Anthony Rota vise un 5e mandat dans Nipissing-Timiskaming

Le député libéral sortant dans Nipissing-Timiskaming, Anthony Rota. Source: Facebook Anthony Rota

Le député libéral sortant, Anthony Rota, part avec une longueur d’avance dans Nipissing-Timiskaming. Mais l’expérience de 2011 montre que rien n’est joué dans une circonscription où les voix conservatrices sont nombreuses.

LE CONTEXTE  

Depuis sa création en 2003, la circonscription nord-ontarienne de Nipissing-Timiskaming, qui compte notamment les municipalités de North Bay, Callander et Powassan, a plutôt bien réussi au Parti libéral du Canada (PLC). Selon le député libéral sortant, Anthony Rota, c’est le travail qui a payé.

« Je ne veux pas me vanter, mais jusqu’ici les choses vont plutôt bien. J’ai beaucoup travaillé ces dernières années pour apporter des investissements en infrastructures communautaires, dans les arts et la culture, l’industrie… On voit que l’économie dans le Nord s’améliore », dit M. Rota, qui insiste sur l’importance d’avoir une voix forte à Ottawa afin de réclamer des programmes adaptés au nord de l’Ontario et aux régions plus rurales.

En 2011, après trois mandats consécutifs, M. Rota avait été battu par le conservateur Jay Aspin, avant de regagner son siège quatre ans plus tard.

La circonscription nord-ontarienne de Nipissing-Timiskaming compte notamment les municipalités de North Bay, Callander et Powassan. Source: Élections Canada

Si les sondages le placent en avance, les projections du vote populaire du site canada.qc125.com montrent que le vote conservateur est encore fort dans la circonscription. Les candidats Jordy Carr, du Parti conservateur du Canada (PCC), et Mark King, du Parti populaire du Canada (PPC) se classent en deuxième et troisième positions.

« Ça fait longtemps que je réfléchis à me présenter », explique M. King, qui siège sur le conseil municipal de North Bay depuis 2013. « La situation est difficile pour les municipalités dans le nord de l’Ontario, je suis bien placé pour le savoir. Les coûts d’opération et le niveau de taxation actuel nuisent aux petites et moyennes entreprises qui sont à la base de notre économie. »

D’abord candidat pour le PCC, M. King s’est rabattu sur le parti de Maxime Bernier. Après une victoire étriquée devant Mme Carr, sa candidature a finalement été annulée, l’association locale l’accusant d’avoir enfreint les règles. C’est donc la nièce de l’ancien premier ministre ontarien Mike Harris et conseillère municipale de Callander, Jordy Carr, qui représentera les troupes d’Andrew Scheer pour le scrutin du 21 octobre.

Pour l’organisateur de longue date pour le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) et le Congrès du travail du Canada (CTC), Rob Boulet, la partie ne semble pas gagnée. Première fois candidat, le représentant du Nouveau Parti démocratique (NPD) veut toutefois croire en ses chances.

« Il y a toujours eu une alternance entre les libéraux et les conservateurs. Je veux apporter un changement. Je veux être là pour les gens de ma circonscription, écouter leurs problèmes et les amener à Ottawa pour trouver des solutions », dit-il, espérant que le programme spécifique proposé par son parti pour le Nord de l’Ontario l’aidera à obtenir la confiance des électeurs.

Alexander Gomm, du Parti vert du Canada (PVC), espère bien que l’attention portée par la population canadienne aux changements climatiques saura se traduire aux urnes.

« Les libéraux et les conservateurs ont eu des années pour agir et ils ont échoué. Ça prend un grand changement, car la crise est proche! »

ENJEUX

Pour M. Rota, la priorité dans la circonscription demeure l’économie.

