral fixe des cibles en matière d’immigration et administre toutes les demandes de résidence permanente. En revanche, le POCI est le principal moyen par lequel la province donne son avis sur l’immigration économique en Ontario, lui permettant de sélectionner des candidats dont les compétences et professions répondent à ses besoins.
Or, les chiffres mis en avant pour 2023 révèlent un écart significatif entre les cibles francophones à 7% et les 1,8% atteints.
En parallèle, on découvre que les cibles sont revues à la baisse pour 2024, les quotas francophones passant de 7 à 3%.
Parmi les objectifs définis par le Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI) du ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences, le sixième s’attache à « Soutenir l’immigration francophone en Ontario ».
La vérificatrice générale recommande au ministère qu’il « finalise et mette en œuvre un ensemble complet de mesures et de cibles de rendement clé pour le POCI, en tenant compte de toutes les fonctions du programme, avec des mesures pour tous les objectifs énoncés du programme, y compris les besoins du marché du travail pour des professions particulières en fonction des postes vacants et du soutien à l’immigration francophone ».
Il est fait mention de mieux surveiller et d’analyser annuellement les résultats des indicateurs de rendement par rapport aux cibles.
Le ministère assume ses objectifs francophones revus à la baisse
Le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences, qui aurait accepté ces recommandations, dit avoir « élaboré un cadre IRC » avec des indicateurs harmonisés avec les objectifs stratégiques du POCI couvrant notamment « la régionalisation et les cibles en matière de francophonie ».
Nous avons également interrogé le ministère sur le gap de 2023 entre les objectifs à 7% et un résultat à 1,8% d’immigration francophone.
Celui-ci n’a pas été en mesure d’expliquer les raisons de cet écart, mais a confirmé avoir décidé de réajuster à 3 % « pour mieux s’aligner sur les tendances actuelles suite aux difficultés rencontrées pour attirer suffisamment de candidats qualifiés l’année dernière ».
D’affirmer : « Nous nous concentrons sur la mise en œuvre des recommandations de la vérificatrice générale visant à renforcer davantage le programme, notamment grâce à une plus grande autonomie et à une augmentation des allocations de candidature. »
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a réagi en appelant à une action immédiate pour atteindre la cible de 3 % en immigration francophone.
« L’immigration est un pilier essentiel pour la vitalité de nos communautés francophones, et il est impératif d’améliorer l’offre de services en français et de pourvoir les postes vacants. Nous réitérons notre engagement à collaborer avec le gouvernement pour renforcer l’immigration francophone, un levier clé pour le développement économique et culturel de l’Ontario », a déclaré le président de l’AFO Fabien Hébert.