Caucus francophone à Queen’s Park : quel bilan depuis sa création?
TORONTO – Le gouvernement Wynne a créé un caucus francophone, en 2014. Trois ans plus tard, la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, demeure convaincue de sa pertinence. L’opposition néo-démocrate, qui dit encore attendre une invitation pour y assister, estime qu’un comité parlementaire francophone serait plus utile.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
Jeudi 28 septembre, une poignée de députés libéraux sont installés autour d’une table dans un sous-sol du parlement ontarien. Fourchette à la main, ils écoutent Dyane Adam, l’invitée du jour, expliquer les grandes conclusions de son rapport sur l’université franco-ontarienne.
Deb Matthews, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, anime la conversation. Elle invite Dyane Adam à faire sa présentation en français, même si plusieurs des élus présents sont anglophones et que plusieurs maîtrisent peu la langue de Molière.
Autour de la table ce trouvent les députés libéraux Soo Wong (Scarborough-Agincourt), Yvan Baker (Etobicoke Centre), Nathalie Des Rosiers (Ottawa-Vanier), Peter Milczyn (Etobicoke Lakeshore), Christina Martin (Davenport) et Bob Chiarelli (Ottawa Ouest-Nepean). Marie-France Lalonde les rejoindra éventuellement.
La cinquantaine d’autres députés libéraux qui siègent à Queen’s Park ont été invités, mais ils brillent par leur absence.
La ministre Lalonde est l’instigatrice de l’événement. Son but était de renseigner ses collègues sur les enjeux franco-ontariens par l’entremise d’invités francophones pouvant partager leur réalité ou leurs actions. Le commissaire aux services en français de l’Ontario, Me François Boileau, l’ancien commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, et plusieurs autres ont fait un arrêt au caucus francophone.
« L’Assemblée de la francophonie, les juristes de l’Ontario… plusieurs sont venus. Parfois, j’ai 20 députés, d’autres fois trois. On est tous occupé, mais ce qui est discuté est envoyé à tous les membres du caucus libéral », précise Mme Lalonde.
Elle assure que les retombées du caucus sont très perceptibles. « Ce que j’ai remarqué depuis 2014, c’est que mon caucus est plus engagé, intéressé et sensibilisé. Chaque député a sa proportion de francophonie et ses enjeux. Certains de mes collègues ont même commencé à aller prendre des cours de français », complète-t-elle.
La ministre Lalonde avait évoqué la possibilité d’ouvrir le caucus aux autres formations politiques, lors de sa création. Cela ne s’est jamais produit. « Mon groupe semble apprécier l’interaction plus personnelle avec les invités », dit-elle à ce sujet.
Le NPD demande d’aller plus loin
« On n’est pas invité », lance France Gélinas, critique néo-démocrate en matière de francophonie. Si elle salue l’existence de cette agora francophone libérale au sein du parlement ontarien, elle estime qu’il est erroné d’organiser ces rencontres en parallèle aux autres réunions du caucus.
« C’est tout le caucus qui doit savoir ce qui se passe dans les dossiers francophones. Tout le monde doit mettre la main à la pâte! », lance-t-elle.
Mme Gélinas croit qu’il serait davantage utile que le gouvernement crée un Comité parlementaire francophone permanent. Il s’agissait d’une recommandation de François Boileau dans son rapport de 2014.
« Il faut faire un suivi sur les recommandations du commissaire. Souvent le gouvernement dit accepter le rapport et ensuite, il ne se passe rien. Des rapports ont été déposés il y a six ou sept ans, on avait alors promis des actions et depuis il ne s’est rien passé. Avoir un comité de la législature pour faire un suivi de ces rapports, ce serait une très bonne idée », souligne la députée de la circonscription de Nickel Belt.
L’idée n’a pas été balayée du revers de la main par la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde. « Une recommandation et une idée sont toujours importantes pour moi. Je ne ferme pas la porte. C’est à explorer », a-t-elle dit lorsque questionnée sur cette idée.