Les chefs Marit Stiles (Nouveau Parti démocratique), Doug Ford (Parti progressiste-conservateur), Bonnie Crombie (Parti libéral) et Mike Schreiner (Parti vert) ont lancé leur campagne. Montage ONFR. Photos : Youtube/X des partis et Archives ONFR

Au premier jour de la campagne électorale en Ontario, les chefs de parti ont choisi des thèmes radicalement différents. Le premier ministre sortant, Doug Ford, s’est focalisé sur l’économie, la néo-démocrate Marit Stiles sur les services publics, la libérale Bonnie Crombie sur la santé, et le vert Mike Schreiner sur le logement et l’éducation.

Face à la menace de « tarifs douaniers drastiques et généralisés qui dévasteront notre économie (…), on a besoin d’un fort leadership », a prévenu Doug Ford ce mercredi en déplacement à Windsor pour lancer sa campagne.

Le premier ministre s’est positionné en protecteur de la province et des emplois, comme il l’a fait au cours des dernières semaines, promettant des « dizaines de milliards dollars en nouvelles dépenses pour maintenir les gens au travail » et garder « notre économie compétitive ».

À l’exact opposé, la cheffe sortante de l’opposition officielle, Marit Stiles, a axé son premier discours sur les services publics et le pouvoir d’achat. « Votre vote a un véritable pouvoir, a-t-elle lancé depuis Toronto. Vous pouvez voter pour embaucher plus de médecins, construire plus de logements, réparer nos écoles, rendre la vie abordable. »

Elle a cherché à se démarquer à la fois de Doug Ford et de Bonnie Crombie en allant sur le terrain des valeurs. « Doug Ford négocier avec Trump? Il est incapable de conclure une bonne entente. Regardez ce qu’il a fait avec la Place Ontario ». Et de tacler Bonnie Crombie : « Elle ne veut pas se débarrasser de Doug Ford, elle veut être Doug Ford. Ce ne sont pas mes valeurs. On a besoin de changement. »

De son côté, en déplacement à Barrie, Bonnie Crombie s’est focalisée sur les difficultés d’accès des Ontariens à un médecin. La cheffe libérale portait une casquette sur laquelle il était écrit : Les vrais leaders réparent le système de santé, en guise de réponse à celle de Doug Ford, Le Canada n’est pas à vendre, comme pour signifier que les priorités des Ontariens étaient ailleurs. « 2,5 millions de personnes n’ont pas de médecin de famille. Les libéraux de l’Ontario vont régler ce problème », a-t-elle assuré, promettant de moderniser la médecine familiale.

Mike Schreiner, le chef du Parti vert, a promis de se battre pour « construire des maisons que les gens puissent s’acheter, réparer la santé, l’éducation et créer un Ontario juste en mettant l’humain avant le profit ».

« S’ils vont trop sur le terrain (des tarifs américains et de l’économie), les adversaires de Doug Ford font le calcul qu’il va gagner les élections »
— Peter Graefe, politologue

« Les narratifs qu’on a entendus aujourd’hui sont très différents, analyse Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster. Doug Ford a lancé sa campagne en la liant directement à son étoffe de chef dans une situation économique qui s’annonce difficile. »

Côté libéral, « étant assez proche de M. Ford sur le plan économique, Mme Crombie a tenté de se différencier sur la question de la santé, un maillon faible du Parti progressiste-conservateur pour une partie des Ontariens ».

Enfin, « Mme Stiles a insisté sur le désir de changement, mais ce désir étant divisé de façon assez égale (en intentions de vote) entre le Parti libéral et le NPD, elle commence à courtiser les partisans libéraux. Si elle parvenait à débloquer le flanc gauche du parti, elle pourrait trouver des appuis chez ceux qui désirent ce changement ».

Pour le politologue de Hamilton, les opposants ont éviter la question économique et tarifaire car « en allant trop sur ce terrain, ils font le calcul que Doug Ford va gagner les élections. »