Les candidats à la direction du Parti libéral du Canada. De gauche à droite: Mark Carney, Chrystia Freeland, Karina Gould et Frank Baylis, posent avant le débat à la direction du Parti libéral en français à Montréal, le lundi 24 février 2025. Crédit image: LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi

Les candidats à la chefferie du Parti libéral du Canada (PLC) ont croisé le fer lundi soir dans le seul débat en français de cette course : un français quelque peu dissonant, notamment pour Mark Carney, qui lui a vite valu les critiques conservatrices et très peu de désaccords entre les candidats, ont, entre autres, marqué la soirée. Retour en trois points sur le débat.

Karina Gould, ex-ministre dans le gouvernement Trudeau, Chrystia Freeland, ancienne ministre des Finances et vice-première ministre, croisaient le fer avec Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et d’Angleterre ainsi que l’ex-député et homme d’affaires Frank Baylis. Le débat était animé par Pierre Jobin, ancien chef d’antenne à TVA. Le gagnant de la chefferie du PLC, qui deviendra aussi automatiquement le premier ministre du Canada, sera connu le 9 mars. 

Français

Les quatre candidats, dont aucun candidat n’a le français comme première langue, ont réussi à débattre dans la langue de Molière durant près de deux heures 

Les regards étaient principalement tournés vers Mark Carney, qui est présentement en tête des sondages et qui n’a pas eu à pratiquer autant son français dans les dernières années comme Chrystia Freeland et Karina Gould à Ottawa. S’il a réussi toute la soirée à débattre en français, il a parfois eu quelques lapsus ou des difficultés à avancer ses idées de manière aussi claire qu’en anglais. 

Il a notamment affirmé « nous sommes d’accord avec Hamas ». Il faisait du pouce à Frank Baylis qui soutenait qu’il faut reconnaître l’État palestinien, mais « absolument pas qu’on travaille avec le Hamas ». Mark Carney a vite rattrapé ses paroles après que Chrystia Freeland lui ait souligné son erreur, ajustant être d’accord « d’être contre le Hamas », mais sa bévue a attiré l’attaque des conservateurs.

« N’est-il pas important qu’un premier ministre puisse communiquer clairement que le Canada n’est PAS d’accord avec le Hamas? Apparemment, Mark Carney n’est pas capable », a écrit sur X le lieutenant politique de Pierre Poilievre au Québec, Pierre Paul-Hus, en mettant une vidéo de la séquence.

Le quatuor a trouvé un point commun sur la fragilité du français au pays, Mark Carney soulignant que la langue française fait face à « de grands défis… il faut la renforcer, la promouvoir », alors que Donald Trump, « menace notre identité bilingue et ça inclut la langue française ». 

Karina Gould, s’est même permis de replacer l’animateur, qui affirmait lors d’une question sur le système de santé, « que parlons seulement du Québec (car) c’est un débat en français », pour « reconnaître qu’il y a des francophones hors du Québec aussi qui ont besoin d’accès à des services de santé dans leur province et territoire », a affirmé la représentante ontarienne.

Très peu de confrontations

« Je suis d’accord » a probablement été l’une des combinaisons les plus utilisées dans cette joute entre les quatre aspirants au poste de Justin Trudeau. Sans être d’accord sur toute la ligne, les candidats ont exprimé plusieurs idées concourantes.

Par exemple, sur le premier thème portant sur les accords commerciaux, les candidats étaient tous en accord avec l’idée de moins dépendre des États-Unis, notamment en augmentant les accords avec les pays hors des États-Unis, notamment en Europe et en Asie.

Les candidats étaient tous sur la même longueur d’onde de ne pas réduire les transferts aux provinces ou encore de couper les services offerts aux Canadiens. L’animateur du débat Pierre Jobin poussait les candidats à expliquer comment ils financeraient certaines de leurs promesses tout en réduisant la dette alors que le gouvernement fédéral se retrouve actuellement avec un déficit budgétaire de 62 milliards.

Mark Carney affirmant qu’il n’allait « pas du tout » couper préférant le « statu quo » dans le cas des transferts en santé et Chrystia Freeland ajoutant que « ce n’est pas le moment » de sabrer les transferts.

Augmenter les dépenses militaires canadiennes, mettre fin aux barrières commerciales entre les provinces était d’autres idées qui ont toutes reçu un appui unanime des différents aspirants.

Des élections dès mars?

« À quel moment vous déclenchez des élections? », a demandé l’animateur aux quatre candidats alors que les partis d’opposition ont tous promis de faire tomber le gouvernement dès le retour des travaux au Parlement le 24 mars.

Les candidats ont tous joué la carte de l’incertitude autour des tarifs douaniers de Donald Trump pour soutenir qu’aucun moment fixe ne pouvait être décidé pour déclencher des élections arguant l’importance d’avoir un gouvernement stable en place.

« Il y a des circonstances qui, d’ici à la mi-mars, peuvent intervenir et on prendra une décision à ce moment-là », a lancé Mark Carney alors que Chrystia Freeland a souligné que cette décision devait être prise en accord avec les premiers ministres provinciaux et gens d’affaires.

Le quatuor libéral croisera le fer à nouveau mardi à Montréal, mais dans un débat en anglais.