Immigration francophone : « Du je-m’en-foutisme » de certaines provinces, déplore Miller
OTTAWA — Alors que le fédéral veut augmenter dans les prochaines années le nombre d’immigrants francophones, le ministre de l’Immigration Marc Miller se préoccupe « du je-m’en-foutisme de certaines provinces », dont l’Ontario, dans le dossier.
Le fédéral a récemment annoncé qu’il haussait ses objectifs en matière d’immigration francophone hors du Québec. Ottawa espère atteindre un taux de 10 % de nouveaux arrivants francophones hors du Québec en 2027, dans un but de favoriser le rétablissement du poids démographique francophone au pays, comme l’exige la Loi sur les langues officielles.
« Dans les meilleures provinces, il y a non seulement la compréhension, mais des fonds qui suivent, mais entre les deux, une méconnaissance totale, du je-m’en-foutisme. Il y a des provinces qui comprennent, mais qui n’ont pas nécessairement des fonds qui sont affectés », a-t-il soulevé lundi soir devant le Comité sénatorial des langues officielles.
Ottawa a augmenté en aôut le nombre de communautés francophones au pays désignées pour l’accueil de nouveaux arrivants. L’augmentation du volume dans ces petites communautés signifie le besoin d’un meilleur appui des provinces dans le domaine de la santé, l’éducation, du logement et de l’emploi, plaide le ministre.
« Ça me préoccupe beaucoup dans le besoin d’assurer d’une bonne intégration », ne cache pas Marc Miller.
« Ce sont des gens qui ont besoin de maisons, de services en français, d’éducation en français et des services de langue. Quand ils sont unilingues, ce n’est pas tout le monde qui peut passer toute sa vie en français dans ces petites communautés. »
« Sinon ce pôle d’attraction se perd et les gens se perdent dans les communautés et vont se diriger vers Montréal et Toronto, et c’est une question de deux générations avant qu’ils soient assimilés », craint le ministre de l’Immigration.
S’il salue le travail du Manitoba avec le premier ministre Wab Kinew et se dit encouragé par la récente élection de Susan Holt au Nouveau-Brunswick, Marc Miller affirme que la situation « dépend de la mouture politique de la province en question ».
« Je dirais que le travail est partiel surtout avec la façon de collaborer avec la province. Ça dépend de la province en question. C’est le cas autant pour l’Ontario que la Nouvelle-Écosse », donne-t-il en exemple.
« Le fédéral ne peut pas tout faire, poursuit-il. S’il y a une critique à nous faire comme gouvernement, c’est de tout faire nous-mêmes et ça a eu des résultats parfois mitigés, c’est le cas ici. Il faut que les provinces assument leurs responsabilités. »
Étudiants étrangers : « L’Ontario était assis sur son steak »
Concernant les étudiants étrangers en Ontario, le ministre a vivement critiqué le gouvernement Ford qui s’est « traîné les pattes » face à la situation de l’explosion de leur nombre et de la fraude.
« Je pense que, très honnêtement, l’Ontario était vraiment assis sur son steak en bon français et s’attendait à ce que personne ne fasse quoi que ce soit », a-t-il imagé.
En septembre, le fédéral a encore annoncé qu’il allait réduire le nombre d’étudiants étrangers de 10 % en 2025 et 2026. Cette décision a été vivement critiquée par les établissements francophones postsecondaires qui la considèrent comme contradictoire avec l’objet de la politique en immigration francophone fédérale qui vise à augmenter le nombre d’étudiants francophones.
« La modernisation de la Loi sur les langues officielles ne donnait pas nécessairement un passe-droit aux institutions francophones d’aller se payer n’importe qui, n’importe comment avec les vannes ouvertes simplement par prétexte qu’ils ont à cœur le fait français. Je les crois sur parole et je crois en la bonne foi (…) mais il fallait agir pour limiter le volume », rétorque à cet argument Marc Miller.