Bilinguisme en Ontario : des données encore absentes

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OTTAWA – En pleine campagne électorale, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) n’a pas obtenu les arguments espérés quant au bilinguisme. Selon elle, l’étude commandée au Conférence board du Canada manque de données probantes pour évaluer le bilinguisme dans la province.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Des absences qui constituent un défi de taille. Par l’intermédiaire de ces données, les militants francophones souhaitent toujours réaliser le vieux rêve d’une province officiellement bilingue.

L’étude montre ainsi que les « échanges de biens et démontre que 83% de ceux-ci se font uniquement avec les États-Unis. Or, il est aussi démontré clairement que la connaissance commune d’une langue, et c’est le cas pour le français, facilite les échanges commerciaux entre deux pays ».

En d’autres mots, le potentiel « énorme » dixit le président de l’AFO, Carol Jolin, ne serait pas exploité.

À contrario, le document Le Canada, le bilinguisme et le commerce  publié en 2013 avait montré que la connaissance des deux langues officielles favorisait le Québec et le Nouveau-Brunswick dans leurs échanges commerciaux.

 

Données difficiles à obtenir

« Le lien est un peu moins fort entre l’Ontario et les pays francophones dans le commerce international », reconnait Pedro Antunes économiste en chef adjoint du Conference Board. « On n’a pas de données sur les échanges de services entre l’Ontario et les pays francophones, car elles ne sont pas disponibles. »

Les services qui s’apparentent à la finance par exemple, au tourisme, demeurent très influencés par l’aspect linguistique. Une donnée manquante…

Pedro Antunes économiste en chef adjoint du Conference Board. Crédit image : Sébastien Pierroz

Pour le président de l’AFO, le début de campagne est le moment propice pour envoyer un message. « Nous demandons aux chefs de partis et aux candidats de partager leur vision et leur plan pour mettre à profit cet avantage francophone en matière d’échanges commerciaux internationaux. Une communauté franco-ontarienne forte contribue à un Ontario fort. La maîtrise du français ouvre les portes de nouveaux marchés internationaux. »

L’organisme porte-parole des Franco-Ontarien souhaite obtenir une étude « plus approfondie » pour mesurer de façon plus précise le « poids économique » des communautés francophones de l’Ontario.

 

L’OIF comme levier

« Il y a tous les gens d’affaires bilingues à aller chercher », souligne M. Jolin. « Il y’a un rôle important à jouer de la part du ministère du des Affaires francophones pour ouvrir les portes de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), et amener les gens d’affaires dans des événements internationaux (…) On est dans l’OIF, mais c’est encore relativement embryonnaire. Il faut déborder du politique et aller vers les affaires. »

Si l’Ontario est membre de l’OIF depuis 2016, cette adhésion est restée cantonnée à un statut d’observateur. Le gouvernement de Kathleen Wynne a pour le moment fermé la porte pour devenir membre de plein droit.

Denis Laframboise, président de la Société Économique de l’Ontario (SÉO). Crédit image : Sébastien Pierroz

« Les PME sont le moteur de l’économie en Ontario. Elles représentent 80 % des entreprises de l’Ontario », soutient Denis Laframboise, président de la Société Économique de l’Ontario (SÉO). « On veut s’assurer que les services en français soient offert, même dans les entreprises anglophones. Il faut que le gouvernement nous donne les outils pour connaître ces entreprises bilingues. »