Crédit image: Gracieuseté, Adam Scotti (CPM)

OTTAWA – Les récentes sorties du Bloc québécois à l’encontre du financement en langues officielles aux anglophones du Québec sont « du n’importe quoi », selon le premier ministre Justin Trudeau qui estime que la formation souverainiste n’en a rien à faire des francophones hors Québec.

« C’est du n’importe quoi encore une fois du Bloc », a lâché le premier ministre canadien en réponse au député bloquiste Mario Beaulieu à la période des questions mercredi.

Ce dernier interpellait le premier ministre à savoir « quand est-ce qu’il allait arrêter d’encourager l’anglicisation du Québec? ». Il faisait référence au 800 millions de dollars qu’Ottawa va envoyer aux anglophones du Québec dans le Plan d’action pour les langues officielles de 2023 à 2028.

La formation souverainiste a présenté cette semaine une étude où l’on apprenait que l’appareil fédéral avait offert près de 2 milliards de dollars depuis 1995 aux groupes d’intérêt et institutions anglophones du Québec. Selon Mario Beaulieu, de telles sommes pour l’anglais au Québec prouvent qu’Ottawa « travaille activement à la minorisation des francophones ». Une description différente aux yeux de Justin Trudeau, qui estime que le Bloc « cherche des chicanes et à faire peur aux gens ».

« On est là pour protéger nos deux langues officielles à travers le pays et ça, ça veut dire que – même si le Bloc se fout complètement des francophones hors Québec – on va continuer d’être là pour eux et de continuer de protéger nos deux langues officielles partout où ils se retrouvent en situation minoritaire au pays », a-t-il déclaré à la Chambre des communes, un commentaire qui a fait sursauter sur les banquettes bloquistes.

Leur chef Yves-François Blanchet s’est alors empressé de tourner au ridicule cette remarque sur X (ex-Twitter).

« Le premier ministre dit que le Bloc Québécois se fout des Francophones hors-Québec. Sait-il que je dînais avec la présidente (de la FCFA), Liane Roy, hier midi? Notre relation est fructueuse et collaborative. Justin Trudeau est mal informé ou mal intentionné », a-t-il écrit sur le réseau social.

Son député Mario Beaulieu avait affirmé lundi lors de la présentation de son étude que « personne n’avait de problème avec ça », le fait d’envoyer de l’argent public pour appuyer les francophones hors Québec.

Déjà des millions pour la francisation, argue Trudeau

Les sommes envoyées au Québec pour le prochain Plan d’action pour les langues officielles devraient plutôt servir dans la francisation, selon la formation politique québécoise, « mais la réalité est que nous investissons des centaines de millions de dollars chaque année – donné au Québec – pour la francisation », a présenté comme argument le premier ministre.

« On va toujours être là pour protéger le français à travers le pays, y compris au Québec. On est le premier gouvernement fédéral à reconnaître la précarité du français au Québec et on va être là pour l’appuyer et le défendre », a-t-il répondu à une seconde question sur le dossier.

Hier, son Lieutenant au Québec, Pablo Rodriguez, demandait à la formation politique d’« arrêter de diviser les Québécois ».

« N’importe quel politicien, qu’il soit au gouvernement ou dans l’opposition, a le rôle d’unir une population ou du moins ne pas la diviser et le Bloc échoue lamentablement sur cet aspect », a reproché M. Rodriguez.

Le ministre des Langues officielles Randy Boissonnault rappelait de son côté l’obligation constitutionnelle de l’appareil fédéral à protéger autant les anglophones au Québec que les francophones en milieu minoritaire et qu’il allait s’assurer avec le gouvernement Legault « que l’argent va servir aux anglophones ».