Anjie Hamel, fière « tiktokeuse » franco-ontarienne
L’humour tout franco-ontarien d’Anjie Hamel sur Tiktok lui a valu beaucoup d’attention sur le réseau social préféré des 13 à 24 ans. Ses capsules engagées témoignent de ses efforts pour défendre le français autant dans son quotidien que sur les plateformes numériques.
Bien des Franco-Ontariens peinent à avoir des services en français lorsqu’ils contactent le gouvernement ontarien. Anjie Hamel a illustré de manière percutante la frustration qui découle des efforts vains pour se faire servir dans sa langue.
Dans la capsule diffusée récemment sur Tiktok, la jeune femme sélectionne le français lors d’un appel à Service Ontario. Mais après de longues minutes d’attente, elle finira par aboutir à une téléphoniste anglophone. Exaspérée, la capsule humoristique se termine par un sacre bien senti.
« Je voulais que les Franco-Ontariens se retrouvent dans cette capsule. Mais ça souligne aussi les problèmes de services en français. En apportant de l’humour à la situation, ça met le problème à l’évidence et ça montre à tous les Franco-Ontariens qu’ils ne sont pas seuls à vivre cette situation », explique-t-elle, en entrevue à ONFR+.
@okanjie c’t’un stuggle ##pov ##qc ##quebec ##franco ##pourtoi ##canada ##french ##québec ##Mtl ##montreal
♬ original sound – Anjie
Anjie, 18 ans, s’est fait connaître sur Tiktok avec sa vidéo « Put a finger down, édition franco-ontarienne », un concept où les utilisateurs sont invités à baisser un doigt de leurs deux mains à chaque fois qu’une phrase leur correspondant est dite. Des dizaines de jeunes Franco-Ontariens ont repris sa voix dans leur propre version de la vidéo.
@okanjie Taggez vos amis Franco-Ontariens!!! ##fyp ##francophone ##franco ##francoontarien ##ontario ##fesfo
♬ Utilise ce son si tu es FO – Anjie
Elle est fière de produire du contenu en français et de faire connaître les particularités de la culture franco-ontarienne. « Je connais très peu de Franco-Ontariens qui font du contenu en français, c’est assez rare. Pourtant, on sait bien qu’il y a 600 000 Franco-Ontariens, il y a un public disponible », dit-elle, tout en soulignant aussi rejoindre de nombreux utilisateurs québécois avec ses contenus. « Je leur montre que les Franco-Ontariens ça existe! », lance-t-elle.
L’humour franco-ontarien a ses propres codes et références, souligne Anjie Hamel.
« On parle beaucoup de trucs linguistiques, des accents… des anglophones qui essayent de parler français. C’est songé, c’est politisé », dit Anjie Hamel, tentant de bien décrire la chose. « J’aimerais voir encore plus de blagues franco-ontariennes sur Tiktok, notamment sur les particularités régionales. Faire des blagues sur les chipstands de Sturgeon Falls ou les petites villes dans l’Est ontarien », ajoute-t-elle.
Tiktok est observé avec un regard critique par bien des intervenants : inquiétudes relatives à la confidentialité des données, dépendance aux technologies ou contenus indésirables pour un jeune public.
« Mes parents jugent parfois durement mon utilisation de Tiktok, mais je leur réponds que nous avons tous nos réseaux sociaux. Eux sont sur Facebook, d’autres sont sur Instagram et ma génération est sur Tiktok », réplique Anjie, qui vante les avantages de l’application pour réseauter ou acquérir de nouvelles connaissances.
De Québécoise à Franco-Canadienne à Franco-Ontarienne
La résidente de Barrie a des parents originaires du Québec. Mais son père étant militaire, elle a vécu à Saint-Jean-Sur-Richelieu (Québec), Borden (Ontario), Cold Lake (Alberta), avant de revenir en Ontario il y a huit ans.
« Avant, je me considérais franco-canadienne, mais maintenant j’ai adopté l’identité franco-ontarienne. Il y a un truc, une énergie, associé à la francophonie ontarienne, moi ça me rend fière », dit celle qui participe aux célébrations de la Journée des Franco-Ontariens, aux activités de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) ou encore à différents tournois scolaires, notamment en improvisation.
« Et si je compare la francophonie du Québec, où on tient le français pour acquis, ici en Ontario français, il faut se battre pour notre identité, protéger notre langue. C’est important de poursuivre la lutte de nos jours », dit-elle.
@okanjie BONNE JOURNÉE FRANCO ONTARIENNE!!! 💚🤍⚜️ ##ontario ##pourtoi ##franco ##canada ##french ##pourtoii ##qc ##quebec ##québec ##mtl ##VibeWithUs
♬ original sound – Anjie
Si elle a toutes les qualités pour faire une glorieuse carrière dans le milieu de la communication, c’est ailleurs qu’elle souhaite faire une différence.
« Je débute un bac en sciences de la santé à l’Université d’Ottawa. Le français dans le milieu de la santé, c’est essentiel. Je veux faire une différence dans ce domaine », confie celle qui caresse le rêve de travailler un jour à l’Hôpital Montfort, symbole des luttes franco-ontariennes.
Une occasion ratée
Anjie observe que ce ne sont pas tous les jeunes de son âge qui ont le même attachement au fait français. « Il y en a qui s’en foutent de la francophonie! Même s’ils sont allés toute leur vie à l’école en français, ils parlent en anglais avec leurs amis », observe-t-elle. « Parfois, ça me déçoit énormément de voir ça. Ils ne réalisent pas qu’en perdant leur français, ils perdront des occasions professionnelles et sociales », ajoute-t-elle.
Elle note que certains de ses pairs n’ont pas la confiance nécessaire pour s’exprimer en français, même si c’est souvent leur langue maternelle. « L’insécurité linguistique joue un rôle dans tout ça », dit-elle, en référence au jugement extérieur dont ils peuvent être la cible en raison de leur accent ou de leur manière de s’exprimer.
QUELQUES FRANCO-ONTARIENS À SUIVRE SUR TIKTOK SELON ANJIE HAMEL (@Okanjie sur Tiktok)