
43e Franco-Fête de Toronto : nouvelle date et nouveau lieu pour se relancer et se retrouver

TORONTO – Après une année marquée par l’incertitude, la Franco-Fête de Toronto revient aux bases qui avait fait son succès par le passé. De retour en juin (du 20 au 22) et au Centre Harbourfront, la 43e édition offrira une programmation riche et inclusive pour tenter d’attirer les multiples communautés francophones de la Ville Reine.
L’an dernier, l’avenir du festival était sérieusement compromis par un manque de financement. Aujourd’hui, grâce à l’appui renouvelé de plusieurs partenaires, l’événement autrefois phare de la francophonie torontoise revient plus déterminé que jamais avec une nouvelle présidente du conseil d’administration, Karine Barrass.
« Ce retour à Harbourfront marque un moment charnière pour la Franco-Fête. Nous avons frôlé l’annulation définitive, mais la communauté nous a fait comprendre que cet événement était essentiel pour le rayonnement de la francophonie à Toronto, affirme Mme Barrass. C’est avec beaucoup d’émotion que nous dévoilons cette programmation 2025, empreinte de diversité, d’audace et de reconnaissance des Premiers Peuples. »
Une programmation à l’image d’une francophonie plurielle
Derrière la sélection artistique de cette 43e édition, il y a une volonté forte de refléter les visages multiples de la francophonie torontoise.
« La communauté francophone à Toronto, elle est très, très diversifiée. C’est une francophonie plurielle, et il faut que ça se ressente sur scène. Les gens doivent se reconnaître et sentir qu’ils font partie de cette communauté », explique Sophie Bernier, directrice de la programmation.
C’est dans cet esprit qu’ont été choisis des artistes issus du Congo, de la Côte d’Ivoire, de l’Algérie, du Québec ou encore de l’Ontario. L’ouverture du festival, le vendredi 20 juin, illustre cette diversité avec deux têtes d’affiche aux styles distincts mais complémentaires : le slameur franco-ontarien Yao, suivi de la chanteuse franco-congolaise Théodora, étoile montante de la pop urbaine.
Une journée du 21 juin ancrée dans les cultures autochtones et afrodescendantes
Le samedi 21 juin prendra une tournure plus engagée, en coïncidence avec la Journée nationale des peuples autochtones. Une programmation spéciale, imaginée par la curatrice autochtone Makena Rankin-Guérin, a été conçue pour allier festivité et pédagogie.
« On ne voulait pas que ce soit seulement des spectacles. On voulait que les gens puissent aussi participer, apprendre et repartir avec des connaissances, précise Sophie Bernier. Il y aura un DJ autochtone, un atelier de danse intertribal, un quiz sur les peuples autochtones… Le tout dans un esprit festif. »
Ce souci de transmission s’inscrit dans une volonté de valoriser des cultures souvent marginalisées, mais fondamentales à l’histoire du territoire.
En soirée, place à la musique avec le hip-hop percutant de Sensei H, le reggae engagé de Joyce N’Sana, et une touche de nostalgie avec Les Colocs-Ensemble en trio, qui clôtureront la journée en revisitant les grands classiques du groupe québécois.

Un retour symbolique au Harbourfront et aux dates historiques de juin
Autre nouveauté cette année : la Franco-Fête revient à ses dates historiques autour de la Saint-Jean-Baptiste, comme ce fut le cas avant 2015. Un retour motivé par les demandes répétées de la communauté torontoise.
« Ça faisait dix ans qu’on entendait les gens nous demander de revenir en juin. C’est la fin des classes, c’est la Saint-Jean… Ça a du sens pour tout le monde », affirme Sophie Bernier.
Ce changement de date s’accompagne d’un retour au Centre Harbourfront, un lieu emblématique des premières éditions.
« C’est beau, c’est au bord de l’eau, c’est couvert, accessible en transport… On voulait vraiment revenir à ce site qui a une forte valeur affective pour les habitués, tout en offrant une belle découverte aux nouveaux arrivants », ajoute-t-elle.

Deux festivals en deux semaines : un défi logistique
Cette 43e édition de la Franco-Fête s’inscrit aussi dans un mois de juin particulièrement chargé pour l’équipe organisatrice, qui enchaînera avec le Festival franco-ontarien d’Ottawa dès le week-end précédent. Un défi logistique de taille que l’équipe assume pleinement.
« C’est sportif! On prend ça une journée à la fois, mais on ne voulait pas que nos contraintes internes empêchent de répondre au désir très fort de la communauté torontoise de revenir aux dates de juin, confie Sophie Bernier. On va se donner un grand coup pour offrir deux beaux festivals à deux semaines d’intervalle… et ensuite, on prendra un peu de repos! »
Une journée familiale pour conclure
Le dimanche 22 juin sera consacré aux familles. À 13h30, les enfants seront invités à participer au spectacle Zak : dompteur de défis, avant de céder la scène à deux groupes scolaires gagnants du concours « Monde le son ».
Cette journée met l’accent sur la relève et l’importance de transmettre la culture francophone aux plus jeunes.
Une mission de survie devenue mission de ralliement
Si la programmation 2025 semble festive, elle est aussi le fruit d’un combat. L’an dernier, le festival a failli disparaître, faute de moyens.
« On était vraiment dans une situation très, très précaire. On a dû faire beaucoup de bruit pour que les gens réalisent que la Franco-Fête était en péril », raconte Sophie Bernier.
Ce cri d’alarme a porté ses fruits. Plusieurs commanditaires sont revenus, de nouveaux programmes publics ont été débloqués, et la mobilisation communautaire a été forte.
« C’est un festival gratuit, donc on n’a pas de revenus de billetterie. Si les subventions et les partenariats ne suivent pas, c’est toute la viabilité qui est menacée. Mais les gens ont compris que s’ils voulaient que la Franco-Fête continue, il fallait nous aider », insiste-t-elle.
Aujourd’hui, la nouvelle présidente Karine Barrass incarne ce nouveau souffle.
« Elle était déjà très impliquée. Son arrivée à la présidence s’est faite dans la continuité d’un travail d’équipe intense. Elle joue un rôle moteur dans cette relance », conclut Sophie Bernier.