Une première joute politique pour les chefs, sans Doug Ford

La première ministre de l'Ontario, Kahtleen Wynne; la chef du Nouveau Parti démocratique de l'Ontario, Andrea Horwath; et le chef du Parti vert de l'Ontario, Mike Schreiner. Crédit image: Montage #ONfr

TORONTO – À peine quelques semaines avant le déclenchement de l’élection, Kathleen Wynne, Andrea Horwath et Mike Schreiner ont croisé le fer dans un premier débat des chefs organisé par Black Vote Canada. Mais c’est plutôt l’absence du leader progressiste-conservateur qui a retenu l’attention.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

D’emblée, la simple mention du nom de Doug Ford, chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, a causé une série de huées à son égard. Ce dernier a plutôt choisi de tenir un événement politique dans la région de Sudbury en même temps que les trois autres chefs croisaient le fer en banlieue de Toronto.

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, trouvait « déplorable » que M. Ford ne soit pas présent pour « avoir une discussion importante » avec les communautés de descendances africaines.

« Faites attention à ce que Doug Ford dit durant la campagne et il doit être tenu responsable pour ses propos », a lancé à un moment Mme Wynne.

La chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Andrea Horwath, n’a pas non plus caché sa déception.

« Ce ne sont pas des buzz médiatiques qui arrêtent le racisme, mais les actions », a-t-elle lancé en indiquant que si son parti était porté au pouvoir en juin, elle s’engageait à investir 20 millions de dollars dans un fonds pour contrer le racisme.

Le chef du Parti vert de l’Ontario (PVO), Mike Schreiner a aussi décoché plusieurs flèches envers Doug Ford au cours de la soirée.

« C’est une conversation trop importante pour que nous ne soyons pas tous présents », a-t-il dit en pointant la chaise vide laissée par les organisateurs pour souligner l’absence de M. Ford.

Les problèmes en éducation

Même si tous n’étaient pas présents, le débat a été la première occasion pour les chefs de confronter leurs idées. L’un des thèmes majeurs de la soirée est l’éducation et plus particulièrement, les problèmes des communautés ethnoculturelles dans les salles de classe ontariennes. Selon les statistiques avancées par les organisateurs, seulement 69 élèves noirs sur 100 graduent de l’école secondaire.

Pour Mme Wynne, il est important que le gouvernement collecte des données « afin de bien cerner les problèmes de la communauté de descendance africaine » dans les salles de classe.

Mme Wynne a assuré que son gouvernement travaillait d’arrache-pied afin que la communauté noire reçoive le soutien qu’elle mérite « autant dans la salle de classe que dans la communauté ».

« Plus de ce support est en route », a-t-elle assuré, ce qui a été accueilli de manière perplexe par l’auditoire.

Royson James, le modérateur, a d’ailleurs rétorqué que peu importe ce que le gouvernement faisait actuellement, « ça ne fonctionnait pas ».

À plusieurs moments dans la soirée, Mme Wynne a dû faire face à une foule plutôt hostile à son égard. Les réactions étaient nombreuses lorsque la première ministre ontarienne avançait « que les changements étaient en cours ».

Mme Horwath a pour sa part plaidé pour une plus grande diversité dans les salles de classe

« Quand les élèves vont à l’école, ils devraient voir des enseignants de couleurs », a-t-elle avancé.

« Pourquoi, nous n’avons pas toujours de travailleur social dans les écoles? Nous le méritons », a aussi lancé Mme Horwath.

Mme Horwath a tout de même concédé que des efforts avaient été faits par le gouvernement, mais que la situation était loin d’être parfaite.

« Ça devient redondant quand on demande sans cesse de répéter l’histoire où l’on a été victime de racisme, mais qu’au final rien ne change », a-t-elle souligné.

« Ces données sont inacceptables », a, quant à lui, lancé M. Schreiner, tout en plaidant qu’il fallait plus de ressources dans les salles de classe.

Contrôle d’identité

L’un des autres sujets chauds de la soirée a été le contrôle d’identité aléatoire par les forces policières. Mike Schreiner estime que les policiers doivent être mieux formés pour interagir avec les communautés et qu’il faut une plus grande diversité chez les policiers. Tout comme Andrea Horwath, il a appelé à une interdiction des contrôles d’identité aléatoires.

Kathleen Wynne a, quant à elle, appelé au changement de pratiques policières, mais n’a pas indiqué si elle voulait mettre fin à la pratique des contrôles d’identité aléatoires par les policiers.

« Nous devons trouver un équilibre », a-t-elle assuré.

Les élections provinciales auront lieu le 7 juin.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Trouver des solutions pour faire sortir le vote