Ces commerçants franco-torontois qui misent sur la venue de Taylor Swift
TORONTO – L’effervescence se fait sentir à 48 h du premier des six concerts à guichets fermés de la chanteuse américaine Taylor Swift en sol torontois. Bien préparés, des commerçants francophones du centre-ville comptent bien profiter de la déferlante de Swifties venues du monde entier pour profiter… et dépenser.
« On est vraiment excités, on espère que les admirateurs viendront nombreux goûter à nos produits faits pour eux », se réjouit Manon Taisseire-Hureau. À seulement 19 ans, celle-ci est la cheffe pâtissière de la pâtisserie Unholy Donut.
La jeune femme d’origine française a souhaité profiter de l’emplacement stratégique de la boutique, à deux stations de métro du lieu de concert, pour mettre sur pied toute une campagne marketing destinée aux fans.
« On est en train de beaucoup poster sur nos réseaux sociaux à propos de nos nouveaux cookies Taylor Swift, on prépare des bracelets d’amitié à donner aux adeptes et des jeux autour des paroles des chansons de Taylor Swift », explique celle qui est également étudiante en deuxième et dernière année de gestion des arts de la pâtisserie et de la boulangerie au Collège Brown de Toronto.
Grande supportrice, elle aussi, de la chanteuse américaine, Manon Taisseire-Hureau anticipe une hausse des ventes de 20 à 25 % les deux fins de semaine des concerts.
Et d’ajouter : « Nous avons commencé à vendre les beignets et cookies samedi et nous avons déjà de super réponses de nos clients donc les chiffres vont peut-être augmenter, c’est la première fois qu’on fait des produits sur un thème autre que les fêtes annuelles. »
Une nouvelle clientèle à apprivoiser
Les fans de Taylor Swift étant plutôt des femmes, jeunes et dont un grand nombre viendront des États-Unis, certains commerces du centre-ville y voient une opportunité de se faire mieux connaître ou d’attirer une clientèle différente de celle qu’ils ont l’habitude de servir.
C’est le cas de l’hôtel Germain de la rue Mercer qui a adapté ses espaces pour accueillir les nombreuses admiratrices.
Banquet devenu fan lounge avec des breuvages et collations, photobooth, station à bracelets d’amitié, mur pour écrire des paroles de ses chansons, cadeau de bienvenue, chambres thématiques, service personnalisé avec des clins d’œil à l’univers Taylor Swift : tout est pensé pour cette clientèle aux besoins particuliers.
Jean-Philip Dupré, directeur général de l’établissement, explique que la venue de la chanteuse sera l’occasion de tenter de séduire cette clientèle que l’hôtel, appartenant à une chaîne d’hébergement d’origine québécoise connue pour offrir des prestations haut de gamme, ne rejoint habituellement pas.
« Avec ces concerts, on a l’occasion de présenter notre produit à une clientèle qui ne le connaît pas nécessairement donc c’est évidemment très excitant pour l’avenir », estime le Franco-Torontois.
Un peu plus loin de là, à la boutique Maguire Shoes, de la rue Queen West, on y voit également une occasion de faire mieux connaître la marque dont les Swifties pourraient être une clientèle cible idéale.
« La plupart des gens qui viendront sont soit des Américains ou des Canadiens qui viennent de l’extérieur de Toronto, donc probablement des gens qui ne viennent pas de marchés où on a des boutiques, alors c’est une bonne occasion de nous faire connaître et c’est comme une énorme vitrine publicitaire gratuite », lance Myriam Belzile-Maguire, fondatrice des boutiques de chaussures Maguire.
Au-delà des profits, la visibilité
Néanmoins, si des marges plus importantes de profits semblent réalisables, la Québécoise d’origine juge que le prix des chaussures étant assez élevé, ces nouvelles clientes potentielles n’achèteront pas à leur première visite.
« C’est sûr qu’on va sûrement avoir une augmentation des ventes, mais peut-être pas de manière très inhabituelle, mais si c’est le cas, on va être agréablement surpris. »
Même son de cloche du côté de l’hôtel Germain qui dit prioriser les retombées pour des acteurs locaux qu’une course au profit.
« On a vraiment fait en sorte de maximiser l’implication de partenaires locaux plutôt que de miser sur une augmentation massive de nos tarifs, car ce ne sera ni la première ni la dernière fois qu’une personnalité publique qui arrive en ville influence le prix des hôtels à Toronto », soutient M. Dupré.
« On a l’occasion de collaborer avec d’autres fournisseurs et on souhaite que l’engouement se ressente jusque dans ces personnes-là aussi », conclut-il.
L’organisme à but non lucratif Destination Toronto prévoit des dépenses directes de 152 millions de dollars pendant les 10 jours entre la première et la dernière date de concert. Au total, les profits pour la ville devraient atteindre la somme vertigineuse de 282 millions de dollars.