Sports

Paris 2024 un an après : Michael Woods annonce la fin de sa carrière

Michael Woods devrait disputer sa dernière course en carrière à Montréal le 15 septembre prochain. Photo : Graham Hughes/ La Presse canadienne

Un an après les Jeux olympiques de Paris, ONFR vous propose de revenir sur les souvenirs des athlètes franco-ontariens et surtout sur leur année après les Jeux. Ce mardi 19 août, c’est au tour de Michael Woods, pilier du cyclisme canadien. Retour sur l’expérience unique qu’il a vécue à Paris et sur la saison qui l’a menée à annoncer la fin de sa carrière en ce début de semaine.

Dans le dernier billet de blog qu’il a tenu tout au long du Tour de France, Michael Woods a surpris le monde du cyclisme, ce lundi 18 août, en annonçant qu’il raccrocherait le vélo à la fin de la saison. 

« Comme on dit, toutes les bonnes choses ont une fin. J’ai encore de grandes ambitions pour les années à venir, dans d’autres disciplines d’endurance – j’ai des projets épiques, restez à l’affût. Mais pour les raisons mentionnées plus haut, j’ai pris la décision de prendre ma retraite du cyclisme professionnel sur route à la fin de cette saison », a-t-il écrit.

Le coureur cycliste ottavien a partagé la nouvelle sur ses réseaux sociaux et en a profité pour remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réussite de sa carrière. Photo : capture d’écran du compte Instagram de Michael Woods

Dans ce texte empreint d’émotion, il confie aussi la raison profonde de ce choix : « Depuis cinq ans, j’évite d’embrasser mes enfants quand je vais les chercher à l’école, de peur de tomber malade avant une course. Je dors souvent dans une autre chambre, séparé de ma famille, pour optimiser mon sommeil. Chaque aspect de ma vie a été analysé et étudié pour maximiser ma capacité à rouler. J’ai adoré cette quête totale, et je n’ai aucun regret. Mais cela ne peut durer éternellement. »

Dernier Tour de France

Tout au long de son ultime Tour de France, Woods a tenu un journal quotidien, partageant les coulisses d’un coureur d’expérience. Il y racontait les espoirs, les déceptions, mais aussi des instants inattendus. Le plus marquant est survenu lors de la dixième étape : en pleine course, pris d’une urgence, il s’est arrêté pour utiliser les toilettes d’un camping-car d’un spectateur. Quelques minutes plus tard, il repartait à la poursuite du peloton, sous les encouragements amusés du public.

L’anecdote, que Woods a lui-même relatée avec humour dans son blog en évoquant son « moment Dumoulin », en référence à un épisode similaire du Néerlandais Tom Dumoulin sur le Giro, a fait le tour des réseaux sociaux. Loin d’en être gêné, le coureur ottavien a choisi d’en rire, offrant un visage humain et sans filtre à son dernier Tour. 

Sportivement, son bilan est mitigé : « Les choses n’ont pas tourné en ma faveur. Les jours où j’étais en forme, la chance n’était pas de mon côté, et lorsque j’avais une vraie opportunité, je n’étais pas assez bon. C’était frustrant, et le manque de courses cette saison, à cause de blessures et de maladies, a pesé lourd. Mais pour la première fois de ma carrière, je suis arrivé à Paris sans blessure ni maladie, et j’ai terminé ce Tour en meilleure condition qu’au départ. »

De Paris 2025 à Paris 2024

Un an plus tôt, Woods disputait la course en ligne des Jeux olympiques de Paris. S’il n’est pas monté sur le podium, il garde un souvenir très fort d’un moment bien particulier. Deux jours avant l’épreuve, il participait à la reconnaissance du circuit dans les rues de la capitale, routes fermées et foule en délire.

« C’était irréel. Nous roulions au cœur de Paris, devant des milliers de personnes qui criaient comme si c’était déjà la course. L’énergie était incroyable. »

Même si le résultat final a été décevant, Michael Woods garde un souvenir inoubliable de Paris 2024. Photo : Candice Ward/COC

Le jour de la course, il est parvenu à s’échapper et à passer en tête dans la première ascension de Montmartre. « Pour un court instant, je me suis senti comme un dieu. Je n’ai jamais connu un tel bruit, une telle ferveur. C’était assourdissant », se remémore-t-il dans un article de son blog. 

Durant l’année qui a suivi, Woody, comme il est surnommé, a enrichi encore un peu plus son palmarès. À l’automne 2024, il a remporté une victoire d’étape sur la Vuelta, sa troisième sur le Tour d’Espagne. 

« C’est ma troisième victoire à la Vuelta et j’en suis vraiment fier. Celle-ci, je vais la savourer », expliquait-il. 

Quelques jours plus tard, il brillait encore à domicile, avec une belle huitième place au Grand Prix cycliste de Montréal : « Je suis fier de cette 8e place. J’étais fort, j’ai tenté plusieurs fois. »

Entre ambitions et réalité

Dans un entretien accordé à Radio Canada en décembre 2024, Woods affirmait encore vouloir repousser sa retraite. Il avait même évoqué les Mondiaux 2026 de Montréal comme point final rêvé.

 « J’ai pris la décision dans les derniers mois de continuer jusqu’en 2026. Les Championnats du monde seront à Montréal, et j’ai pensé que ce serait un endroit idéal pour terminer ma carrière », avait-il déclaré à ce moment-là.

Finalement, la réalité en a décidé autrement.

Woody avait signé une très belle cinquième place aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, l’un des points culminants de sa carrière avec sa victoire d’étape sur le Tour de France en 2023. Photo Mark Blinch/COC

Avec du recul, Michael Woods se dit satisfait de tout ce qu’il a accompli jusqu’à aujourd’hui et que le temps est venu de raccrocher. 

 « J’ai réussi à devenir l’un des meilleurs cyclistes au monde, et c’est une aventure dont je suis diablement fier. »

Une dernière au Canada

Il va quitter le monde du cyclisme canadien en le laissant entre de bonnes mains comme il le confiait en décembre dernier. 

 « J’espère qu’un événement comme les Mondiaux 2026 à Montréal peut inspirer la prochaine génération. Guillaume Boivin et Hugo Houle vont aussi bientôt raccrocher. Mais on a Derek Gee, des coureurs comme Pier-André Côté et Riley Pickrell. C’est vraiment important d’avoir une course comme ça pour donner un but aux plus jeunes et montrer ce sport à son plus haut niveau. »

Même s’il n’ira finalement pas jusqu’aux Championnats du monde de Montréal en 2026, Michael Woods terminera bien sa carrière au Canada. Le vétéran ontarien devrait être au départ des Classiques Laurentiennes, avec le Grand Prix Cycliste de Québec le 12 septembre puis le Grand Prix Cycliste de Montréal le 14 septembre 2025.

Deux ultimes rendez-vous, sur ses terres, pour refermer en beauté un chapitre exceptionnel du cyclisme canadien.