Le ministre de l'Immigration Marc Miller. Crédit image: Stéphane Bédard.
Le ministre de l'Immigration Marc Miller. Crédit image: Stéphane Bédard.

OTTAWA – Le gouvernement fédéral a annoncé jeudi qu’il abaissera de plus de 100 000 le nombre d’immigrants qu’il accueillera pour les deux prochaines années au Canada, mais qu’il augmentera ses cibles en immigration francophone hors Québec.

Dans un communiqué, le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté précise que sa cible en immigration francophone hors Québec sera de 8,5% en 2025, 9,5% en 2026 et 10% en 2027. Il s’agit d’une hausse par rapport aux niveaux annoncés en 2023 par le ministre de l’Immigration, Marc Miller. Ce dernier avait annoncé l’an dernier que le pourcentage de nouveaux arrivants francophones hors Québec au pays seraient de 6% en 2024, 7% en 2025 et 8% en 2026. Il avait toutefois laissé la porte à l’augmenter par la suite, comme c’est le cas aujourd’hui.

L’augmentation de la cible en immigration francophone :

  • 2025 : de 7% à 8,5%
  • 2026 : de 8% à 9,5%
  • 2027 : 10%

Concrètement, cela veut dire que le fédéral compte accueillir 33 575 résidents permanents francophones hors Québec en 2025, 36 100 l’année suivante et 36 500 en 2027, une augmenation qui vise à « contribuer à la vitalité du français » hors du Québec, a indiqué Justin Trudeau en conférence de presse.

Dans un communiqué jeudi, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a salué « les efforts effectués par le gouvernement » alors que la Société Nationale de l’Acadie « se réjouit de la prise en compte de nos besoins spécifiques en immigration ».

La FCFA demande depuis plusieurs années une cible de 12 %, estimant que c’est le seuil minimal pour pouvoir freiner le déclin démographique des francophones. La Loi sur les langues officielles, modernisée en 2023, oblige d’ailleurs le fédéral à ramener le poids des francophones hors Québec à 6,1 % alors qu’il est de 3,4 % selon les plus récentes données du Recensement de 2021.

Marc Miller soutient que son ministère « continue de pousser très fort » pour favoriser l’établissement d’immigrants francophones hors Québec, mais ne veut pas « induire en erreur » en y allant trop rapidement.

« Le 10 % est très ambitieux pour un gouvernement qui n’a jamais nécessairement rencontré même le 4,4 % (…) C’est significatif et c’est plus de trois fois ce que l’on faisait il y a quelques années, » a-t-il commenté, faisant référence aux échecs dans le passé de cet objectif fédéral.

Il plaide toutefois que l’immigration « n’est pas la solution à tout, mais que c’est une des grandes solutions » pour freiner le déclin du français hors du Québec. Il existe des défis « d’intégration », car il s’agit « de beaucoup de personnes dans des communautés qui sont somme toute assez petites ».

« Il y a des défis d’arrimer ces gens-là avec du travail dans les communautés pour ne pas qu’il migre par la suite à Montréal et à d’autres places où le français prédomine, ce qui ne contribue pas à l’épanouissement du français hors du Québec », a dit le ministre devant les journalistes.

Réduction de l’immigration

Aux côtés de Marc Miller, le premier ministre Justin Trudeau a aussi annoncé, jeudi matin, une réduction de 21 % du nombre d’immigrants pour l’année 2025, et de 24 % en 2026, par rapport aux cibles annoncées l’an dernier.

Il y a près d’un an, Marc Miller avait indiqué que le fédéral comptait accueillir 500 000 immigrants par année en 2025 et 2026. Il n’avait pas précisé de cible pour 2027.

Cette année, en 2024, le nombre anticipé de nouveaux arrivants est de 485 000.

La réduction en chiffres :

  • 2025 : de 500 000 à 395 000 immigrants permanents
  • 2026 : de 500 000 à 380 000 immigrants permanents
  • 2027 : 365 000 immigrants permanents

Un récent sondage de la firme Environics Institute conclut que plus de la moitié des Canadiens, soit 58 %, considèrent que le fédéral accepte trop d’immigrants, une hausse de 14 % par rapport à 2023. Il s’agit du changement le plus rapide sur une période de deux ans depuis 1977, soit depuis que la firme de sondage pose la question aux Canadiens.