Piper Gilles et Paul Poirier, en action lors l'épreuve de danse libre aux Internationaux Patinage Canada à Halifax, le 27 octobre 2024. Photo : Darren Calabrese / La Presse Canadienne

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

L’Ottavien Paul Poirier, vice-champion du monde en titre de danse sur glace, va de succès en succès avec Piper Gilles. La saison dernière, le duo a remporté l’an passé la Coupe de Chine, les Internationaux Patinage Canada (IPC) et les Championnats du Canada et des quatre continents.

LE CONTEXTE :

Leur saison 2024-2025 a débuté par une nouvelle victoire aux IPC le 27 octobre à Halifax (la cinquième de suite), avant de signer une deuxième place à Helsinki en Coupe de Finlande, le 17 novembre dernier. Des résultats les qualifiant pour la grande finale des Grands Prix ISU, du 5 au 8 décembre à Grenoble, en France.

L’ENJEU :

Cette nouvelle saison est cruciale pour la paire Paul Poirier-Piper Gilles, qui va tenter d’améliorer les très bons résultats réalisés la saison dernière, mais aussi déjà servir de préparation pour les Jeux olympiques d’hiver de 2026.

« Vous avez déjà fait deux compétitions en ce début de saison. Quel regard portez-vous sur ces résultats, même si ce ne sont pas des compétitions majeures? 

C’est toujours important de gagner. Chaque compétition est importante, même si elles ne sont pas majeures. Premièrement, parce qu’on veut toujours bien performer. C’est l’attitude d’un athlète. On a toujours l’objectif de performer à notre mieux. Ça n’arrive pas toujours, comme cette dernière fin de semaine en Finlande. Mais il y a toujours cette pression-là.

Et je pense aussi, spécialement dans un sport comme le nôtre, qu’il est important de construire un momentum. Si tu sors à chaque compétition et que tu performes bien, ça donne une sorte d’énergie perçue par le public et les juges. Et ça, c’est important aussi! 

On a commencé assez fort quand-même. La compétition au Canada s’est super bien passée. On était très content de nos performances. Cette fin de semaine en Finlande, c’était un peu plus une déception.

Comment analysez-vous cette deuxième place alors que vous étiez en tête après la danse rythmique? 

Notre programme libre n’a pas bien marché. On a fait plusieurs erreurs. J’ai chuté au milieu du programme. Ce n’est pas quelque chose qui nous arrive très souvent. Bien sûr, ça aurait été bien de pouvoir gagner cette compétition aussi. Mais c’est ça le sport.

Donc, ce n’est pas le point d’être fâché contre moi-même ou nous-mêmes, mais simplement de se dire que ça ne s’est pas passé comme je le voulais. Ça arrive parfois et il faut prendre chaque défaite et la traiter comme une occasion de s’améliorer, l’utiliser comme motivation et comme direction pour le reste de la saison.

Parlez-nous de vos deux nouveaux programmes pour cette saison, en commençant par le programme sur le thème imposé. 

Cette année, le thème choisi par le comité international, c’est les danses des années 50, 60 et 70. Nous avons décidé de prendre les styles de danse des années 60. On utilise la musique des Beach Boys et on voulait vraiment capter cette énergie-là du rêve américain qui existait alors. Si tu regardes les films des années 60, cette idée de la Californie, de la vie paisible, de la vie parfaite… On voulait utiliser cette musique-là pour peindre cette scène-là.

C’est un programme qui est fun. La musique des Beach Boys, c’est une musique que tout le monde connaît et qui a une très bonne énergie. Donc, je pense que c’est un programme agréable, sur lequel on aime beaucoup performer. On a eu une bonne réception du public les deux fois. 

Qu’en est-il du programme libre?

Cette année, on a pris un programme qu’on avait préparé pour les tournées pendant le printemps et le convertir en programme de compétition. On sentait, après les tournées du printemps, qu’on aimait beaucoup le programme et qu’on ne voulait pas le laisser comme ça. Bien sûr, les règles de compétition sont très différentes. Donc, il a fallu beaucoup changer les chorégraphies, mais c’est un programme qu’on aime beaucoup.  C’est une chanson moderne, mais on la performe dans un style tango.

Pour terminer sur le côté artistique, un mot sur le choix du costume rouge avec dos-nu… C’est peu commun.

Ce programme est un mélange de danse traditionnelle et de danse moderne. Je voulais que le costume représente ça aussi. J’ai une tenue très traditionnelle devant, mais je voulais faire un art plus moderne en me tournant, une sorte de petite surprise. C’est juste une extension de l’idée du programme.

La tenue de Paul Poirier avec le dos-nu évoqué lors de l’entretien. Photo : Danielle Earl/Skate Canada

Quelles sont vos ambitions  pour cette année? Vous avez fait une saison dernière fantastique… Est-ce possible de faire mieux? 

Bien sûr, on était tellement proches de la première place aux Championnats du monde, donc, oui, c’est un objectif! Mais pour nous, là maintenant, il y a aussi le but plus général de bien se préparer pour la saison olympique, qui s’en vient très rapidement.

On est déjà à 15 mois des Jeux olympiques. Il nous reste quatre ou cinq compétitions cette saison pour performer, pour être en avant des juges et pour, je pense, communiquer à travers notre patinage qu’on est prêt et qu’on mérite le podium olympique.

Cela va venir avec plusieurs performances solides de façon constante à travers la saison. Ce serait bien de gagner les Championnats du monde cette année, mais je pense que le plus grand succès, ce sera de se placer comme un des meilleurs couples en entrant dans la saison olympique. 

Les Jeux olympiques occupent donc déjà vos pensées à ce moment de l’année?

Oui, on y pense déjà. C’est tellement une grande chose. Ça prend beaucoup de préparation. Ça occupe beaucoup nos pensées. On commence déjà la recherche des musiques pour la saison olympique. C’est aussi maintenant que les préparations commencent : les formulaires, l’organisation, comment on va préparer notre saison pour bien gérer notre énergie, parce que c’est toujours difficile pendant l’année olympique. Il y a tellement plus d’attention sur le sport amateur, donc beaucoup plus d’entrevues, beaucoup plus d’opportunités avec des marques.

Cela rend difficile la gestion de son énergie. Tu peux dire oui à tout ce qui s’en vient, mais en même temps, il faut savoir quand les choses sont importantes et quand il faut vraiment se donner l’espace pour se reposer, pour se sentir bien, pour mieux se préparer, pour bien s’entraîner.

C’est déjà notre quatrième cycle olympique ensemble, donc on connaît bien comment ça va se passer de ce côté-là et on sait comment nous gérer pour avoir du succès. »