À Ottawa, il faudra s’armer de patience avant de recevoir la nouvelle flotte d’autobus électriques
OTTAWA – En 2022, quatre autobus électriques ont été mis en service pour desservir les habitants d’Ottawa. Une flotte de 26 nouveaux véhicules devait entrer en fonction dès 2023, mais des retards financiers ramènent le projet à 2024.
Là aussi, la Ville prévoit, pour 2027, une flotte de 350 autobus verts au lieu de 446 comme annoncé en 2021. Un projet revu à la baisse et jugé plus réaliste.
Le coût total estimé par la mise à jour financière de l’Hôtel de Ville pour le programme d’autobus non polluants incluant les 350 véhicules était de 974 millions de dollars.
Mais la facture pourrait s’élever à deux milliards de dollars. « Sous réserve, puisque les négociations sont toujours en cours et nous n’avons pas attribué notre contrat pour le fournisseur », explique Renée Amilcar, directrice générale d’OC Transpo.
« L’appel d’offres est en cours et il est encore difficile de fixer un prix. Nous devons inclure les chargeurs, les transformateurs, etc., mais la première phase se conclura à un milliard. »
Infrastructure Canada a annoncé fin janvier une subvention de 350 millions de dollars en plus des 380 millions de dollars de prêt par la Banque d’Infrastructure Canada (BIC). Une offre indispensable à la mise en place de ce projet. Mais la directrice générale d’OC Transpo a indiqué au micro d’ONFR+ qu’ils attendaient le financement d’Infrastructure Canada depuis l’automne passé.
Pour ce qui est de la première phase d’autobus, initialement prévue en 2023, Renée Amilcar, à la tête de l’organisme de Transport depuis près de 16 mois, se veut transparente, il y aura du retard lié à l’attente de ce financement : « Ce sera plus raisonnable de parler de 2024 pour être honnête. »
Une flotte d’autobus entièrement électrique d’ici à 2036
Dans le cadre de son plan directeur sur les changements climatiques, Ottawa doit réduire les émissions de gaz à effet de serre. Sous l’ancien maire Watson, le conseil municipal avait approuvé des cibles de réductions, portant à 2050 la transformation totale d’Ottawa en ville propre et écologique. Dans ce plan, la Ville prévoit également d’atteindre 100 % de neutralité d’ici à 2040 dans les activités municipales.
Se munir d’autobus électriques n’est pas dénué de sens puisque la répartition des émissions de gaz à effet de serre démontre que le transport (42 %) et les bâtiments (46 %) contribuent en grande partie à l’émission de gaz à effet de serre dans la capitale.
Remplacer les 800 autobus au diesel actuellement en service par des autobus électriques prendra certainement 15 ans, estime Raymond Leury, président du conseil des véhicules électriques d’Ottawa, une organisation à but non lucratif qui appuie la transition écologique de la ville.
La Ville d’Ottawa estime le remplacement total de la flotte d’autobus au diesel d’ici à 2036.
« Depuis plus d’un an, nos quatre autobus roulent et ont passé les tests haut la main, en termes de durée de batterie, de froid et les données techniques sont plus que positives », ajoute Mme Amilcar.
Raymond Leury qualifie les autobus électriques de « technologie mature », comparant le climat ottavien à celui de Moscou, qui possède une flotte de 1000 autobus électriques. « Si ça fonctionne pour eux, ça fonctionnera pour nous. »
Une capitale 100 % verte
« Ottawa doit être pionnière dans sa réduction des gaz à effet de serre », estime Renée Amilcar. « Ce doit être une transformation. »
Moyra Lauzière, bénévole chez Écologie Ottawa, soutient la transition engagée par la Ville. « Il y aurait de nombreux avantages à ce qu’Ottawa devienne la capitale verte du Canada. »
Écologie Ottawa, la Coalition pour les transports sains d’Ottawa et le Conseil des véhicules électriques d’Ottawa réclamaient, depuis 2019, ce virage électrique pour OC Transpo.
Moyra Lauzière explique qu’il y a plusieurs avantages : réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi réaliser un gain financier pour la Ville. « Le coût de la maintenance d’un autobus électrique est bien moins élevé que celui d’un autobus au diesel », affirme-t-elle.
Le président du conseil des véhicules d’Ottawa, M. Leury, escompte qu’OC Transpo économisera environ 20 000 $ par an et par autobus pour ce qui est de l’entretien et de la maintenance.
De plus, « avant la guerre en Ukraine, qui a fait exploser les prix du pétrole, nous évaluions que par autobus, OC Transpo économiserait 30 000 $ en diesel sur une année ».
Ces données suggèrent que l’électrification du réseau d’autobus, en plus d’être un atout environnemental, sera un avantage financier pour la société de Transport ottavienne.
Ce n’est pas tout. « Si le transport en commun est plus fiable, les gens auront moins tendance à utiliser leur voiture et nous aurions ainsi une raison d’éviter l’étalement urbain », renchérit Mme Lauzière. « Parce que s’étaler, c’est aussi amener des véhicules plus loin et polluer dans des endroits qui ne l’étaient pas auparavant. »
À quand les autobus scolaires électriques?
Des voix s’élèvent aussi pour que les autobus jaunes passent au vert. En 2017, le ministère des Transports de l’Ontario avait lancé un programme pilote d’autobus scolaires électriques, annulé en 2018 sous le gouvernement Ford.
D’après un rapport d’Écologie Ottawa, plus de 20 000 autobus scolaires circulent en Ontario, ce qui fait du parc d’autobus scolaires de la province le plus important au Canada. Pourtant, seuls 20 autobus scolaires dans la province sont actuellement électriques.
« Chaque jour, ces 20 000 autobus transportent plus de 833 000 enfants ontariens à l’école, parcourant au total 1,8 million de kilomètres (40 fois le tour du monde) par jour. »
Ce rapport fait valoir plusieurs avantages. Ces bénéfices se retrouvent notamment en santé. « Les émissions de diesel peuvent avoir des effets sur le développement et le système immunitaire qui sont nettement plus nocifs pour les enfants et les personnes vivant dans des zones à fort trafic. »
Pour l’organisme environnemental, « les enfants sont également plus exposés aux polluants atmosphériques parce qu’ils passent plus de temps à être actifs à l’extérieur et qu’ils sont plus près du sol, là où les émissions des véhicules sont concentrées ».
Les enfants seraient alors plus vulnérables lorsqu’ils voyagent et se déplacent dans des autobus scolaires diesel. Souvenir ancré dans les esprits, la fumée irritable du pot d’échappement d’un autobus ne se fera pas manquer.