Les quatre candidats en lice pour devenir leader du Parti libéral de l'Ontario avec, de gauche à droite : Yasir Naqvi, député fédéral d’Ottawa-Centre, Bonnie Crombie, mairesse de Mississauga, Ted Hsu, député provincial de Kingston et les Iles, et Nate Erskine-Smith, député fédéral de Beaches-East York. Source : montage Canva

TORONTO – Les quatre candidats à la course à la chefferie du Parti libéral de l’Ontario se sont rencontrés hier soir à Toronto pour un troisième débat. S’il existe des nuances de positionnement sous-jacentes, l’heure était au consensus des opinions : rétablissement du contrôle des loyers, expansion des transports en commun, ou encore préservation du système de santé publique. Selon un politologue, c’est la question de l’image publique et de l’aura qui pourrait, elle, peser plus de poids dans le choix des candidats.

À cinq semaines des élections du prochain chef du Parti libéral de l’Ontario, cette troisième rencontre, plutôt consensuelle, a pris des airs de panel entre les candidats Yasir Naqvi, député fédéral d’Ottawa-Centre, ancien député provincial et ministre, Bonnie Crombie, mairesse de Mississauga aux trois mandats, ancienne députée fédérale, Ted Hsu, député provincial Kingston et les Iles et ancien député fédéral, et Nate Erskine-Smith, député fédéral de Beaches-East York.

« Nous devons unir notre parti, c’est le moment », a d’ailleurs déclaré sur un ton fédérateur la candidate Bonnie Crombie en ouverture.

Selon le politologue Peter Graefe, « durant une course à la chefferie au sein d’un même parti, la plupart des candidats cherchent le consensus, le débat permettant plutôt de mettre en lumière la personnalité, l’image publique, dans l’idée de déterminer qui saura séduire l’électorat ».

« Et ce n’est pas tellement surprenant, car le vote se fait sous forme de liste de préférences. Il y a un intérêt à ne pas froisser les sympathisants d’un autre candidat, car on cherche leur appui en cas de repli de second choix », précise-t-il.

Celui-ci note toutefois des nuances positionnelles un peu plus tranchées que d’ordinaire pour les libéraux, « bien que les candidats fassent de leur mieux pour le dissimuler dans ce débat », plaisante-t-il.

« Mme Crombie a été claire sur le fait qu’elle souhaite que le Parti libéral change de positionnement, plus à gauche du PC et en allant moins chercher les votes néo-démocrates, au profit des votes libéraux et progressistes-conservateurs. »

« Un positionnement moins progressiste, tandis que les autres candidats semblent plus intéressés à suivre la continuité idéologique de Mme Wynne (première ministre battue en 2018) et M. Del Duca (candidat battu en 2022). Bien qu’elle fasse de son mieux pour réduire l’écart idéologique gauche-droite. Sur la question de la santé, elle est plus en faveur du système public contre la privatisation, ce qui la rapproche des autres candidats. »

Une affaire d’image

Outre les positionnements, pour le politologue, cette course à la chefferie, c’est l’affaire de mettre en lumière la personnalité et l’image publique de chacun.

« M. Naqvi a une image assez jeune. C’est celui qui répond le plus aux communautés racisées au sein du Parti libéral. Il représente l’idée de garantir l’égalité des chances pour tous les Ontariens et ceux issus de l’immigration aussi », analyse celui-ci.

« Tandis que M. Erkine-Smith, le plus torontois, apporte une vision plus urbaine, celle d’une classe moyenne supérieure, mais qui a du mal à boucler les fins de mois du fait du coût faramineux de la vie. Un argumentaire qui aurait un peu moins de résonance en dehors de la métropole torontoise. »

De poursuivre : « Mme Crombie se vend comme une personnalité « connue ». Elle a su créer autour d’elle cette impression d’aura et de présence forte. C’est la personne qui se positionne dans l’héritage de M. McGuinty (l’ancien premier ministre libéral de 2003 à 2013), d’être le pendant plus progressiste du PC, mais en adoptant un discours plus conservateur au niveau économique. »

« M. Hsu, candidat centriste dans la continuité sur plusieurs enjeux, apparait comme une figure de sobriété, avec une approche plus modérée. Il fait campagne, non pas en essayant de plaire à tous et d’exagérer ses promesses, mais se positionne en penseur sérieux qui pourrait trouver une place ministérielle d’importance si le parti est porté au pouvoir », conclut Peter Graefe.

Des thèmes clés, un terreau commun

La crise du logement, un thème majeur du débat, a mis en avant le sujet du rétablissement du contrôle des loyers, une volonté unanime.

Le député fédéral d’Ottawa-Centre Yasir Naqvi, qui a évoqué la nécessité d’un partenariat entre les trois niveaux de gouvernement, a déclaré : « Nous avons perdu le contrôle des loyers à cause de Doug Ford et nous devons le rétablir ainsi qu’améliorer la commission des propriétaires et des locataires et son arriéré. »

« Nous ne devons pas juste construire à Toronto et à Ottawa, mais aussi dans les petites communautés qui souhaitent se développer. »

« À cause de Doug Ford, les jeunes perdent le rêve de posséder une maison. Nous avons besoin d’une politique du logement avec plus d’options, des logements fortement subventionnés, des coopératives. Nous devons nous protéger contre les renovictions et avoir une stratégie pour vaincre l’itinérance dans toutes les communautés », a lancé la mairesse de Mississauga Bonnie Crombie.

Nate Erskine-Smith, député fédéral de Beaches-East York, s’est positionné en faveur d’un système de transport en commun fort : « Nous n’avons pas de gouvernance sérieuse en matière de transport en commun. L’efficacité est la clé avec des délais de construction respectés et des transports opérationnels à temps. »

« Construire les transports publics de manière plus stratégique et progressive pour être plus rentable. Comme à Kingston, ce sont les municipalités qui devraient devrait être aux commandes des projets et pas plusieurs niveaux de gouvernement qui se disputent. La mise en place d’un bon transport en commun est une question clé de développement économique de toute la région », a défendu le député provincial Ted Hsu.

Autres sujets de consensus durant le débat : la nécessité d’allouer plus de fonds au programme d’aide aux familles d’enfants atteints d’autisme et de soutenir les 60 000 enfants sur liste d’attente, octroyer davantage de ressources aux enseignants et aux travailleurs en santé, négocier la garde d’enfant à 10 dollars par jour avec le gouvernement fédéral et plus de fonds pour lutter contre les addictions.

Le dépouillement des bulletins de vote et l’annonce des résultats tour par tour et l’annonce du nouveau chef de l’OLP auront lieu le 2 décembre prochain au Palais des congrès du Toronto métropolitain.