Le BRF sonne l’alarme sur les choix économiques de la province
TORONTO – Le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario (BRF) prévoit que l’économie ontarienne ralentira si la province ne fait rien d’ici quelques années à moins que le gouvernement n’augmente les impôts ou réduit ses dépenses.
JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72
Le BRF estime que le ratio de la dette nette au Produit intérieur brut (PIB) de l’Ontario pourrait monter à 63 % d’ici 2050, ce qui représente un fardeau bien supérieur à la capacité de payer de la province. Pour David Wake, le directeur par intérim du BRF, c’est le départ à la retraite des baby-boomers qui risque de faire le plus mal à l’économie de la province.
« Si le gouvernement ne fait rien, ces changements démographiques feront ralentir la croissance des revenus fiscaux et augmenter les dépenses, ce qui mènera à d’importants déficits qui iront en s’alourdissant » – David Wake
Pour sa part, le gouvernement estime être en mesure d’atteindre un ratio de 27 % d’ici 2030. Or, ce n’est pas l’avis du BRF.
M. Wake indique que pour arriver à cet objectif, le gouvernement devra d’ici un an choisir de hausser les impôts, ou faire des coupes de plus de 6,5 milliards de dollars dans l’appareil de l’État.
Pire encore, M. Wake jette aussi un ombre sur la capacité de croissance économique de la province. Selon lui, le gouvernement ne peut pas se contenter de conserver l’équilibre budgétaire jusqu’en 2020, ce qu’il prévoit, mais doit absolument commencer à engranger des surplus s’il veut atteindre la cible qu’il s’est fixée.
Le gouvernement pourrait également augmenter la partie provinciale de la taxe de vente harmonisée (TVH) à 10 % s’il souhaitait régler le problème en une seule mesure.
Ces mesures permettront à la province d’avoir un surplus budgétaire pendant une quinzaine d’années, estime le BRF.
« Plus le gouvernement attend, plus les conséquences seront importantes », a expliqué David West, l’économiste en chef du BRF.
David Wake met également le gouvernement ontarien en garde : si la province tarde trop à agir, sa dette continuera d’augmenter, ce qui risque de mettre en péril la santé économique de la province et mettra sur les épaules de la province un fardeau fiscal bien supérieur à ce qu’il a reçu.
Le gouvernement engagé vers l’avenir
Le ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, a assuré que le gouvernement était engagé à la stabilité économique de la province et pour créer des opportunités pour les Ontariens.
« Le BRF a raison lorsqu’il reconnaît que les changements démographiques auront un impact sur l’économie de l’Ontario, c’est une réalité que bien d’autres juridictions doivent aussi faire face », a-t-il concédé.
« Nous avons toujours eu une approche fiscale prudente et responsable. Notre plan est d’investir dans les gens et notre économie. Cela fonctionne. L’an dernier, le PIB a augmenté de 2,7 % ce qui est mieux que les pays du G7 et plus du double du taux de croissance du Canada », a ajouté le ministre.
M. Sousa a ajouté que cette approche a été la bonne jusqu’à présent et permettra de « bien positionner l’Ontario pour le futur ». Il ne s’est toutefois pas engagé aux actions demandées par le BRF.
L’opposition veut des actions
Le critique en matière de Finances pour le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Vic Fedeli, estime que le gouvernement n’agit pas bien avec l’économie de la province.
« Ce gouvernement a accentué le niveau de dette de l’Ontario à un rythme inouï. C’est de la mauvaise gestion de l’argent public, et le BRF ne fait que confirmer que la situation est pire que ce que l’on peut penser », a-t-il lancé.
« Ce gouvernement continue de dire que nous sommes sur la bonne voie, même avec les données accablantes du BRF. Sans ajustement, nous allons voir de plus en plus de budget déficitaire et un niveau de dette sans précédent », a ajouté M. Fedeli.
Le député ontarien a remis en question les choix du gouvernement et demande des réponses en ce sens.