ACFO-Ottawa : « 99,9 % de nos membres ne savent pas qu’ils le sont »
[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Bobby Bourdeau est président de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO-Ottawa).
LE CONTEXTE :
L’ACFO-Ottawa a tenu son assemblée générale annuelle (AGA) en ligne jeudi soir pour faire le point sur l’année écoulée et présenter ses projets à venir. L’organisme traverse une période de transition importante après plusieurs années de changements à la direction et des difficultés administratives.
L’ENJEU :
L’organisme cherche à stabiliser sa gouvernance, à redéfinir sa structure administrative et à renforcer sa présence et sa représentation auprès des différentes communautés francophones d’Ottawa.
« L’ACFO Ottawa a connu beaucoup de changements ces dernières années. Dans quel état se trouve aujourd’hui l’organisation?
On s’est retrouvé dans une situation un peu de désordre administratif, avec des rapports incomplets et des suivis à reprendre. C’est une réalité que plusieurs organismes francophones vivent depuis la pandémie, avec les défis économiques et le manque de main-d’œuvre qualifiée. On a dû faire du ménage et remettre de l’ordre.
Votre directrice générale, Anik Larivière, n’est pas une employée, mais une consultante. Pourquoi ce choix?
C’était une solution temporaire. On n’arrivait pas à recruter quelqu’un avec les compétences nécessaires au salaire qu’on pouvait offrir, d’environ 65 000 $. On a donc fait appel à une consultante pour nous appuyer dans la restructuration et réfléchir à la meilleure structure pour l’avenir.
L’année dernière, la 25e édition du prix Bernard-Grandmaître s’est tenue à l’hôtel de ville pour la première fois, il me semble, et a affiché complet malgré l’absence de direction générale deux mois avant, ce qui montre qu’on a quand même fait un bon coup malgré les circonstances.
Avez-vous mis en place des mécanismes concrets pour stabiliser la gouvernance?
Pas encore de politiques formelles, mais c’est une priorité du nouveau conseil d’administration. L’objectif est de créer une structure administrative et décisionnelle plus stable, avec une meilleure définition des responsabilités et une représentation fidèle des membres. On veut redéfinir notre membriété et s’assurer que la représentation au CA reflète vraiment la diversité des communautés francophones d’Ottawa.
Justement, qui sont vos membres aujourd’hui?
C’est là qu’on doit se remettre en question. En ce moment, toute personne qui œuvre en français à Ottawa est considérée membre… donc 99,9 % de nos membres ne savent pas qu’ils le sont! Il faut clarifier ce que veut dire « être membre » de l’ACFO Ottawa et mieux inclure nos communautés dans le processus. L’ACFO a toujours été la voix politique des francophones d’Ottawa. Mais aujourd’hui, cette approche doit être réévaluée pour être plus précise et inclusive.
Vous avez mentionné durant l’AGA que l’ACFO veut reprendre sa place dans la communauté et devenir « une actrice incontournable » auprès des décideurs politiques. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour les prochains mois?
Concrètement, cela signifie organiser des rencontres régulières avec les élus municipaux, provinciaux et fédéraux pour présenter les enjeux et besoins de la communauté francophone. L’ACFO souhaite établir un dialogue plus soutenu avec les décideurs et être systématiquement consultée sur les politiques et projets qui touchent la francophonie à Ottawa.
Avec la fin de la subvention Ottawa bilingue, quelles sont les stratégies envisagées pour continuer à soutenir les projets communautaires et les micro-subventions?
La fin de la subvention n’est pas considérée comme un point final. L’enveloppe budgétaire, qui s’élevait à près de 588 000 $ lors de la dernière ronde, reste importante pour soutenir les projets communautaires et les micro-subventions, mais la structure doit être repensée.
L’ACFO travaille avec Patrimoine canadien pour revoir la manière de sélectionner et distribuer ces fonds, afin de répondre aux besoins actuels et d’éviter que des projets pertinents ne soient exclus. L’objectif est de redistribuer les fonds de manière efficace tout en maintenant l’impact des initiatives francophones dans la communauté.
Le Gala des prix Bernard Grandmaître sera-t-il différent en 2026 après le décès de l’homme qui a donné son nom à l’événement?
Une reconnaissance de l’héritage de M. Grandmaître est prévue, car le prix d’honneur porte son nom. La forme exacte de cet hommage n’est pas encore déterminée afin de préserver la surprise et de ne pas faire de fausses promesses. Il y aura donc définitivement un geste de reconnaissance, mais les détails seront communiqués ultérieurement. »