« Cette désignation mettra la pression pour que d’autres agences soient agréées » – Jacinthe Desaulniers

Jacinthe Desaulniers, présidente-directrice générale du Réseau des services de santé en français de l’est de l’Ontario. Gracieuseté

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Jacinthe Desaulniers est présidente-directrice générale du Réseau des services de santé en français de l’est de l’Ontario.

LE CONTEXTE :

Infirmières de l’Ordre de Victoria du Canada (VON) a obtenu une désignation partielle en vertu de la Loi sur les Services en français (LSF), une première pour un organisme de santé dans la région de Kingston.

L’ENJEU :

Cette désignation doit garantir des services d’aide à la vie autonome pour les aînés, de la livraison de repas, des repas communautaires ou encore des services d’aides aux familles, en français.

« Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les Franco-Ontariens dans le secteur de la santé?

À Kingston, certains services en français existent pour la population francophone, mais dans le domaine de la santé, on a très peu de services et très peu de connaissances sur les services offerts en français. Avoir une nouvelle agence désignée, même partiellement, va permettre d’apporter plus de visibilités sur les besoins en soins de santé en français. Sur le long terme, je souhaite que cette désignation mette de la pression sur le gouvernement pour que les autres agences de santé se fassent aussi désigner.

Au vu de ces difficultés, quel pourrait être l’impact social sur la population francophone?

Vu que le VON opère principalement à domicile, cette désignation leur permettra de répondre aux besoins directs des plus vulnérables. Grâce à elle, les francophones de la région de Kingston auront accès à un service d’aide à la vie autonome. Avec l’arrivée de l’hiver, ce service appuiera le déneigement ou encore les bains à la maison. Le service de livraison quant à lui va aider à créer des contacts humains entre le personnel médical et les patients, mais aussi aider à rapporter d’autres problèmes auxquels sont confrontées les personnes à la maison. La livraison de repas et les repas communautaires d’augmenteront les interactions entre les différents membres de la communauté, tout en assurant des repas de qualité pour tous. Ces quatre nouveaux services vont aider la population à rester en bonne santé à la maison.

Pour répondre aux besoins en soins de santé au sein de la région, pensez-vous qu’il faudrait désigner d’autres agences dans le cadre de la loi sur les services en français?

Nous savons qu’il y a d’autres agences qui ont été identifiées par le gouvernement. Celles-ci doivent déposer un plan pour la livraison de services en français en vue d’obtenir leur désignation. Ces institutions sont par exemple le Centre des sciences de la santé de Kingston, Providence Care (soins de longues durées), trois organismes en santé mentale dont Addiction Mental Kingston et deux autres organismes dans les soins primaires. D’autres agences qui ont déjà été ciblées pour une prochaine désignation et on espère que cela va aboutir.

Est-ce que vous pensez que la pénurie de main-d’œuvre aura un impact sur la livraison de services?

La pénurie de main-d’œuvre est l’enjeu numéro un dans le système de santé et cela devient un double défi lorsque l’on doit recruter du personnel francophone. C’est pour cela que le réseau s’est allié à toutes les agences identifiées en vue de sortir la semaine prochaine, une campagne pour expliquer aux professionnels de la santé les besoins de l’offre de service de santé en français dans la région de Kingston. Nous sommes plusieurs agences qui travaillons à l’attraction et à la rétention de la main-d’œuvre capable de fournir ces services. La désignation ne va pas éliminer par magie la pénurie de main-d’œuvre, mais elle va garantir que les postes désignés soient pourvus par le personnel francophone.

Les attentes envers les organismes désignés étant si grandes, pensez-vous que cette désignation devrait s’accompagner d’un meilleur appui financier?

Pour le moment, une agence qui est désignée ou même identifiée a droit à de la formation linguistique en français pour épauler le personnel. Elle a aussi droit à un service de traduction pour le matériel ou les patients. Ce serait bien de prendre en considération la pénurie de main-d’œuvre dans l’allocation des budgets pour la désignation de la Loi sur les services en français. On sait tout de même que la ministre Mulroney a fait des changements dans la réglementation. Même si nous ne savons pas à quoi ressemblent ces changements, nous espérons avoir de belles surprises une fois dévoilées. »