À Kitchener, une école ouvre virtuellement à cause de la pandémie
KITCHENER – La construction de l’École secondaire David-Saint-Jacques est bel et bien achevée, mais impossible pour les parents d’élèves d’en pousser les portes, à cause de la COVID-19. Le personnel a donc organisé des portes ouvertes à distance, via la plateforme Zoom, en présence de l’astronaute canadien qui lui a donné son nom.
Temporairement installés dans les locaux de l’École l’Harmonie, à Waterloo, les élèves de la première école secondaire du Conseil scolaire Viamonde de la région, ont fait leur rentrée en septembre dernier, espérant emménager dans l’édifice flambant neuf du 80 Burlington Drive, à Kitchener, juste après les vacances du printemps… mais la pandémie en a décidé autrement.
« L’école était toute prête mais, pendant les vacances, on a eu la nouvelle que les écoles étaient fermées jusqu’à nouvel ordre », confie son directeur Laurent Brisebois, mais « dès qu’on a le go, on y sera. On prouve que, avec de la technologie et un peu d’entraide, une pandémie n’arrête pas des portes ouvertes. »
Naviguant en images du gymnase aux laboratoires, de la classe de robotique à la bibliothèque, les participants ont découvert les lieux et posé des questions, lors de cette téléconférence insolite, jeudi soir. Certes, le procédé ne remplace pas une visite réelle ni n’offre la même rétroaction avec les parents d’élèves, mais il a permis de montrer à tous dans quelles conditions les élèves retrouveront le chemin de l’école.
Les enseignants sont aussi intervenus pour livrer leur sentiment et exprimer leur impatience, à s’approprier, avec les élèves, les nouveaux outils et espaces de travail que procurera le bâtiment.
Il restera à composer, comme dans l’ensemble des écoles de la province, avec une autre variable : les futures consignes du ministère de l’Éducation, attendues au cours de la semaine prochaine. La réouverture des écoles se fera-t-elle en début juin et, si oui, selon quelles normes de distanciation et de sécurité?
Si beaucoup d’inconnues entourent encore la reprise scolaire, cela n’entame pas le moral du personnel, focalisé sur l’apport d’un tel édifice dans l’apprentissage dans une région sous-dotée en écoles secondaires de langue française. Les élèves de la région désireux de poursuivre leur scolarité en français n’avaient jusqu’ici d’autre choix que d’aller étudier à Cambridge, voire Hamilton.
David Saint-Jacques en direct de Houston
L’intervenant majeur de la soirée restait toutefois David Saint-Jacques. L’astrophysicien et astronaute de l’Agence spatiale canadienne est venu partager sa fierté de voir son nom associé à une école.
« C’est très touchant, car l’école, l’université, ça me tient à cœur, pour mes enfants aussi », a-t-il lancé, rappelant que la nouvelle lui était parvenue l’année dernière alors qu’il était encore dans l’espace, à bord de la Station spatiale internationale.
Depuis le Texas, derrière son ordinateur, l’astrophysicien a fait un amusant parallèle entre la vie à bord du laboratoire gravitationnel et le confinement sur terre imposé par la COVID-19.
« C’est un défi qu’on vit tous en ce moment : garder de bonnes relations humaines avec qui on est confiné, donner du sens à nos journées en se fixant des objectifs, organiser ses propres horaires, car tout semble abstrait. »
M. Saint-Jacques s’est par ailleurs confié sur la sensation de voir la Terre depuis l’espace.
« Ça rend évident à quel point elle est fragile et à quel point on est exposé. On est tous des astronautes à bord de ce petit vaisseau spatial, la Terre, qui flotte dans le vide spatial et nous garde en vie. Ça m’a convaincu de l’importance de prendre soin de notre planète. »
Les programmes spatiaux démontrent également que des peuples, des pays, qui ne s’entendent pas très bien sur Terre, peuvent collaborer dans l’espace. « Quand on réalise qu’on a plus en commun que ce qui nous rend différents, c’est incroyable ce qu’on peut accomplir. »
Toutes ces références, qui n’étaient pas étrangères aux valeurs scolaires, inspireront certainement les 300 élèves de la 7e à la 12e année qui investiront le nouvel établissement.