Budget fédéral : l’heure de vérité pour les francophones

Le Parlement du Canada, à Ottawa. Archives ONFR+

OTTAWA – Les francophones de l’extérieur du Québec auront les yeux rivés sur le budget fédéral, le mardi 27 février. Ils attendent notamment d’en savoir plus sur les intentions du gouvernement en matière de langues officielles.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Dans moins d’une semaine, on ne connaîtra sans doute pas tous les détails du prochain plan d’action pour les langues officielles. Mais le budget du ministre des Finances, Bill Morneau, devrait permettre d’en savoir plus sur les intentions du gouvernement.

« On s’attend à un réinvestissement majeur et on espère qu’il y aura un montant d’argent significatif qui sera annoncé ou au moins, une mention des besoins de nos communautés », explique Martin Théberge, président de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF).

La somme consacrée au plan d’action tant attendu par les communautés francophones en contexte minoritaire au Canada pourrait se retrouver dans le document budgétaire.

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson. Crédit image : Étienne Ranger

« J’ai confiance que le gouvernement démontrera le sérieux de sa vision d’un Canada bilingue. Les communautés de langue officielle en situation minoritaire en sont la pierre angulaire. Ces dernières années, on a beaucoup investi en immersion, mais on a négligé d’investir à côté. Or, on a besoin d’espaces pour démontrer que le français est aussi une langue vivante hors des écoles », lance le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson.

Ce dernier avait lancé un ultimatum au gouvernement lors de la rentrée parlementaire, impatient de voir des gestes concrets de la part du gouvernement. Une démarche qui avait surpris et crispé plusieurs députés libéraux en coulisses.

 

Déclaration du premier ministre

La FCFA espère une somme additionnelle de 575 millions $ à l’enveloppe de 1,1 milliard $ sur cinq ans mise en place dans la Feuille de route pour les langues officielles du gouvernement conservateur en 2008.

« Cette somme additionnelle est nécessaire pour la francophonie, mais aussi pour toute la société canadienne. Sans les communautés francophones en contexte minoritaire, le bilinguisme réel n’existe pas », juge le président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), Justin Johnson.

L’économie canadienne étant annoncée plus robuste que prévu ces derniers mois, l’espoir est de mise pour les francophones en contexte minoritaire. Toutefois, le gouvernement s’attend à un déficit budgétaire important, de l’ordre de 18,4 milliards $ en 2017-2018, puis de 15,6 milliards $ en 2018-2019. Les négociations en cours autour de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) rendent également la situation économique du Canada incertaine.

« Il y a des attentes par rapport aux promesses électorales des libéraux et si la situation de nos organismes culturels n’a pas empiré au cours des deux dernières années, il y a des besoins auxquels le réinvestissement dans Radio-Canada ou le Conseil des Arts du Canada ne répond pas. Nos centres culturels et nos radios communautaires ont des besoins criants et ils seront en grande difficulté rapidement s’il n’y a pas de réinvestissement massif », plaide M. Théberge.

L’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire espère aussi que le dépôt du budget servira d’occasion au premier ministre Justin Trudeau pour se positionner sur les langues officielles.

« L’annonce d’un investissement pourrait être une belle occasion pour le premier ministre de déclarer que c’est une priorité pour son gouvernement », suggère le président de la FCFA.

 

L’Ontario veut sa part

Il y a quelques jours, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a également fait connaître sa liste d’épicerie au gouvernement fédéral.

L’AFO demande de doubler le financement provenant de la Feuille de route sur les langues officielles destiné aux organismes de langue officielle, de rétablir et de financer adéquatement l’initiative de développement de « collectivités accueillantes » dans toutes les collectivités francophones de l’Ontario ou encore, d’investir dans les infrastructures culturelles et artistiques francophones de l’Ontario.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin. Crédit image : Archives #ONfr

« On demande également que le tiers du financement destiné aux organismes de langue française en situation minoritaire aille aux organismes franco-ontariens. Nous représentons 53 % de la population francophone hors Québec et actuellement, nous ne recevons que 23 % », argumente le président de l’AFO, Carol Jolin.

Le président de la FCFA préfère ne pas commenter la sortie de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens. M. Jolin, pour sa part, se défend de vouloir priver les autres provinces de financement.

« Ce n’est pas une demande nouvelle et nous sommes solidaires du montant demandé pour tout le monde. On comprend que quand il y a moins de francophones ou qu’ils sont éparpillés, ça coûte plus cher, mais il y a aussi une question de proportion. Beaucoup de nos organismes ne tiennent qu’à un fil en Ontario. »

 


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