Budget fédéral : « Les francophones en sortent gagnants »

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OTTAWA – La décision du gouvernement fédéral d’investir un milliard de dollars sur cinq ans en nouvel argent dans le cadre du Plan d’action sur les langues officielles satisfait les organismes francophones du pays.

« Les communautés francophones et acadiennes en sortent gagnantes. Les francophones ont été entendus », s’extasie d’entrée de jeu Liane Roy, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).

Cette dernière souligne que « c’est rare » et que ça fait « longtemps qu’on n’avait pas vu un budget qui parlait autant des langues officielles ».

La totalité de l’argent annoncé hier pour la francophonie – sauf les 208 millions de dollars sur cinq ans pour les services d’aides à l’emploi pour les minorités linguistiques – est dédiée au Plan d’action sur les langues officielles, un genre de guide qui dirige le gouvernement fédéral durant cinq ans sur sa façon de gérer les enjeux relatifs aux communautés linguistiques en milieu minoritaire.

Arrivant à échéance en 2023, il sera reconduit jusqu’en 2028 avec un budget de 3,8 milliards de dollars, soit un milliard de dollars de plus que celui annoncé par l’ancienne ministre des Langues officielles Mélanie Joly en 2018.

« L’annonce budgétaire va avoir un impact positif pour la qualité de vie des Franco-Ontariens. On se réjouit de cette annonce », réagit le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) Fabien Hébert.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario Fabien Hébert. Gracieuseté

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) salue le travail de la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor au sein du cabinet Trudeau.

« La table est réellement mise au niveau de la mise en œuvre au niveau financier par rapport au projet de loi C-13. Je pense que c’était l’intention derrière le nouveau milliard qui a été annoncé », estime le président de la SANB, Alexandre Cédric Doucet.

Dans ce budget, 22,1 millions de dollars seront investis pour créer un centre d’expertise qui s’assurera que les institutions fédérales respectent la Loi sur les langues officielles en plus de favoriser l’épanouissement des minorités linguistiques, des propos qui reflètent les amendements adoptés jusqu’à présent en comité sur le projet de loi C-13.

La ministre Petitpas Taylor avait souvent répété par le passé que le Plan d’action et le projet de Loi C-13 seraient des compléments l’un pour l’autre, dans le but de freiner le déclin du français au Canada.

La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor.
La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor à Grand Pré lors du dépôt de la réforme sur les langues officielles. Gracieuseté

L’opposition officielle s’est dite déçue que le budget « soit aussi évasif sur les détails ». Le critique conservateur en Langues officielles Joël Godin estime qu’il s’agit de la « poudre aux yeux » et que ces investissements démontrent que C-13 doit être beaucoup plus exigeant, notamment pour la reddition de comptes.

« Les libéraux nous ont habitués à des zones grises avec des promesses au conditionnel », soupire l’élu.

Enveloppe triplée pour l’immigration francophone

Le Plan d’action se divise en quatre grosses priorités : l’immigration francophone, le financement des organismes, l’éducation et les services en français ainsi que l’accès à la justice et la petite enfance.

« Les investissements annoncés viennent vraiment appuyer et refléter les demandes que nous avions faites. C’est un engagement substantiel envers la francophonie », affirme Mme Roy.

Le bond le plus massif pour les Langues officielles se retrouve pour l’immigration francophone. Jamais le gouvernement fédéral n’a investi autant dans un Plan d’action pour ce secteur. Pour les cinq prochaines années, le fédéral compte injecter 121 millions de dollars, soit le triple de ce qui avait été mis sur la table en 2018.

« C’est très important, car on a vu avec le dernier recensement que le poids démographique des francophones était à la baisse et en mettant des fonds substantiels comme ça, ça vient démontrer l’importance de l’immigration francophone dans ce Plan d’action », pense la présidente de la FCFA.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy
La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy. Gracieuseté

L’AFO fonde de grands espoirs sur une bonification de 679 millions de dollars de l’enveloppe destinée aux provinces pour l’éducation dans la langue de la minorité. C’est dans cette catégorie que pourrait rentrer la promesse électorale des libéraux en 2021 de doubler le financement à 80 millions pour les établissements postsecondaires francophones hors du Québec.

« On anticipe et on aimerait voir une majoration de 40 millions par année, ça pourrait facilement se retrouver à l’intérieur de ce 679 millions », espère M. Hébert.

Diverses institutions universitaires franco-ontariennes, comme l’Université de Sudbury, attendent cet investissement, ajoute le leader franco-ontarien.

Via communiqué, le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge « s’est dit impatient de voir comment ces investissements seront précisés dans les programmes et initiatives », appelant à son dépôt dans les plus brefs délais. Le Plan d’action devrait sortir autour de la mi-avril.

« Les communautés de langue officielle du Canada dépendent de ce financement pour préserver et renforcer leur vitalité », a-t-il déclaré.