Choisir le bon conseil scolaire pour son enfant
Chaque samedi, ONFR+ propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, le récit d’immigrante de Rym Ben Berrah, francophone engagée.
[CHRONIQUE]
Définir une famille est une nomenclature complexe ces derniers temps. Lorsqu’on choisit notre partenaire, notre cocon familial, nous ne pouvons plus prendre en compte seulement leur apport romantique à notre vie ou notre désir de les retrouver le soir après une dure journée de labeur dans cette nouvelle économie.
Lorsqu’on fait le choix d’un partenaire, on pense à la langue de communication, aux sphères dans lesquelles on évolue au sein de nos cercles sociaux, aux différentes économies qu’on va encourager grâce à nos activités ou aux causes qu’on va défendre. Le challenge est souvent de se définir sans s’oublier, de s’unir pour mieux avancer.
Le langage de l’amour n’est plus du tout romantique. À notre ère, le langage de l’amour est politique. Lorsque nous faisons le choix de notre partenaire, une cellule familiale se crée. Souvent d’emblée, et surtout en ces temps de COVID-19, un enfant vient s’installer dans l’union. De là fusent de nouvelles questions et nous expérimentons des dilemmes auxquels on n’a pas déjà été confronté.
Si on est en bonne santé, jamais on ne remet en cause les périls du système de santé. Si on n’appartient pas à une minorité visible, on ne se rend pas compte de ceux marginalisés. Quand on n’a pas d’enfant, on ne voit pas les failles des systèmes scolaires – selon nos attentes – si on ne choisit pas le bon.
Après la rentrée j’ai vu défiler, sur mes réseaux sociaux, certains parents s’indigner du recul du français dans les établissements élémentaires de leurs enfants. Certains disent que des classes ont été bannies, d’autres que les ressources culturelles sont réduites, que les activités parascolaires francophones dans un système anglophone sont quasi inexistantes et qu’il est difficile de solidifier sa culture francophone en Ontario français.
Il est dur déjà de choisir sa ville, ensuite ses établissements scolaires, son milieu de vie, son milieu de travail, s’efforcer pour sa cellule familiale pour ensuite arriver à un système qui ne donne pas à ton enfant ce que tu avais espéré.
« Mère pour la première fois depuis peu, je me soucie encore davantage de l’avenir de la francophonie en Ontario »
En tant que citoyen, il est en notre pouvoir de nous mobiliser afin de créer ces espaces de vie, cruciaux pour le développement et l’épanouissement de nos familles respectives. Je me souviendrais toujours que sans l’acharnement de mes profs au secondaire dans mon école francophone à Ottawa, jamais je n’aurais pu conserver mon amour des mots, jamais mon identité d’immigrante n’aurait eu le temps de prospérer et de s’intégrer à mon milieu de vie.
Aujourd’hui, moi-même étant mère pour la première fois depuis peu, je peux vous dire que je me soucie encore davantage de l’avenir de la francophonie en Ontario. Certes, j’adore Ottawa, certes j’aime les gens qui font de leur quotidien un combat continu pour la cause francophone, certes rien n’est gagné d’avance, mais jamais je ne céderai à l’oppression de la conformité.
Mon enfant a un papa camerounais-gabonais-français, une maman algérienne-tunisienne-ottavienne et une cellule familiale canadienne-maghrébine-européenne. Cet enfant doit grandir dans des sphères qui le saisissent dans ses merveilleuses complexités et non qui ternissent son identité et sa lumière.
Je pense à tous les jeunes parents post-pandémie tels que moi. Je relis les commentaires de mes proches et connaissances indignés sur Facebook par le système d’éducation. Je me dis qu’au final, pour voir du changement, il faut être acteur de ce changement.
Il faudrait peut-être bien que moi-même je devienne institutrice, histoire de moduler les normes à ma sauce, selon ce qu’on m’a enseigné et qu’on s’est forcé à m’inculquer. Créer des espaces sécuritaires pour la conscience sociale et l’histoire de l’identité franco-canadienne dans toute sa mosaïque. Quoique… Pourquoi pas?
Et vous, quelle vie choisiriez-vous pour être le super héros de votre enfant? Moi, j’ai choisi mon superpouvoir : je suis enseignante. La lutte, c’est l’engagement d’une vie. Je souhaite faire perdurer un système scolaire francophone en Ontario pour mes enfants, de la maternelle au postsecondaire.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR+ et du Groupe Média TFO.