Caroline Mulroney fait son bilan en francophonie après six mois au pouvoir
TORONTO – Il y a bientôt six mois, Caroline Mulroney prêtait serment comme procureure générale et ministre responsable des dossiers francophones. Son bilan jusqu’à maintenant est surtout à l’image des mauvaises décisions du passé, dit-elle. Malgré les critiques de plusieurs, elle défend sa vision et dit demeurer déterminée à faire progresser la francophonie ontarienne.
« Écoutez, on a le bilan du gouvernement précédent. Comme vous le savez, il est désastreux. Il nous a laissé un déficit de 15 milliards de dollars », a confié Caroline Mulroney, au micro d’#ONfr, au terme des travaux en Chambre pour la pause des fêtes. « On fait ce travail pour les Franco-Ontariens et tous les Ontariens. On va continuer à travailler sur le projet d’Université de l’Ontario français, mais surtout à protéger les acquis et à trouver de plus en plus de moyens d’augmenter l’accès aux services pour les francophones », a-t-elle poursuivi.
En matière de francophonie, Caroline Mulroney a fait deux annonces, cet automne. La première, au sujet du financement d’un nouveau campus torontois pour le Collège Boréal, la seconde, concernant une consultation des acteurs économiques francophones et bilingues de la province.
Malgré les coupes francophones, son plan de match en matière de francophonie demeure inchangé, affirme la ministre. Elle l’avait dévoilé lors de la Journée des Franco-Ontariens, le 25 septembre.
« Comme j’ai annoncé en septembre, on va travailler sur la modernisation de la Loi sur les services en français et on va travailler sur le développement économique de la communauté franco-ontarienne. Je pense, qu’en partie, l’épanouissement d’une communauté va commencer à travers le développement économique et on va continuer à faire des tournées auprès des Franco-Ontariens pour leur parler, pour comprendre exactement les défis qui se présentent. Pour trouver des moyens pour travailler pour eux », affirme-t-elle.
Sa réponse aux critiques
La nomination de Caroline Mulroney comme ministre déléguée aux Affaires francophones, en juin, a été accueillie avec enthousiasme par une majorité d’acteurs franco-ontariens. Sa notoriété, son parcours et ses positions publiques lui ont valu de nombreux éloges pendant l’été.
Sa lune de miel s’est terminée de manière abrupte, le jeudi 15 novembre. Journée qualifiée de « Jeudi noir » par la communauté franco-ontarienne après l’abolition d’un Commissariat aux services en français indépendant et la décision de repousser à une date indéterminée l’ouverture d’une université de langue française dans la province.
Caroline Mulroney a alors été la cible de bon nombre de critiques, parfois très acerbes, à son endroit. Plusieurs internautes et élus de l’opposition ont aussi exigé sa démission. Comment a-t-elle vécu ces moments, d’un point de vue humain?
« Je savais que la politique… J’ai vu ça toute ma vie… Que lorsqu’on prend la décision d’entrer en politique, on va avoir des choix difficiles à faire. Il y a des jours où on va se battre. Mais je suis ici pour faire un travail important pour remettre l’Ontario sur la voie de la prospérité pour que tous les Ontariens, y compris les Franco-Ontariens, puissent en bénéficier », répond-elle.
L’opposition déçue
Cette semaine, l’adversaire en francophonie de Caroline Mulroney, le néo-démocrate Guy Bourgouin, a dénoncé l’unilinguisme anglophone de la carte des fêtes qu’il lui a été envoyée.
« J’ai écrit une carte personnalisée à lui et à sa famille, je ne sais pas pourquoi il ne l’a pas encore reçue », réplique Mme Mulroney. Comme ministre des Affaires francophones, croit-elle que l’ensemble de ses cartes de vœux devraient être bilingues? « Je viens juste d’être nommée ministre des Affaires francophones. Je lui ai envoyé une carte et en dépit de son intérêt à le politiser, je lui souhaite un très joyeux Noël », répond-elle. Une version en français de la carte est aussi en circulation.
Pendant ce temps en chambre, le jeudi 20 décembre, les chefs du Nouveau Parti démocratique et du Parti libéral ont installé sur leurs pupitres des versions miniatures de l’Université de l’Ontario français. « C’est le rêve que nous n’abandonnons pas. Honte au gouvernement conservateur de s’attaquer aux désirs des Franco-Ontariens », a soutenu la chef du NPD, Andrea Horwath.
Le chef libéral, John Fraser, a demandé à ses collègues en chambre s’ils acceptaient d’en installer sur leurs bureaux. Des élus conservateurs ont signifié leur opposition, bloquant la démarche.
« L’université est le symbole d’une lutte. C’est important de le dire. J’en avais une vingtaine et je les ai distribuées », a-t-il dit, néanmoins.