Cinq enjeux pour la francophonie à Hawkesbury
HAWKESBURY – Située entre Ottawa et Montréal à l’extrémité de l’Est ontarien, la ville de Hawkesbury conserve une forte identité francophone. Sa position géographique la place pourtant au cœur d’enjeux linguistiques. Éclairage avec l’universitaire et ancien résident de la ville, Martin Normand.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Démographie. La proportion de francophones à Hawkesbury reste l’une des plus élevées pour une ville ontarienne. Lors du dernier recensement en 2011, 79,8% des plus de 10 000 résidents de la ville ont affirmé avoir le français comme langue maternelle. Un portrait idyllique que nuance M. Normand. « Hawkesbury est une ville francophone qui ne s’assume pas, et qui ne se voit pas comme une leader de la francophonie ». La ville n’échappe pas au grignotage progressif de sa base francophone. En 2006, ce sont près de 85 % de francophones qui y vivaient. Principale raison? Le faible attrait de l’endroit, coincé entre deux villes majeures. Plus globalement, le rapport Bisson avait tiré la sonnette d’alarme en 2011 sur la très faible immigration francophone dans l’Est ontarien, sans qu’aucune mesure coercitive ne soit prise.
Affichage commercial bilingue. À la différence de plusieurs de ses voisines (Rockland, La Nation, Casselman et Russell), la municipalité de Hawkesbury ne possède pas de règlement sur l’affichage bilingue. Les commerces sont donc libres d’afficher dans la langue de leur choix… le plus souvent en anglais estime M. Normand. « Les nouveaux développements commerciaux ne sont pas en français. C’est un peu ignorer la forte présence d’immatriculations québécoises dans notre ville. Le supermarché Walmart à Hawkesbury a été à plusieurs reprises la cible des critiques sur les médias sociaux, pour son manque apparent de services en français. »
@M_Normand @pierreyallard @denis_babin obtenir du service en français au @Walmart de #hawkesbury relève de l'exploit!
— Mathieu V. O. 💉💉💉💉💉 (@mathieuvo) April 2, 2015
Vie culturelle. L’un des symboles culturels de Hawkesbury, le Centre culturel Le Chenail, reste au cœur d’une polémique. La décision de la municipalité d’installer son bureau d’information touristique dans les locaux du centre se règle présentement devant les tribunaux. Une note négative de plus aux yeux de M. Normand. « La vie culturelle à Hawkesbury n’est pas très foisonnante. Il n’y a pas de grands spectacles, sans doute du fait de la proximité de grands centres comme Ottawa et Montréal. Au final, cela ne donne pas la perception que nous sommes une ville francophone. » Il y a 15 jours, la ville a tout de même accueilli le Salon du livre de l’Est ontarien. Fait intéressant : c’est à Hawkesbury qu’a été érigé, en décembre 2014, le dernier monument de la francophonie en Ontario.
Problèmes sociaux. Faible attractivité, population vieillissante, revenu médian faible : la ville reste sujette à plus de problèmes sociaux. « Il n’y a pas de lentille linguistique pour comprendre ce genre de défis. On peut s’interroger si le fait que la ville soit à majorité francophone puisse expliquer certains problèmes sociaux. » Le taux de chômage à Hawkesbury serait de 8,6 % d’après les chiffres rapportés sur le site de la municipalité, datant de 2011. En janvier dernier, le Groupe Jean Coutu a effectué une mise à pied de 100 personnes.
Dynamisme de l’ACFO. Jointe par #ONfr pour commenter les enjeux de Hawkesbury, l’Association canadienne-française de Prescott et Russell (ACFO de Prescott et Russell), n’a pas souhaité réagir sur ce sujet précisément. Son président, Jacques Héroux, s’est déclaré méconnaissant des défis de la ville. L’ACFO est-elle encore dynamique? Depuis plusieurs années, l’organisme porte-parole pour les francophones des huit municipalités de Glengarry-Prescott-Russell fait face à de nombreux changements dans sa direction et son personnel. Pour ne rien arranger, l’ACFO se trouve dans la situation de la plupart des organisations francophones de l’extérieur du Québec : un manque de ressources dû, entre autres, au gel de l’enveloppe de la Feuille de route pour les langues officielles depuis plus de dix ans.
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