« Je veux continuer à travailler pour créer de bons emplois, avec de bons salaires. Nous avons déjà attiré beaucoup de nouveaux commerces et l’industrie se développe de plus en plus. Maintenant, je veux aussi aider les jeunes entrepreneurs qui veulent monter leur entreprise. »

Ce développement économique doit également passer par l’économie verte, souligne-t-il, ajoutant à ses priorités locales l’aide aux personnes âgées et l’accès au logement abordable.

L’accès au logement est également un thème important de la campagne du candidat néo-démocrate. Mais Rob Boulet insiste également beaucoup sur le domaine de la santé.

« Ma mère est décédée d’un cancer et je me demande comment elle aurait fait sans couverture de santé. Je veux donc m’assurer que des programmes en santé, notamment mentale et dentaire, soient disponibles pour tous. »

De gauche à droite, Mark King, Jordy Carr, Anthony Rota, Rob Boulet et Alexander Gomm. Montage ONFR+

Un objectif qui est aussi celui du candidat vert Alexander Gomm.

« Nous connaissons une crise en matière de santé mentale et de toxicomanie dans le nord et nous devons trouver ensemble des solutions. »

Militant d’une « société plus équitable » et décidé à « améliorer la qualité de vie de tous les citoyens », M. Gomm parie sur les entreprises vertes et responsables pour développer l’économie locale.

« Je veux encourager les entreprises minières et forestières à travailler de façon différente en adoptant une approche durable. »

Mais pour M. King, le principal sera surtout de mieux représenter les citoyens.

« J’ai plein d’exemples où le gouvernement fédéral n’est pas intervenu et a laissé les citoyens payés, comme pour la Maison des jumelles Dion, par exemple. Ça fait trop longtemps que nous ne sommes pas représentés. »

Le candidat du PPC souhaite également mettre l’emphase sur la situation des Premières Nations.

« On semble penser que l’immigration est plus importante que d’intégrer et de faire participer notre population autochtone à l’économie. »

La francophonie vue par les candidats

Des candidats interrogés par ONFR+, seuls Anthony Rota et Alexander Gomm se sont exprimés en français. Franco-Ontarien, le candidat libéral insiste sur son engagement à bien desservir cette communauté, notamment en s’assurant que son bureau offre des services dans les deux langues officielles.

« Nous avons aidé l’ACFO locale [Association des communautés francophones de l’Ontario] pour promouvoir la langue française à North Bay. On a aussi soutenu une foire gourmande Ontario/Québec pour promouvoir la culture », énumère-t-il.

Unilingue anglophone malgré un père francophone, M. Boulet regrette que les cours de français soient peu accessibles pour les adultes. Son objectif sera donc de développer sa capacité bilingue, afin de pouvoir communiquer avec tous les électeurs.

Le candidat vert souhaite justement insister sur l’importance de rendre accessible l’éducation dans la langue de son choix.

« Cela pourrait éviter de voir nos jeunes quitter la région pour aller étudier ailleurs », pense-t-il.

Le candidat du PPC avoue ne pas connaître d’enjeux spécifiques pour les francophones. Mais pour lui, le français fait partie de la communauté et il est important que les services soient accessibles.

« Ma femme et ma fille parlent le français et je veux m’améliorer. Si je suis élu, je suivrais des cours », promet-il.

LES PRINCIPAUX CANDIDATS

 Anthony Rota, Parti libéral du Canada

 Jordy Carr*, Parti conservateur du Canada

 Rob Boulet, Nouveau Parti démocratique

 Alexander Gomm, Parti vert du Canada

 Mark King, Parti populaire du Canada


LA CIRCONSCRIPTION EN BREF

Nom : Nipissing-Timiskaming

Population (2016) : 88 813

Électeurs inscrits : 71 879

Revenu médian des ménages : 62 326 $

Proportion de francophones (selon la première langue officielle parlée, déclarée au recensement de 2016) : 15,9 %

Député sortant : Anthony Rota, Parti libéral du Canada, depuis 2015

*Mme Carr n’avait pas donné suite à nos demandes d’entrevue au moment de publier cet article.